
Avec deux cartes de 78 (+6) et 76 (+4), Matthieu Pavon finit très loin d’un cut qui était fixé à +2 en début d’après-midi à Augusta. En pleine refonte de son swing, le Français fait le point sur sa semaine et admet que ses « problèmes » actuels sont plus une approche mentale du jeu que proprement technique.
Propos recueillis par Lionel VELLA, à Augusta
GOLF PLANETE : Quel bilan faites-vous de ce Masters 2025 ?
Matthieu PAVON : Je suis évidemment frustré car il n’y a pas de week-end, et c’est toujours génial de jouer le samedi et le dimanche ici. C’est toujours particulier. Après, ça n’a pas été très bon dans l’ensemble. J’ai pas mal travaillé le chipping la semaine dernière parce que je n’étais pas très bien en début d’année. Là, je trouve que j’ai réalisé plusieurs très bons chips. Voilà, on garde le positif, on continue de bosser et on avance.
G.P. : Où en êtes-vous justement dans ce processus, dans cette refonte de swing ?
M.P. : Comme je le disais, je ne me sens pas si mal. Bon, aujourd’hui, c’est une journée un peu sans, je n’ai pas très bien joué. Cela arrive. Mais de façon générale, je me sens plutôt bien. Cela fait maintenant plus de six semaines que l’on bosse sur les mêmes points. On ne cherche plus vraiment à améliorer la chose. Donc, voilà, je pense que c’est plus une approche mentale du jeu qui me manque un peu dernièrement que le swing en lui-même.
Il y a des changements qui ont été effectués, on sent que c’est de mieux en mieux. On attend donc à bien jouer. Du coup, on se met peut-être un peu plus de pression.
Matthieu Pavon
G.P. : Il faut du temps pour digérer tout ça, d’un point de vue psychologique ?
M.P. : Oui, c’est juste l’envie de bien faire. Il y a des changements qui ont été effectués, on sent que c’est de mieux en mieux. On attend donc à bien jouer, on veut bien jouer (il insiste). Du coup, on se met peut-être un peu plus de pression ou que l’on force un peu plus les choses.
G.P. : Hier, dans cette même zone mixte, vous avez évoqué des critiques à votre encontre. De quoi s’agit-il au juste ? Faites-vous allusion à ce changement de coach intervenu en décembre dernier ?
M.P. : Oui… J’ai changé de coach (Ndlr, l’Anglais Mark Blackburn en remplacement du Sud-Africain Jamie Gough), du coup on m’a beaucoup critiqué. C’est sûr que c’est critiquable car je fais la meilleure saison de ma carrière et je décide de changer de coach. Encore une fois, je pense avoir été objectif sur mon niveau de jeu. Quand j’ai senti l’année dernière que je ne pouvais pas devenir meilleur en faisant ce que je produisais, même en ayant bien joué à l’US Open, pour ainsi gagner un Majeur, c’est là que j’ai décidé de changer afin de me donner une chance, justement, d’en gagner un.
G.P. : En 2024, cela s’était bien passé ici. Cette année, moins bien. Avez-vous mesuré la difficulté de ce parcours ?
M.P. : Déjà l’année dernière, on mesurait très bien cette difficulté (rires). C’est un parcours où il faut être très intelligent dès la mise en jeu, savoir où placer la balle, se laisser toujours un putt en montée parce que les greens sont très rapides et pentus. C’est un parcours complexe. Mais encore une fois, c’est un parcours où si l’on joue très bien, on est capable de faire de très bons scores. Aujourd’hui, les greens étaient un peu plus souples mais ce qui est compliqué, c’est de jouer des greens souples avec des drapeaux au fond. Dans ce 2e tour, dans l’Amen Corner notamment, on a des drapeaux qui sont plus courts. Donc, les greens humides s’y prêtent bien.
Je suis en attente de résultat. Rory McIlroy, lui, est en attente de ce Masters.
Matthieu Pavon
G.P. : On a parlé de Bubba Watson hier à l’issue de ce premier tour. Peut-on revenir cette fois sur Evan Beck, cet analyste financier de 34 ans, vainqueur de l’US Open Mid-Amateur 2024 qui partageait aussi ces deux tours avec vous ?
M.P. : C’est un bon joueur. S’il est là, ce n’est pas par hasard. Il possède un très bon petit jeu, c’est remarquable. Ici, aux Etats-Unis, que l’on soit pro ou amateur, on touche très bien la balle autour des greens. C’est hyper plaisant à voir.
G.P. : Comment regardez-vous Rory McIlroy, qui est toujours à la recherche de cette veste verte qui lui permettrait de réaliser le Grand Chelem en carrière ?
M.P. : Je suis en attente de résultat. Rory McIlroy, lui, est en attente de ce Masters. Il ne lui manque que celui-là. C’est celui qu’il attend le plus. La pression est tellement grande sur lui. Plus il échoue, plus elle grandit. Mais c’est tellement un monstre. Il joue tellement bien. J’ai envie de dire que le jour où il lâchera un peu prise, peut-être que c’est ce jour-là, quand il l’attendra le moins, que ça viendra pour lui ici. Et puis attendez, la semaine n’est pas finie. Il est capable d’y arriver.
G.P. : En tant que fan de golf, vous l’espérez ?
M.P. : Bien sûr ! C’est un des meilleurs joueurs de tous les temps. Le voir performer et gagner des Majeurs, c’est hyper plaisant. Je lui souhaite que du bonheur.
G.P. : Quelle va être la suite pour vous maintenant ?
M.P. : Je reste ici pour m’entraîner, ce n’est pas trop mal en termes d’infrastructures (rires). Je vais faire mes séances de sports, tranquillement, et dimanche, on prendra la route pour rejoindre le RBC Heritage (Ndlr, 5e Signature Event de la saison sur le PGA Tour). Ensuite, je jouerai le Zurich Classic à la Nouvelle-Orléans. Après, ce sera les Majeurs et probablement les Signature Events.
G.P. : Avec qui allez-vous être associé au Zurich Classic ?
M.P. : Je vais jouer avec Victor Perez !
Photo : Masters Tournament