Disputé en même temps que le AT&T Pro-Am à Pebble Beach, le One Green Way Invitational démarre demain à Quinta do Lago (Portugal). Nombre de talents d’hier et d’aujourd’hui sont au départ dont Lorena Ochoa qui se fait plutôt rare en Europe.
Par Philippe Hermann
Lorena Ochoa a surpris en arrivant plus tôt que prévu en Algarve. « Participant au tournoi 2022, je me suis rendue compte qu’il ne doit pas être pris à la légère comme une quelconque exhibition. A la lecture des pros inscrits cette année, il vaut mieux être affutée. Chez moi, j’ai tapé des balles depuis deux semaines pour bien ressentir mon swing », nous dit-elle au practice proche du North Course Quinta do Lago, un par 72 de 6 140 mètres où une faiblesse est vite chère payée.
« A un degré moindre, j’en fais autant pour un clinic ou une démo. Pro un jour, pro toujours ! Je me réjouis déjà à l’idée de revoir ces jours-ci mes ex-adversaires et amies, Laura Davies, Annika Sörenstam, Helen Alfredsson. Cette compétition nous remet dans l’ambiance, en plus du plaisir de rencontrer les amateurs de cette alliance destinée à un bel avenir. » A noter que Lorena est dotée d’une incroyable mémoire lui permettant de saluer par leur nom des personnes à peine côtoyées des mois plus tôt.
Famille d’abord
La championne mexicaine, passée pro en 2002, a dominé le golf féminin pendant dix ans, 158 semaines comme n°1, 27 titres LPGA Tour, deux Majeurs (Kraft Nabisco, British), World Golf Hall of Fame, le panthéon du golf. Puis, à la surprise générale en avril 2010, elle annonce son proche retrait, désirant donner la priorité à la création d’une famille (aujourd’hui maman de trois garçons) et s’occuper de sa fondation dédiée à l’écolage d’enfants défavorisés.
Deux ans plus tard, son départ laisse un goût amer chez les aficionados qui auraient souhaité vivre tous les exploits que promettait son talent. Comme il fallait un coupable, Andres, son mari, est accusé de tous les maux, mettant hors d’elle Lorena. « Je n’ai jamais aussi bien joué et surtout vécu mes deux dernières années sur le LPGA Tour. Il m’a poussé et encouragé, calmant mon impatience de quitter toutes les obligations liées à mon statut, sponsors ou autres. J’ai été d’accord à 1 000 % avec ma décision et ne regrette rien dix ans plus tard. »
Compétitivité
Mais vous êtes bien en Algarve sur l’invitation lancée par Jean-Noël Bioul ? « Ce n’est pas une obligation, mais un gros plaisir laissé à mon libre choix. Ce coin du Portugal est superbe. Golf à gogo. Superbes habitations. Bonnes tables… Une fois par an, où est la contrainte ? Ce n’est pas un passage obligé, mais juste l’un des quelques tournois à mon programme cette année. »
« J’aime bien alors retrouver un bout de ma compétitivité et jouer avec les talentueuses Mexicaines Maria Fassi et Gaby López qui ont pris ma suite, parfaits exemples de l’incroyable progrès du golf féminin d’aujourd’hui si bien démontré par une super Nelly Korda ou Céline Boutier. Ca ébouriffe et j’ai encore un petit noeud à l’estomac quand j’entends le «This is the 12.40 starting time. On the tee, Lorena Ochoa from Mexico» ici ou ailleurs. »
Neutralité
Toujours souriante et détendue entre deux drives, Lorena Ochoa refuse de choisir son camp pour la prochaine Solheim Cup. « Pas de fâcherie. Je soutiendrai les deux teams dont les capitaines sont des amies. Je me réjouis de retrouver Suzann Pettersen (Europe) en route pour Quinta do Lago. Je crois que cette Solheim sera un grand match avec des rookies qui seront une découverte pour nombre de fans et la clé du résultat. »
Simple comme une star
Retraitée volontaire, Lorena Ochoa suscite une question liée à une autre figure de proue en pré-retraite. « Des journalistes font ce rapprochement. Si j’ai voulu arrêter, Tiger Woods, lui, n’en aurait jamais eu le désir sans sa longue tranche de vie médico-chirurgicale. Il veut toujours et encore jouer pour la gagne. Reviendra-t-il à un niveau le lui permettant? Je suis bien moins informée que vous, mais il a un tel sourire quand il joue avec son fils, donnant des signes positifs, qu’on pourrait y croire bien qu’il endure, loin des regards, un trop-plein de souffrances pour redevenir un grand golfeur étoilé. Je l’admire et lui souhaite le meilleur. »
« Chez moi, j’ai une photo de Tiger à mes côtés. J’avais onze ans, lui 17 ou 18, tous deux les cheveux frisés. Plus tard, lors d’un Masters, il avait pris le temps de la dédicacer, un trésor pour moi. »
Une star aimable et, de plus, fleur bleue… On en redemande.
Photo : ANWA