
A 31 ans, Thomas Detry, vainqueur du Phoenix Open au mois de février sur le PGA Tour, découvre le Masters. Le Belge, passé professionnel en 2016, avoue vivre un rêve éveillé mais reste confiant en ses chances. Il demeure en effet sur trois top 15 lors de ses trois dernières sorties en Majeur.
Propos recueillis par Lionel VELLA, à Augusta
Présent depuis dimanche, Thomas Detry continue ses “recos” du parcours d’Augusta National qu’il ne connaissait qu’au travers de son expérience en tant que spectateur lorsqu’il était venu avec sa fac (University of Illinois).
Mardi, en début d’après-midi, sous l’œil avisé de Jérôme Theunis, son coach, que les golfeurs français connaissent bien, il a joué les neuf premiers trous de l’Augusta National, qu’il avait déjà joués la veille avant la pluie.
C’est surtout sur les greens que le Bruxellois a insisté, prouvant une fois de plus que c’est dans ce secteur que la victoire se jouera dimanche. Comme d’habitude serait-on tenté d’ajouter !
GOLF PLANETE : Vous déclariez récemment à nos confrères du Journal du Golf que même lundi, vous auriez la pression au départ du 1. Alors comment ça s’est passé pour vous ce lundi ?
Thomas DETRY : C’était un peu une journée bizarre. Il ne faisait vraiment pas beau. Tout le monde s’attendait à une mauvaise météo et un parcours fermé. On prenait le petit-déjeuner avec ma femme à 8h00 dans le club-house et je voyais qu’il n’y avait personne, que le parcours était ouvert, et il ne pleuvait pas. Du coup, je n’ai même pas tapé une balle et je suis allé directement sur ce parcours. C’est quand même sympa de faire neuf trous. Le parcours tient relativement bien aux intempéries, et les fans étaient encore présents. Je me suis dit : « On a encore une fenêtre de deux heures, allons-y ! » C’était génial même si je dois avouer que j’étais un peu nerveux sur ce tee du 1. C’était fabuleux de pouvoir avoir cette expérience pour de vrai avec les fans sur place.
G.P. : Vous vous régalez ici à Augusta ?
T.D. : Ah oui ! On prend beaucoup de plaisir. C’est la première fois que ma femme vient ici. Elle adore le golf. C’est génial. Et je pense que demain, ce sera encore plus fort avec les enfants pour le concours de par 3. On jouera avec Matthieu Pavon, nos enfants s’entendent assez bien. Cela va être un très chouette après-midi !
Je regarde depuis gamin le Masters à la télévision. A l’époque, quand on se réveillait tôt le matin, il n’y avait que la BBC qui retransmettait l’événement.
G.P. : Qu’avez-vous ressenti quand vous avez pour la première fois en tant que participant à un Masters remonté Magnolia Lane ?
T.D. : J’étais déjà venu il y a trois semaines mais c’est vrai que lorsqu’on arrive dans la voiture officielle avec le monde qui fait la file pour prendre la photo devant le club-house, c’est juste un moment unique. C’est un moment que l’on voit à la télévision… Je n’ai pas vraiment de mots pour décrire ces moments-là. Je regarde depuis gamin le Masters à la télévision. A l’époque, quand on se réveillait tôt le matin, il n’y avait que la BBC qui retransmettait l’événement. Maintenant, il y a Canal +, Sky Sports mais c’était alors un des rares événements qui était diffusé à la télé. C’est comme un rêve de gamin de pouvoir jouer ici. J’espère pouvoir faire une super semaine.
G.P. : On vous a suivi sur ces 9 trous aujourd’hui et vous avez passé beaucoup de temps sur les greens…
T.D. : Oui, c’est un peu la clé ici. Mon swing est assez bien. J’ai plutôt bien joué ces quelques dernières semaines, je ne me fais pas trop de souci à ce niveau-là mais après les lignes de mises en jeu, ce sont les greens (qui comptent). Ils sont encore un peu souples mais on sait qu’avec le système du SubAir (Ndlr, installés sous les greens), on peut avoir des greens très fermes du jour au lendemain. Donc voilà, on s’attend à des greens fermes jeudi et ça va un peu changer toute la donne. Toutes les subtilités du parcours deviennent plus importantes et c’est là que toute l’expérience autour des greens, le talent et le feeling également entrent en jeu. On essaye de travailler ça, en analysant les lignes, les pentes, comment on peut les utiliser…
Mes trois derniers Majeurs, j’ai fait 13e à The Open à Liverpool (en 2023), 4e au PGA Championship l’an passé et 14e à l’US Open. Je ne suis pas sorti du top 15. Je me sens prêt pour pouvoir affronter ça.
G.P. : Quel va être l’objectif cette semaine ?
T.D. : D’abord, c’est de prendre du plaisir. C’est ma première fois ici. Faire le mieux possible, quoi. Mes trois derniers Majeurs, j’ai fait 13e à The Open à Liverpool (en 2023), 4e au PGA Championship l’an passé et 14e à l’US Open. Je ne suis pas sorti du top 15. Je me sens prêt pour pouvoir affronter ça. Je sens que j’ai toutes les clés pour pouvoir être présent le dimanche après-midi et d’être là avec les meilleurs joueurs du monde.
G.P. : Vous vous sentez en confiance ?
T.D. : Oui, même si Bay Hill (Arnold Palmer Invitational) et le Players ne se sont pas déroulés comme on avait prévu (cut manqué à chaque fois). Mais dans l’ensemble, je me sens quand même assez bien en confiance. Le jeu est vraiment bien. Le putting était un peu moins bon les quelques dernières semaines mais je sens que j’ai retrouvé un bon feeling.
G.P. : Quelque chose a-t-il changé en vous depuis votre victoire à Phoenix le 9 février dernier ?
T.D. : Je ne sais pas vraiment… J’ai l’impression que c’est une force tranquille, que je continue à m’améliorer d’année en année, de mois en mois… Phoenix, c’était un peu une victoire envers moi-même j’ai envie de dire. Cela me montait un peu à la tête toutes ces fois où on était en haut du leaderboard sans jamais pouvoir conclure. Ce fut une belle victoire, pour moi-même, pour ma femme et mes enfants… Et pour la Belgique aussi. On est seuls ici, on est loin de tout et on ne se rend pas tout fait compte de ce que cette victoire a généré en Belgique. J’en retire beaucoup de confiance !
Photo : Masters Tournament