
Les deux derniers tours du 89e Masters de l’histoire s’annoncent dantesques. Si Justin Rose conserve les commandes à -8 (136), Bryson DeChambeau n’est qu’à un coup juste devant Rory McIlroy (photo), ressuscité avec son 66 (-6) sans bogey, et le Canadien Corey Conners, toujours aussi costaud. Dans le top 3 encore au départ du 17, Tyrrell Hatton et Scottie Scheffler ont subitement coincé mais restent en embuscade en 5e position à -5 (139). En revanche, pour Matthieu Pavon, 78 (+6) et 76 (+4), et le Belge Thomas Detry, l’aventure a pris fin prématurément.
L.V., à Augusta
Justin Rose va rester 24 heures de plus en tête du Masters. Eblouissant jeudi avec son 65 (-7) inaugural, l’Anglais âgé de 44 ans s’est contenté d’une carte de 71 (-1) et poursuit néanmoins son histoire avec un grand H en Georgie. Il est ainsi désormais le seul à trôner tout en haut du leaderboard lors des deux premiers tours dans trois éditions différentes (2004, 2021 et donc 2025).
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« Ce fut une bonne journée, sans aucun doute, résume le lauréat de l’US Open 2013. Mon wedge m’a permis de bien jouer, notamment sur les trous 4, 8 et 10. Bon, il y a eu quelques bogeys de trop aussi. Je n’ai pas vraiment profité des par 5 (deux birdies aux 2 et au 8), même si les deux autres ont été joués face au vent (13 et 15). Je n’avais pas l’impression que ça valait vraiment le coup d’essayer de forcer les birdies sur ces trous. »
« Et puis, oui, j’ai fait deux bons swings aux 14 et 17, mais avec deux d’appréciation liées aux conditions et au vent à la sortie, ajoute-t-il. Ces deux bogeys auraient facilement pu être des putts pour birdie et auraient légèrement changé le cours de ma partie. Mais dans l’ensemble, je me retrouve en excellente position pour aborder le week-end. »
Justin Rose executes on No. 16. He makes birdie and extends his lead. #themasters pic.twitter.com/6vOYduhoX8
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Toutefois, ses trois coups d’avance jeudi soir se sont réduits à une peau de chagrin puisque son dauphin, Bryson DeChambeau, est à une longueur derrière. Le vainqueur de l’US Open 2024 à Pinehurst a en effet joué un solide 68 (-4) fort de cinq birdies pour un bogey, une carte lui permettant ici d’afficher pour la 4e fois dans un Majeur deux tours successifs dans les 60. Les trois autres fois, il n’a jamais fait pire que… 2e : Victoire à l’US Open 2020, 2e à l’USPGA 2024 et victoire à l’US Open 2024. Alors attention !
« Dans l’ensemble, prévient le golfeur du LIV Golf, ça a été une journée de golf fantastique malgré des conditions difficiles (avec des rafales de vent chronométrées entre 40 et 43 km/h en début d’après-midi). Mais il reste encore beaucoup de golf à jouer. Je pense qu’il est primordial de se recentrer, de savoir où l’on en est, de savoir combien de trous il reste, de savoir qu’il reste encore beaucoup de golf à jouer. Il est important de ne pas trop s’emballer, et c’est quelque chose qu’il faut apprendre avec le temps et l’expérience. Il faut se mettre en position. Il faut échouer. Il faut perdre. Il faut gagner. Il faut revenir de l’arrière. Il faut conserver l’avantage. Toutes ces attentes et ces sentiments doivent être surmontés dans votre esprit. C’est pourquoi ce jeu se joue entre… entre vos oreilles. »
Roaring into contention. McIlroy eagles No. 13 and is now tied for fourth. #themasters pic.twitter.com/1i65HRkd33
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Le Moving Day avant l’heure pour Rory McIlroy
On pensait l’avoir perdu dès le premier tour par la faute de ces deux doubles concédés au 15 et au 17 et un score de 72 (par) mais Rory McIlroy est définitivement fait d’un autre métal que le commun des mortels. Son superbe 66 (-6) sans bogey avec notamment un eagle au 13 le prouve (ci-dessous). C’est sa 6e carte sans rature dans un tour du Masters. Personne n’a fait mieux depuis ses débuts à Augusta en 2009. Il en profite pour rejoindre ici dans la légende trois vainqueurs de la veste verte : Tiger Woods (8 fois), Jack Nicklaus et Jordan Spieth (6 fois).
Ce retour venu de nulle part ou presque après une fin de jeudi sabordée, il le doit aussi à cet enchaînement affolant avec quatre 3 aux trous 10 (birdie), 11 (birdie), 12 (par) et 13 (eagle).
Un eagle un peu chanceux, et qui ressemble presque comme deux gouttes d’eaux au coup magique réalisé par Phil Mickelson au même endroit (dans les aiguilles de pins sous les arbres) en 2010. Les fans de golf s’en souviennent encore.
Je suis fier de la façon dont je me suis remis en selle aujourd’hui.
Rory McIlroy
« Globalement, je suis fier de ma réaction après la fin de mon tour hier, reconnait le Nord-Irlandais, 3e à -6 (138). Aujourd’hui, je me suis rappelé que j’avais très bien joué hier, et je n’allais pas laisser deux mauvais trous dicter le cours de la semaine. Je suis fier de la façon dont je me suis remis en selle aujourd’hui. »
La clé de ce rebond de champion ? Un retour à la « maison » hier soir sans passer par les médias – c’est tellement rare pour être souligné – et une bonne conversation avec Bob Rotella, son coach mental, dans la matinée aujourd’hui.
