
Matthieu Pavon aurait très certainement imaginé une tout autre entame dans ce 89e Masters. Cette carte de 78 (+6), lestée par quatre doubles, l’envoie à la 87e place, loin d’un Justin Rose, leader à -7 (65). Mais le Bordelais garde l’espoir de passer le cut vendredi soir.
Propos recueillis par Lionel VELLA, à Augusta
GOLF PLANETE : Vous signez une première carte de 78 (+6) et pourtant, vous réussissez un birdie dès le trou n°1. Tout allait bien alors à ce moment-là…
Matthieu PAVON : Oui. Comme je le répète, je me sens bien dans mon jeu. J’ai très bien tapé la balle lors des quinze derniers jours, rien de bien différent de ces dernières semaines et là, plus la partie avançait, plus ça s’est compliqué. J’ai commencé à rater un peu aux mauvais endroits et puis ça m’a mis vite en difficulté. J’ai manqué trois drives aujourd’hui et je m’en sors à chaque fois avec un double bogey.
G.P. : On a l’impression que c’est une répétition de ce qui se passe dans votre jeu depuis le début de la saison. Vous jouez bien mais les résultats ne suivent pas. Comment l’expliquez-vous ?
M.P. : C’est comme ça… Il ne faut pas oublier que l’année dernière a été exceptionnelle. Il faut sûrement la digérer. J’ai fait des choix qui sont critiqués. Mais je me sens beaucoup mieux que l’année dernière. J’ai très bien performé sur certains tournois mais tout était optimal ces semaines-là. Je drivais bien, je chippais bien, je puttais bien, j’avais de la réussite au bon moment et ça faisait des super scores et des super semaines. Pour l’instant, je sens que mon jeu… (Il se reprend) Je frappe beaucoup mieux la balle, elle est beaucoup plus centrée que l’année dernière où je manquais énormément la face. J’ai un petit jeu qui est peut-être un petit moins bon. Et ça ne me permet pas de garder le bon momentum.
Oui, il y a encore un objectif. C’est sûr que ça va être compliqué. Je ne me suis pas mis dans les meilleures dispositions pour passer le cut cette semaine.
Matthieu Pavon
G.P. : Et sur un tel parcours, ces petites erreurs, on les paye cash ?
M.P : Bien sûr ! Le problème, c’est que je manque au mauvais endroit à chaque fois. Le 10, je pars à gauche, il faut que je me recentre. Au 2, je manque à droite… Après, dans une journée différente, avec un peu plus de réussite, je trouve un meilleur lie avec un meilleur coup pour avancer au 2. Au 10 pour aller jusqu’au green. Mais il y a des jours qui sont un peu plus compliqués, et ça a été le cas aujourd’hui.
G.P. : Comment voyez-vous ce deuxième tour vendredi ? Tout donner et accrocher un cut ?
M.P. : Oui, il y a encore un objectif. C’est sûr que ça va être compliqué. Je ne me suis pas mis dans les meilleures dispositions pour passer le cut cette semaine. Mais on partira un peu plus tôt demain (Ndlr, 8h13 locale, 14h13 en France), il y aura un peu moins de vent, les greens seront peut-être un peu moins fermes. Parce que là, sur le retour, ça commençait à être très très ferme. Et puis si on démarre bien avec deux à trois birdies sur les neuf premiers, pourquoi pas aller chercher quelque chose sur le back nine pour jouer samedi et dimanche.
G.P. : Bubba Watson, deux vestes vertes… C’est sympa de jouer avec un tel partenaire ?
M.P. : Oui, c’est cool. C’est le type de golf que j’aime regarder. C’est quelqu’un de créatif. J’aime beaucoup. On n’est pas dans une trajectoire, une hauteur de balle, toujours le même coup, assez répétitif. Bien sûr, c’est très efficace aussi. Mais j’aime les joueurs qui ont des mains, qui travaillent la balle… C’est toujours plaisant de regarder des joueurs comme ça.
J’avais un peu la même sensation en termes de stress. Ce n’était pas un gros stress. Mais on sentait que c’était spécial.
Matthieu Pavon
G.P. : Vous avez évoqué le vent, avez-vous senti une grosse différence entre vos premiers trous et ceux sur le retour par exemple ?
M.P. : C’est un peu monté crescendo. On a commencé à avoir une bonne canne voire une canne et demi de vent, ce qui n’était pas le cas lorsque l’on a démarré la partie. Il y a eu une petite différence mais bon, Justin Rose est en train de faire -8 (Ndlr, finalement -7), je ne pense pas qu’il soit gêné par le vent (rires).
G.P. : Votre premier coup sur le 1 aujourd’hui, était-il très différent de celui que vous aviez tapé l’an dernier ?
M.P. : Pas vraiment. J’avais un peu la même sensation en termes de stress. Ce n’était pas un gros stress. Mais on sentait que c’était spécial. C’est difficile de se mettre dedans sur ce premier coup parce que c’est une fierté d’être ici. Cela veut dire que l’on a fait les choses très bien avant. Cela rappelle des souvenirs. Il y a juste ce petit côté-là qu’il faut combattre pour essayer de taper un bon drive dès le premier trou.
G.P. : Au fait, avez-vous remarqué une grosse différence au niveau visuel du parcours par rapport à l’an dernier et à cet ouragan qui a sérieusement endommagé le parcours à l’automne ?
M.P. : Il y a un ou deux coups qui sont différents. Au 9, je pense que c’est un peu plus dégagé à gauche. Et aussi à gauche au 13, c’est un peu plus dégagé. Mais je ne pense pas que l’on joue différemment le parcours. Cela joue toujours pareil. Les arbres qui étaient pénalisants sont toujours là. Cela fait un peu plus aéré mais je ne suis pas sûr que cela le rend plus facile !
Photo : Harry How / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP