
Solidement installé à -4 après 14 trous, Rory McIlroy a été une fois encore rattrapé par ses vieux démons, concédant deux doubles aux trous 15 et 17. Dans le par total (72), il accuse sept coups de retard sur l’Anglais Justin Rose (photo), impressionnant leader avec son solide 65 (-7). Déjà placés à -4 (68), Scottie Scheffler et Ludvig Aberg seront de sérieux clients. Tout comme Hatton et DeChambeau, 5es à -3 (69). Pour Matthieu Pavon, 87e à +6 (78), la tâche s’annonce clairement plus difficile…
L.V., à Augusta
Depuis sa défaite en play-off en 2017 face à Sergio Garcia, Justin Rose ne faisait quasiment plus que de la figuration à Augusta, à l’exception peut-être de cette 7e place obtenue en 2021. Et puis subitement, ce jeudi 10 avril 2025, l’Anglais est redevenu l’homme qui avait remporté l’US Open en 2013 à Merion. C’est-à-dire irrésistible. A son 20e départ, l’ancien n°1 mondial pendant 13 semaines en 2018, a ainsi joué le feu.
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Trois birdies sur ses trois premiers trous – une première en carrière – l’ont idéalement placé sur orbite. Dommage que ce seul et unique bogey au 18 ne ternisse quelque peu sa journée, lui qui se serait alors permis de compter quatre coups d’avance sur ses premiers poursuivants. Il doit se contenter de trois. Mais avec cette carte de 65 (-7), il devient à 44 ans le plus vieux leader du Masters depuis Fred Couples et ses 50 ans bien tassés en 2010. C’est surtout la cinquième fois qu’il trône tout en haut du leaderboard à Augusta après 18 trous, effaçant d’un seul coup le grand Jack Nicklaus. Respect !
Another one! Justin Rose records his eighth birdie of the day and moves to eight under par. #themasters pic.twitter.com/oxh2mmUbj1
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« Je suis évidemment ravi d’avoir pris un si bon départ, analyse celui qui avait fini à la 2e place du dernier The Open à Troon (Ecosse) au mois de juillet 2024. Ce départ a été parfait dès les premiers coups de golf. Sur les premiers trous, tout s’est déroulé exactement comme je l’espérais, et notamment sur le 1, qui est sans aucun doute l’un des plus difficiles du parcours, où il fallait réussir un joli coup de 7 à 6 mètres en descente, de droite à gauche. Après, le 2 et le 3 offrent des opportunités de birdie. Donc, être à -3 après trois trous m’a vraiment donné l’avantage et j’ai eu l’impression de jouer un excellent golf par la suite. »
C’était une très bonne journée de golf sur un parcours qui représentait un véritable défi. Si l’on regarde le classement général, on constate qu’il n’y a pas beaucoup de mauvais scores
Justin Rose
« Quand je me suis retrouvé en difficulté, notamment au 5, j’ai réussi un excellent putt pour le par, et au milieu des neuf derniers trous, j’ai senti qu’il y avait quelques moments où la dynamique pouvait changer. Mais de très bonnes alternances aux 14 et 15 ont maintenu le rythme. Évidemment, il y a cette petite erreur au 18, mais inutile de s’attarder là-dessus. C’était une très bonne journée de golf sur un parcours qui représentait un véritable défi. Si l’on regarde le classement général, on constate qu’il n’y a pas beaucoup de mauvais scores (Ndlr, si l’on excepte l’effroyable 90 de Nick Dunlap). J’ai réalisé beaucoup de coups de qualité et j’ai été ravi de la façon dont j’ai joué. »
Derrière lui, à trois longueurs, on recense plusieurs très gros poissons. Le Canadien Corey Conners, 33 ans, 10e en 2020, 8e en 2021 et 6e en 2022, fait partie de ces sérieux candidats à la victoire. Son 68 (-4) inaugural égale d’ailleurs ici en Georgie la meilleure entame d’un golfeur à la feuille d’érable : Mike Weir en 2009.
C’est un parcours de golf que j’adore. Il met en valeur certains de mes points forts.
Corey Conners
« J’ai vraiment bien joué aujourd’hui, lâche-t-il, fier de ses 14 greens sur 18 pris en régulation et de ses 17 fairways touchés sur 18. Je n’étais pas vraiment satisfait de certains coups avec mes fers, j’en ai raté quelques-uns, mais j’ai réussi à bien me débrouiller et à mettre la balle dans le trou sans trop rater de déchets. J’ai su concrétiser mes occasions. »
« Ici, le parcours n’est jamais simple, mais quand on frappe des coups vraiment solides, on peut se placer dans les bonnes positions et éviter le stress. C’est un parcours de golf que j’adore. Il met en valeur certains de mes points forts. Je ne comprends pas comment on pourrait ne pas aimer venir ici. C’est un événement spectaculaire. »
From 40 feet away! Scottie Scheffler makes birdie on No. 16. #themasters pic.twitter.com/2e2NeEhUdc
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Auprès de Conners, on retrouve deux sacrés clients, classés premier et deuxième il y a un an : Scottie Scheffler et Ludvig Åberg. L’Américain pointait à -3 après 9 trous, égalant du même coup le record des neuf premiers trous pour un tenant du titre… Cela est arrivé six fois dans un Masters, la dernière fois par Scheffler lui-même, en 2023. Le Texan est par-dessus le marché le 4e tenant du titre à ouvrir la semaine avec un tour sans bogey depuis 30 ans. Sa moyenne de points au premier tour passe désormais à 69,17, soit la plus basse de l’histoire du tournoi parmi ceux ayant effectué 5 départs ou plus. Bref, il faudra une fois encore compter sur le n°1 mondial.