Je suis rentré voir Poppy avant qu’elle aille se coucher.
Rory McIlroy
« Une fois que j’ai quitté le parcours hier soir, j’ai juste essayé de faire abstraction de ce qui s’était passé, explique-t-il. Je suis rentré voir Poppy (sa fille) avant qu’elle aille se coucher. C’était plutôt sympa de pouvoir la voir avant qu’elle ne s’endorme. Ce sont des choses que je ne connaissais pas il y a quelques années, histoire de se changer un peu les idées. »
« Et puis j’ai eu aussi une bonne conversation avec Bob Rotella ce matin, notamment sur le fait de ne pas trop forcer trop tôt et d’essayer de récupérer ses coups immédiatement. Et vous pouvez voir comment j’ai commencé la journée avec huit pars et un birdie sur les neuf premiers trous. J’ai juste essayé d’être très, très patient. J’ai à la fois l’impression que cette patience a été récompensée et que j’ai remis les compteurs à zéro. »
A bogey-free 66 for Rory McIlroy places him squarely in the hunt for the weekend. #themasters pic.twitter.com/Vdb1zewqTp
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Toujours aussi humble, le n°2 mondial sait que le chemin est encore long jusqu’à dimanche. Mais le revoir dans le coup dans cette quête du seul Majeur qui manque à son palmarès annonce forcément un week-end d’anthologie.
« Je ne pense pas avoir prouvé quoi que ce soit, alerte le Britannique. Au contraire, j’ai simplement confirmé ma confiance en moi et ma conviction d’être aussi résilient que n’importe qui d’autre. Encore une fois, j’ai été très fier de la résilience dont j’ai fait preuve tout au long de ma carrière, et je pense qu’aujourd’hui n’en était qu’un autre exemple. »
« Les tournois de golf sont très longs et il y a tellement de choses qui peuvent se passer lors des 36 prochains trous. En faisant le par hier (jeudi), il me faudrait probablement atteindre un score entre -12 et -15 pour remporter ce tournoi. Alors oui, encore une fois, il s’agit simplement de rester patient. »
Quite the recovery. A chip-in birdie for Scottie Scheffler on No. 12. #themasters pic.twitter.com/4hZz3kGEuy
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Car oui, l’affaire est encore très loin d’être entendue. Il n’y a qu’à consulter le haut du leaderboard pour s’en convaincre. Si Corey Conners, 3e lui aussi à -6, fait presque figure d’intrus, malgré son récent passif (10e en 2020, 8e en 2021, 6e en 2022), les stars du golf mondial trustent les avant-postes.
With a birdie on Azalea, Corey Conners returns to a tie for third. #themasters pic.twitter.com/xsDjf88Rmc
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Malgré un bogey sur le 18 après une mise en jeu égarée sous les arbres, Scottie Scheffler, 71 aujourd’hui, pointe au 5e rang à -5 (139) avec l’Irlandais Shane Lowry, pour la première fois avec deux cartes consécutives sous le par à Augusta, le rookie Matt McCarty (8 birdies dans ce 2e tour) et l’Anglais Tyrrell Hatton, encore -7 à la sortie du 15 mais coupable de deux grosses boulettes au 16 (erreur de lecture de putt) et au 17 (putt de moins de 50 centimètres manqué). Dans le sillage de ces hommes-là, Rasmus Højgaard, Viktor Hovland et Jason Day, tous 9es à -4 (140), seront eux aussi à surveiller.
The Tournament storyboard entering the weekend. #themasters pic.twitter.com/vvau4L8IjM
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Pas de week-end pour Pavon, ni pour Langer qui dit adieu au Masters
Matthieu Pavon, lui, ne rééditera pas sa folle semaine de l’an passé, bouclée en +1 (289) pour une historique 12e place finale. Aucun Français n’avait fait mieux dans un Masters depuis la création du tournoi en 1934. Le Français a lui-même avoué n’avoir pas été très bon dans l’ensemble durant ces deux tours. Son processus de refonte de swing se poursuit, et il assume totalement son choix. S’il veut un jour remporter un Majeur, il répète qu’il doit passer par cette phase, malgré une saison de feu en 2024.
Exempté jusqu’à fin 2026 sur le PGA Tour, il a pris la décision de changer de coach et de viser plus haut. Quitte à manquer la Ryder Cup fin septembre à Bethpage (New York). Car oui, il n’a ici engrangé aucun point dans la course à la qualification via le ranking européen. Il a, certes, encore plusieurs chances devant lui (USPGA, US Open et The Open ainsi que les Signature Events jusqu’à fin août), mais il n’y désormais plus de temps à perdre !
Ne passent pas le cut non plus Dustin Johnson (vainqueur ici en 2020), Sergio Garcia (Masters 2017), Brooks Koepka (74 et 75), Adam Scott (Masters 2013), Sepp Straka (3e de la FedEx Cup), Cameron Smith, Phil Mickelson, Billy Horschel, Robert MacIntyre, Tony Finau ou encore Bernhard Langer, 67 ans, 41e et dernier Masters, qui manque le week-end pour un petit putt sur le green du 18 !
Four decades of memories. #themasters pic.twitter.com/UdHpg8d4on
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Le leaderboard
Photo : Masters Tournament