
Rory McIlroy a rendez-vous ce dimanche 13 avril 2025 avec son destin. En cas de victoire dans cette 89e édition du Masters, il rejoindrait via son Grand Chelem en carrière les légendes telles que Gary Player, Jack Nicklaus ou Tiger Woods. Dans le cas contraire, on se demande comment ce nouvel échec serait digéré par l’un des plus talentueux et sympathiques golfeurs de sa génération.
L.V., à Augusta
3 899 jours ! Il s’est écoulé 3 899 jours entre le 10 août 2014 et le 13 avril 2025. Soit 10 ans, 8 mois et 3 jours. Ces deux dates correspondent au dernier succès de Rory McIlroy dans un Majeur (PGA Championship à Valhalla, dans le Kentucky) et ce jour tant attendu où il peut décrocher ce dimanche d’avril son 5e Majeur, rejoignant ici quelques grandes stars telles que Severiano Ballesteros ou Brooks Koepka.
Il est surtout en position de réaliser le fameux Grand Chelem en carrière – gagner les quatre Majeurs – et ainsi entrer dans le cercle très fermé des monuments du golf que sont Gene Sarazen, Ben Hogan, Jack Nicklaus, Gary Player et Tiger Woods.
Des balles de golf dans la machine à laver
Si tel est le cas, il rentrerait aussi dans l’immortalité de ce sport où il a, très jeune, été initié par son père, Gerry. Ce dernier prenait régulièrement des vidéos de son rejeton, sandwedge en plastique en mains dans le salon de la maison à Holywood, en banlieue de Belfast, tentant des lob shots au-dessus du canapé. Toute l’Irlande du Nord l’avait même découvert un soir de grande écoute dans une émission de variété où son défi était d’envoyer une balle de golf dans une machine à laver. Il n’avait pas 10 ans…
Promu à un avenir radieux, enfant prodige du golf britannique, Rory McIlroy, 36 ans le 4 mai prochain, n’a pas failli à sa mission, devenant l’un des plus grands golfeurs de sa génération, fort aujourd’hui de 18 victoires sur le Tour européen (dont 6 Race to Dubaï) et 28 (Majeurs compris) sur le PGA Tour.
Multiples dérapages en Majeur
Mais c’est dans les très grands rendez-vous que l’on répertorie les grands joueurs. Et à ce titre, Rory McIlroy est en retard par rapport aux meilleurs. Après son passage chez les pros le 18 septembre 2007, à tout juste 18 ans, et des débuts fracassants (US Open 2011, USPGA 2012, The Open 2014), la machine s’est subitement grippée.
On avait déjà eu un aperçu de ses coupables « pertes de contrôle » au Masters en 2011 où, en tête avec quatre coups d’avance au départ du dernier tour, il avait complètement explosé sur la partie retour de l’Augusta National, bouclant son chemin de croix par un horrible 80 (+8) et une terrible 15e place finale.
Plus d’une fois en Majeur, il a eu cette possibilité d’étoffer son palmarès, échouant à chaque tentative. Comme en 2022 à St Andrews pour le 150e The Open de l’histoire où à neuf trous de la fin, il possède encore deux coups d’avance. Avant de céder face aux assauts de l’Australien Cameron Smith. A l’US Open 2023 aussi où il n’accuse qu’un coup de retard avant le dernier tour mais voit le quasi inconnu venu de son Colorado natal, Wyndham Clark, s’imposer. Ou plus récemment encore à l’US Open 2024 du côté de Pinehurst, battu sur les derniers trous par un Bryson DeChambeau déchainé et par quelques erreurs aussi de sa part, notamment putter en mains.
Un emploi du temps millimétré avant le grand saut…
Et que dire de cette longue attente au Masters. Seize départs avant celui de 2025 avec sept top 10 (dont trois top 5, le dernier en 2022 en prenant la 2e place après un dernier tour de folie signé en 64 (-8)). C’est d’ailleurs à ce jour son meilleur tour à Augusta.
En tête ce dimanche avec un score de -12 grâce à deux cartes de 66 (-6) après une entame dans le par (72), soit deux coups d’avance sur ce même Bryson DeChambeau, parviendra-t-il enfin à vaincre cette « malédiction » ? En conférence de presse samedi soir, à l’issue d’un énorme Moving Day, il avait annoncé comment préparer ce rendez-vous avec lui-même. Avec le destin aussi.
« J’essaie d’arriver au parcours trois heures, trois heures et demie avant de jouer, et j’ai l’impression que ces trois heures passent vite : vestiaires, montée à la salle de sport, échauffement, retour aux vestiaires, repas, douche, préparation, entraînement. J’ai l’impression que ces trois heures passent vraiment très vite. Il s’agit simplement d’essayer de trouver le temps entre 7 h et 10 h 30 avant d’aller au golf. Heureusement, il existe de bonnes options. »
Espérons pour lui que cet emploi du temps lui ouvrira les portes du paradis. Des millions de fans de golf dans le monde entier n’attendent que ça !
Photo : Masters Tournament