« Je n’ai jamais été aussi bien préparé pour un tournoi, souligne le médaillé d’or olympique à Paris l’été dernier. Mais je pense que c’était plutôt dû au temps dont j’ai disposé après ma blessure (Ndlr, main ouverte par un bris de verre lors des fêtes de Noël). En ce qui concerne ma préparation, je n’ai rien fait de différent, j’ai juste pu faire de plus en plus de répétitions. Ce matin, avant mon départ, j’aurais signé tout de suite pour un -4. Je sentais que le parcours allait devenir assez dur. Les zones pour frapper les fers sont assez étroites ici, et elles le sont encore plus lorsque les greens sont durs. Le parcours présente donc un défi permanent. »
Plus on se rapproche de la tête, plus il est facile de gagner le tournoi. Plus on part du bon pied, plus on a de chances de gagner.
Scottie Scheffler
« Plus on se rapproche de la tête, plus il est facile de gagner le tournoi, ajoute-t-il comme une Lapalissade. Plus on part du bon pied, plus on a de chances de gagner. C’est un parcours où les opportunités sont nombreuses. Le week-end, le dimanche, les possibilités sont nombreuses, notamment en fonction de l’emplacement des drapeaux. On verra où tout ça va nous mener ! »
Pour son second départ après deux cuts manqués d’affilée sur le PGA Tour, Ludvig Åberg, 25 ans, confirme qu’il va falloir une fois encore compter sur lui jusqu’à dimanche. On en salive d’avance tant le jeu du Suédois est à la fois impressionnant et ô combien attractif.
« Je suis fier de la façon dont j’ai terminé (quatre birdies entre le 12 et le 18) et j’attends avec impatience la suite, prévient le Scandinave, 5e joueur mondial, passé pro le 1er juin… 2023. C’était un peu dur aujourd’hui. Le vent tourbillonnait. En fin d’après-midi, les greens sont devenus bien plus fermes. Une chose est sûre, j’attendais ça avec impatience. C’est un test de golf que j’apprécie vraiment. Il demande beaucoup de patience. On ne peut pas vraiment forcer les choses. J’apprécie ce défi. C’est presque comme être sur un petit nuage à chaque fois qu’on joue à Augusta, et c’était encore le cas aujourd’hui. »
Bryson DeChambeau’s precise approach leads to a birdie on No. 9. #themasters pic.twitter.com/Yce4sQYY9J
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Cinquièmes à -3 (69), les deux membres du LIV Golf, Tyrrell Hatton et Bryson DeChambeau, se positionnent eux aussi comme des vainqueurs en puissance. 9e en 2024, l’Anglais prouve à ce titre qu’il est très certainement l’un des meilleurs golfeurs de sa génération.
« En fait, ici, c’est probablement plus une question de mental, sourit le Britannique. Il y aura des moments où vous traverserez une période difficile. Vous ne jouerez pas 72 trous parfaitement, et vous aurez probablement une période de neuf trous où vous devrez simplement vous donner à fond en espérant que les 63 autres seront suffisants. C’est un parcours très exigeant, et tout peut arriver sur n’importe quel trou très vite. Il faut juste rester dans le jeu du mieux possible. Si vous ratez une balle, il faut juste espérer qu’elle soit bien placée. Sinon, l’addition peut très vite être salée. »
« C’est un excellent début, s’exclame de son côté DeChambeau, auteur d’une carte échevelée avec sept birdies mais aussi quatre bogeys, dont un dernier sur le très délicat par 4 du 17. Chaque fois qu’on est sous le par au Masters, c’est un honneur. Bref, je me donne toutes mes chances avant le week-end. »
Rory dégoupille encore. Pavon dans les cordes !
Encore à -4 à la sortie du 14, Rory McIlroy devait partager le point de vue du double vainqueur de l’US Open. Et puis un premier double au 15 (par la faute d’une grossière erreur sur un chip au-delà du trou finissant sa course dans la pièce d’eau opposée) suivi d’un second au 17 (encore un mauvais chip et trois horribles putts) ont quasiment réduit à néant ses espoirs de victoire. Une fois de plus serait-on tenté d’ajouter. 27e dans le par total (72), il accuse désormais sept coups de retard sur la tête. Ses fameux démons qui ressurgissent sans crier gare sont décidément sans pitié.
Si pour le Nord-Irlandais, l’objectif de revêtir la veste verte s’amenuise sensiblement au soir du premier tour, celui de franchir le cut pour Matthieu Pavon semble particulièrement ténu. Le Français, malgré un birdie au 1, a ensuite lentement mais sûrement dérapé, encaissant quatre double-bogeys, dont trois rapprochés du 10 au 14. 87e au leaderboard, le Bordelais est à cinq longueurs du cut virtuel.
Autant dire qu’il devra rapidement prendre le dessus sur l’Augusta National ce vendredi matin (départ à 8h13 locale) afin d’espérer être présent ce week-end. Pas facile, mais pas impossible non plus. D’autant que le vent devrait souffler bien plus fort dans l’après-midi, au moment où le Français en aura justement terminé. Alors pourquoi pas ?
Photo : Harry How / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP