Après la phase de groupe du WGC-Match Play à Austin, le contingent des meilleurs joueurs européens, déjà faible sur la ligne de départ, était décimé. Seul Rory McIlroy était parvenu à s’extraire des poules avant de s’incliner en demi-finale. Pas de très bon augure à six mois de la Ryder Cup 2023…
Jon Rahm, Matthew Fitzpatrick, Tyrrell Hatton, Tommy Fleetwood, Alex Noren, Viktor Hovland, Shane Lowry, Victor Perez, Sepp Straka, Adrian Meronk, Seamus Power : ces onze Européens ont tous été éliminés en phase de groupes dans un tournoi forcément scruté de près dans la perspective de la Ryder Cup, compte tenu de son format match-play.
Souillé l’honneur européen a simplement été sauvé par Rory McIlroy, demi-finaliste, mais le bilan d’ensemble est inquiétant, très inquiétant. Pas certain que cela suffise à rassurer Luke Donald.
La principale déception est venue de Jon Rahm. Mais pas que.
Rahm fantomatique, Fitzpatrick transparent
En position de se qualifier malgré une défaite contre Rickie Fowler le premier jour, le n°2 mondial a été l’ombre de lui-même face à Billy Horschel dans le match décisif de la poule 2. Avec deux double bogeys, un bogey et pas le moindre birdie dans ce 3e match décisif, « Rahmbo » a littéralement offert la victoire sur un plateau à l’Américain.
Doit-on mettre ça sur le compte du virus intestinal qui a provoqué son abandon au Players il y a deux semaines ? Réponse dans dix jours au Masters.
Il est encore bien sûr beaucoup trop tôt pour s’inquiéter pour l’Espagnol, mais à l’exception d’une association prolifique à Whistling Straits avec Sergio Garcia (3 doubles, 3 victoires), il n’a pas encore montré l’étendue de son talent en match play. Au Golf National en 2018, il avait perdu ses deux doubles avant de battre Tiger Woods dans les simples.
Son cas n’est toutefois pas le plus préoccupant.
Un autre membre de la dernière équipe de Ryder Cup qui pouvait espérer une « qualif « sur le fil lors du 3e jour, Matthew Fitzpatrick, a été dominé par Sahith Theegala. Le vainqueur de l’US Open est lui aussi un peu diminué par des douleurs au cou qu’il traine depuis plusieurs semaines, mais cela ne suffit pas à expliquer son début d’année mitigé. En 2023, il a déjà manqué quatre cuts en sept tournois !
Occasions manquées et vraies sources d’inquiétude
Tyrrell Hatton, diminué par des douleurs au poignet droit, a, lui, encaissé trois défaites en trois matches, alors qu’il semble acquis que l’Anglais fera partie du “team Europe” à Rome, tant son pedigree le rend presque incontournable.
Tommy Fleetwood, Viktor Hovland et Shane Lowry, eux aussi censés être des valeurs sûres sur lesquelles Donald devrait s’appuyer, ont déçu, dans leur jeu mais aussi, un peu, dans leur attitude, peu conquérante.
Aucun d’entre eux n’a donné des gages rassurants en 2023, même si Hatton et Hovland ont terminé sur le podium du Players Championship. Lowry, lui, est franchement dans le dur. Sa saison patine au point que le caddie avec lequel il remporté The Open en 2019 à Portrush a fait office de fusible il y a quelques semaines.
Et puis les outsiders Victor Perez bien sûr, Alex Noren, Adrian Meronk, Sepp Straka ou encore Seamus Power n’ont pas su saisir l’occasion de marquer de gros points au classement de la Ryder Cup, mais aussi de frapper l’esprit du capitaine Luke Donald.
A l’exception peut-être de Meronk, éliminé par un birdie de Kurt Katayma en play-off, aucun d’entre eux n’a réellement entrevu les huitièmes de finale. Le bon comportement des continentaux à la Hero Cup semble loin.
Où sont les jeunes ?
Ces cinq-là sont bien sûr des joueurs que Luke Donald surveillent de près, mais le skipper des Bleus n’a de toute façon pas le choix. La jeune garde européenne tarde à s’illustrer. Ni les frères Rasmus et Nicolai Højgaard, ni l’Ecossais Robert MacIntyre n’étaient qualifiés à Austin et ils figurent assez loin dans les classements. Dans les grands tournois, Luke Donald ne voit pas grand-chose de nouveau venir…
Le tableau d’ensemble est d’autant plus alarmiste pour l’Europe qu’au stade des quarts de finale, il y avait six Américains en lice.
La domination des joueurs “US” était prévue, comme elle l’est dans tous les grands tournois. Mais outre la robustesse de ses stars (Scottie Scheffler, Xander Schauffele, Max Homa), le capitaine américain Zach Johnson a pu apprécier les performances des jeunes loups, les deux finalistes Sam Burns et Cameron Young. Avec en bonus le nouveau venu Kurt Katayama vainqueur du Arnold Palmer Invitational et quart de finaliste à Austin.
Tous les voyants sont donc au vert pour les USA.
Rory sauve à peine le tableau
Alors bien sûr, Rory McIlroy a quand même signé un résultat positif (demi-finaliste) avec notamment une journée de samedi flamboyante. En quarts de finale, il est venu à bout de Xander Schauffele, un Américain du top 10 mondial, d’un putt décidé pour birdie au trou n°18. Mais il a laissé échapper une victoire qui lui tendait les bras face à Cameron Young (2 up avec trois trous à jouer). Et un homme seul ne peut sauver un si triste bilan.
Le Belge Nicolas Colsaerts, que nous avons interrogé sur ce sujet, déclare ne pas être préoccupé par ce maigre résultat d’ensemble estimant qu’il reste encore beaucoup de temps avant l’annonce des sélections. Le vice-capitaine européen est aussi dans son rôle. Pas question de verser dans la sinistrose. Mais l’Europe va avoir besoin de bonnes nouvelles dans les mois à venir. Dès le Masters ? Espérons-le.
Photo © Luke Walker/Getty Images