Dans une chronique histoire, Philippe Palli nous avait éclairé sur l’histoire du pro Louis Tellier, le premier français à avoir remporté au début du siècle dernier un tournoi de la PGA of America. Son aventure américaine commença un an plus tôt lorsqu’il fut invité à disputer l’US Open sur le parcours de Brookline qui reçoit cette année la 122e édition du tournoi.
En 1913, sont annoncées les venues d’Arnaud Massy et de Louis Tellier au championnat américain. Présentés comme vainqueurs potentiels, la présence des Français ravit les organisateurs de l’Open.
Avec la participation d’Harry Vardon, Ted Ray et Wilfred Reid mais aussi la présence des meilleurs pros et amateurs américains, le championnat s’annonce très disputé.
Finalement, Arnaud Massy sous contrat pour la saison d’été avec le golf de Deauville, décline l’invitation et seul Tellier se rend aux Etats-Unis avec son épouse Ella, sœur du pro anglais Wilfrid Reid.
Un an après le naufrage du Titanic
Certains membres du golf de Paris, regrettant l’absence de Massy à l’épreuve américaine, murmurent qu’il était «inutile d’envoyer ainsi nos couleurs à une défaite certaine ».
Certes, Tellier n’a pas le palmarès ni la notoriété du Maître. Cependant, il a obtenu de bons résultats et il fera de son mieux.
Parti de Southampton le 20 août, le paquebot Majestic fait escale à Cherbourg où le couple embarque. Après le naufrage du Titanic, un an plus tôt, la Compagnie White Star Line a remis au travail le Majestic, qui fête ses vingt trois ans de bons et loyaux services.
Premiere partie à New Rochelle
Arrivés à New York le 28 août, Louis et Ella débarquent à Ellis Island, la petite île au sud de Manhattan. Ils passent les classiques contrôles administratifs et médicaux.
A peine arrivé, Louis Tellier retrouve Alex Smith à New Rochelle, dans l’état de New York. Une rencontre amicale de 18 trous est prévue le 30 août, sur le parcours du Wykagyl Country Club.
Smith, grâce à un beau 70, prend une petite revanche sur le frenchy qui, avec 74, signe un premier score plutôt encourageant sur le sol américain.
Qualifications requises
Louis Tellier, Alex Smith et son frère Mac Donald Smith se rendent ensemble à Brookline, près de Boston. L’Open des Etats-Unis se déroule sur le parcours du Golf « The Country Club ». Ils y retrouvent Wilfrid Reid, Harry Vardon, Ted Ray et le pro de Mandelieu, Chris Calloway pour une série de rencontres organisée quelques jours avant l’Open.
Vu le nombre d’inscrits, des pré-qualifications sont prévues. Tellier, tiré à quatre épingles, termine huitième de sa série et se qualifie pour le championnat.
Parmi les 75 autres concurrents qui se présentent le lendemain, Ted Ray, Mac Dermott, Brady, Mac Namara, Alex Smith mais aussi Walter Hagen, jeune pro de Rochester, ou John M Shippen, le premier professionnel noir américain.
Cette série est remportée par Ted Ray. Au total, 69 joueurs se qualifient pour les 72 trous du championnat.
4 tours en 2 jours
A la fin de la première journée consacrée aux deux premiers tours de l’US Open, Louis Tellier avec ses deux 76 soit 152, occupe la 11ème place.
Le 9 septembre, les deux derniers tours se jouent sous une pluie battante. Wilfred Reid, en tête, fait un catastrophique 85 le matin et ne fait pas beaucoup mieux l’après midi.
Après 54 trous, Tellier, avec son 79 du matin, est à 5 points des leaders qui sont, Ouimet, Vardon et Ray.
A égalité en tête
Le dernier parcours commence très mal pour les leaders et, pendant ce temps, Louis Tellier joue bien. Il fait des merveilles et il rejoint les leaders. Mais au n°12, c’est la cata !
Avec un score de 307, il termine tout de même le championnat à la 4ème place ex-aequo en compagnie de Walter Hagen, Jim Barnes et Mac Donald Smith.
Ouimet surclasse Vardon
À égalité après 72 trous, Harry Vardon, Ted Ray et le jeune amateur de 20 ans, Francis Ouimet, se retrouvent le lendemain matin à 10h00 pour les 18 trous de barrage.
Ted Ray chute le premier, malgré un magnifique birdie au dernier trou, il réalise un score de 78. Harry Vardon s’accroche mais en vain. Bogey au 17 et double au 18, il signe un 77.
Birdie / Par pour terminer, Francis Ouimet, 20 ans, remporte le play-off et l’Open américain avec un score de 72.
Après le match, Ted Ray, dit : « Ce jeune homme sera un des plus grands golfeurs ».
Le golf américain considère ce play-off comme « The Greatest Game Ever Played* ». Un superbe livre que l’on vous recommande et un film, certes un peu arrangé, retrace cette épopée.
L’année suivante, Francis Ouimet vient en Europe participer à une série de championnats dont l’International de France Amateur qu’il gagne brillamment face au britannique H.J. Topping par 4&3 sur le parcours de La Boulie.
*La plus grande partie de tous les temps