Les invitations délivrées à de nombreux joueurs du LIV Golf pour le PGA Championship ont évidemment déplu à beaucoup, et notamment à des joueurs réguliers du PGA Tour qui ne pourront pas jouer à Valhalla. Cette polémique va un peu dans le même sens que celle qui concerne les « sponsors exemptions » données sur les Signature Events du circuit américain, qui reviennent régulièrement aux mêmes joueurs, Webb Simpson et Adam Scott en tête.
Le PGA Championship n’y est pas allé par quatre chemins pour présenter le champ de joueurs du deuxième Majeur de la saison. « Le meilleur champ de joueurs du golf sera à Valhalla ! »
The best field in golf is coming to Valhalla! 👀#PGAChamp pic.twitter.com/rrdDO2l8Ma
— PGA Championship (@PGAChampionship) May 1, 2024
L’affirmation a de quoi en faire tousser certains, quand on sait que le tournoi, c’est une tradition, comptera sur la ligne de départ 20 enseignants des États-Unis, dont l’un d’entre eux âgé de 61 ans disputera son tout premier tournoi du Grand Chelem de sa vie. Et puis bien sûr il y a les invitations décernés aux joueurs du LIV Golf, qui seront seize à Valhalla du 16 au 19 mai. Certains semblent avoir été distribuées de façon très généreuse.
Il y a sûrement de bonnes raisons pour que la PGA of America ait choisi d’inviter certains « LIVers » qui ne remplissaient par les critères de qualification, mais pour la plupart, ce n’est certainement pas leur classement mondial qui justifie ces choix : Talor Gooch (644e mondial) et Dean Burmester (130e), notamment, sont loin des clous. Adrian Meronk (63e), Lucas Herbert (89e), Joaquin Niemann (91e) ou encore Patrick Reed (92e) ne remplissaient les critères nécessaires pour entrer directement dans le champ mais ils sont au moins encore présents dans le « top 100 ».
Luke Donald invité, les Kim délaissés
Alors ces invitations font jaser. Surtout qu’elles n’ont pas officiellement été justifiées. Le,joueur du PGA Tour Dylan Wu s’est fendu d’un tweet interrogatif et presque accusateur. « Pourquoi le PGA Championship n’organise jamais d’épreuves qualificatives ? Il y a des exemptions via un classement par points et un classement mondial. Généralement, quand vous êtes juste en dehors du top 100, vous recevez une invitation. Chan Kim est 104e à l’OWGR, SH Kim 107e. Et ils n’en ont pas eue. »
Why is there never “real” qualifications for the PGA Championship? You have a points list and World ranking invite. Usually just outside top 100 in OWGR gets in. Chan Kim ranked 104th in OWGR doesn’t get in. SH Kim at 107th isn’t in. @NUCLRGOLF @Daniel_Rapaport @PGA https://t.co/8Snkq0l2Vg
— Dylan Wu (@dylan_wu59) May 7, 2024
Dans un autre tweet, Dylan Wu fait remarquer que Jesper Svensson est 108e mondial et qu’il est aussi resté sur le carreau, alors que Luke Donald, en sa qualité de capitaine de l’équipe de Ryder Cup européenne, jouera à Valhalla. « On dirait qu’ils invitent qui ils veulent », écrit le joueur classé 154e mondial à l’OWGR cette semaine.
C’est un peu le sentiment que peuvent aussi avoir des joueurs du PGA Tour qui sont tout près de pouvoir intégrer le champ des Signature Events, les tournois les plus lucratifs du circuit américain, qui, au moment où sont décernés les quelques invitations sur ces épreuves, se voient préférés à d’autres joueurs beaucoup plus loin dans les classements. Ce fut le cas pour Victor Perez, privé du RBC Heritage après un imbroglio dans un classement parallèle. Le Tarbais n’avait pas été invité alors qu’il avait d’abord été annoncé par erreur dans le champ. Les « sponsors exemptions » étaient revenus à Kevin Kisner, Shane Lowry, Webb Simpson et Gary Woodland.
Simpson et Scott, au bon conseil des joueurs
Le nom Webb Simpson est sans doute celui qui irrite le plus les autres joueurs du PGA Tour qui passent à côté de ces Signature Events. L’ancien vainqueur de l’US Open a déjà été invité sur l’AT&T Pebble Beach Pro-Am, l’Arnold Palmer Invitational, le RBC Heritage et le Wells Fargo Championship qui se joue cette semaine. Adam Scott, lui, a été convié à jouer par ce système à Pebble Beach, au Genesis Invitational, le RBC Heritage et désormais le Wells Fargo Championship. Ces deux joueurs ont la particularité d’avoir, certes, gagné un tournoi Majeur par le passé, mais aussi de figurer au Policy Board des joueurs du PGA Tour, le Conseil des joueurs…
Le meilleur résultat de Webb Simpson dans ces épreuves ? Une 30e place à Bay Hill. C’est peu dire que sa présence n’est pas due à des critères sportifs.
Interrogé sur ce sujet polémique qui agace beaucoup les autres joueurs (le système de qualification sur les Signature events a aussi conduit à d’autres aberrations, comme un joueur devant jouer seul puisqu’il y avait un nombre impair de participants sur certains tournois et que les quatre tours se jouent en deux balles), le consultant de Golf Channel et triple vainqueur sur le PGA Tour, Johnson Wagner, a justifié les invitations de Simpson et Wagner à Quail Hollow par le fait « qu’il faisait beaucoup pour le circuit, notamment lors des Pro-Am et qu’ils donnent beaucoup de leur temps au « policy board » (Sic). Et ces « sponsors exemptions » portent bien leur nom, elles sont faites pour que le sponsor du tournoi puisse choisir qui il veut voir dans son tournoi. »
Webb Simpson and Adam Scott are playing in the Wells Fargo Championship on sponsor exemptions.
Our panel debates how sponsor exemptions are awarded in signature events. @damonhackGC @eamonlynch @johnson_wagner @RexHoggardGC pic.twitter.com/8jZi0ydn8t
— Golf Today (@GCGolfToday) May 7, 2024
L’argument se tient mais il n’empêche, on peut comprendre la grogne des sans-grade ou des joueurs qui performent davantage que ces champions de renom à la forme sportive douteuse qui leur sont préférés.
Webb Simpson, lui, a carrément botté en touche. « Je sais que j’ai reçu quatre sponsor exemptions et qu’Adam Scott a reçu lui aussi sa part. Je sais qu’elles sont très convoitées et que certains joueurs pensent que ça à un rapport avec notre présence au ‘Board’, mais je peux vous assurer que non. Ce sont les sponsors qui décident. »
Le tennis a lui aussi son système de wild-cards qui crée ça et là des polémiques, à Roland-Garros ou ailleurs. Car les enjeux d’une invitation sont parfois énormes pour certains joueurs en mal de « prize money ». Tous les golfeurs du monde n’ont pas le portefeuille des LIVers…
©SAM GREENWOOD / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP