
Au bout de la souffrance mais aussi d’un suspense insoutenable, Rory McIlroy remporte au premier trou de play-off face à Justin Rose la 89e édition du Masters. Le Nord-Irlandais achève enfin sa quête du Grand Chelem en carrière et rejoint les légendes Gene Sarazen, Ben Hogan, Gary Player, Jack Nicklaus et Tiger Woods. Mais que cela fut dur !
Lionel VELLA, à Augusta
Enfin ! Cette fois, c’est fait. Pour de bon. A sa 11e tentative. Rory McIlroy remporte la 89e édition du Masters après un trou de play-off face à l’Anglais Justin Rose. Son émotion sur le green au moment de claquer son birdie salvateur mais aussi sa remontée vers le recording, accompagné par sa femme, Erica, et sa petite fille, Poppy, faisaient vraiment chaud au cœur. En larmes, le golfeur nord-irlandais prenait ici conscience d’entrer dans la grande histoire du golf en décrochant son Grand Chelem en carrière. Le tout sous une clameur sincère et reconnaissante, tant le Britannique véhicule une image saine et sympathique. Quelqu’un qu’on aimerait avoir comme ami !
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Et pourtant, cette explosion de joie, cette délivrance au bout d’une journée épique a été si dure à vivre. Si compliquée aussi. La preuve. Leader à -12 après 54 trous mais apparaissant clairement nerveux sur le tee de départ, il a en un seul trou, sur le par 4 du 1, perdu son avance sur Bryson DeChambeau, coupable d’un mauvais double bogey après une mise en jeu égarée dans le bunker de droite et un chip tout aussi approximatif.
Un trou plus loin, sur le par 5 du 2, il est même devancé par ce même DeChambeau, auteur d’un birdie alors qu’il doit de son côté se contenter d’un par. On se dit alors que ses vieux démons, ceux qu’il traine dans son subconscient, vont ressurgir et l’annihiler. Une fois de plus.
Trois coups d’avance au trou n°4
Heureusement pour ses fans, qui sont nombreux sur ce redoutable Augusta National, la réplique a été immédiate sur le par 4 du 3 avec un premier birdie commun à un bogey de son concurrent direct. A -11, il reprend alors seul les commandes du tournoi et accentue même son avance au 4 avec un nouveau birdie et un autre bogey de DeChambeau. A -12, le voilà avec trois coups d’avance sur BDC et cinq sur Ludvig Åberg.
Rory McIlroy birdies No. 4 and now has a three-shot lead. #themasters pic.twitter.com/7VIiT5yX9b
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Cet écart prend encore un peu plus de volume au 9 quand Rory McIlroy enquille un troisième birdie malgré un seul fairway touché sur les trous de l’aller. Quatre coups d’avance au départ du 10, c’est exactement le matelas qu’il affichait en 2011 au 4e tour du Masters.
Il passe même à -14 au 10 mais conserve toujours quatre coups d’avance puisque trois trous plus loin, Justin Rose, déchaîné, passe à -10. Encore sous la menace de Bryson DeChambeau, celui-ci part à la faute au 11 (balle dans l’eau et double bogey à la sortie). Lui aussi ne peut éviter le bogey sur le plus difficile trou du parcours depuis… 1942. -13 ! Mais l’avance demeure toujours de quatre coups, Rose a en effet chuté au 14.
Rory McIlroy starts his second nine with a birdie. #themasters pic.twitter.com/4uao6JhRjg
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Après avoir négocié sans souci le par 3 du 12, contrairement à DeChambeau (bogey), un premier coup de théâtre intervient sur le par 5 du 13. Choisissant de prendre ce trou en régulation, il part à la faute sur un chip dévissé qui finit sa course dans la rivière qui serpente ce 3e et dernier obstacle de l’Amen Corner. Il sort de cet endroit avec un double bogey et se fait rejoindre par Justin Rose, auteur d’un 9e birdie au même moment sur le par 3 du 16. Les voilà à distance tous les deux à égalité à -11.
Le Nord-Irlandais perd même la tête au 14 avec un chip mais son putt de retour manque la cible. A -10, il voit aussi Ludvig Åberg le rejoindre. Ce Masters 2025 entre alors dans une séquence complètement folle où toutes les cartes semblent redistribuées. En fait, c’est bien simple, à chaque nouveau trou, il se passe quelque chose.
Un nouveau coup magique au 17
Justin Rose concède un bogey au 17 et le leaderboard affiche alors trois leaders à -10 (avec McIlroy et Åberg). Quelques minutes plus tard, et après un 2e coup d’anthologie de McIlroy sur le fairway du 15, celui-ci voit sa balle venir mourir à moins de 3 mètres du trou, en position idéale pour eagle. Ce sera seulement le birdie mais suffisant pour reprendre les commandes à -11. Juste devant Rose et Åberg.
Alors qu’il assure le par au 16, et que DeChambeau plante le birdie, Justin Rose, lui, assène un putt éclair de 6 mètres au 18 pour signer une fabuleuse carte de 66 (-6) constellée de dix birdies. Seul l’Américain Anthony Kim avait fait mieux dans un tour du Masters (en 2009) avec onze birdies ! L’Anglais est co-leader au club-house à -11. Pas pour longtemps puisque McIlroy envoie un nouveau Scud sur son 2e coup au 17. Le putt d’un peu plus d’un mètre fait mouche. -12 !
A long time coming. Congratulations, Rory. #themasters pic.twitter.com/f72nOxQbfw
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En posant sa balle au départ du 18, le n°2 mondial possède donc un coup d’avance sur Rose et trois sur Patrick Reed, seul troisième. Il n’a plus qu’à gérer sa toute petite avance, un par lui suffit pour revêtir la veste verte. Mais une balle dans le bunker à droite du green sur son 2e coup, une sortie un peu courte et un putt de 2,50 mètres trop excentré envoie son propriétaire en play-off face à ce même Justin Rose.
Le leader pendant les 36 premiers trous cette semaine, battu dans cet exercice en 2017 face à Sergio Garcia, veut sa revanche. Et pourtant, sur le premier trou en mort subite sur le 18, c’est Rory McIlroy qui réussit un nouveau coup dont il a le secret, finissant sa route à 1,20 m du drapeau alors que Rose doit encore négocier un putt de plus de 3,50 m en légère descente gauche-droite. Cette fois, McIlroy ne manque pas l’occasion et termine son épopée par un birdie. Celui de la victoire tant attendue. Aucun joueur n’avait gagné un Masters en commettant quatre double bogeys en 72 trous (deux au premier tour sur le 15 et le 17, deux au quatrième tour au 1 et au 13). Et bien maintenant, c’est le cas !
Ces dix dernières années, à venir ici avec le fardeau du Grand Chelem sur les épaules et à essayer d’y parvenir… Je me demande aujourd’hui de quoi nous allons tous parler avant le Masters de l’année prochaine.
Rory McIlroy
« C’est une sensation incroyable, reconnait le nouveau lauréat à l’intérieur de la Butler Cabin où il reçoit devant les caméras et des mains de Scottie Scheffler, le champion sortant, la fameuse veste verte. C’est ma 17e fois ici, et je commençais à me demander si ce serait un jour mon tour. Ces dix dernières années, à venir ici avec le fardeau du Grand Chelem sur les épaules et à essayer d’y parvenir… Je me demande aujourd’hui de quoi nous allons tous parler avant le Masters de l’année prochaine. Mais je suis absolument honoré, ravi et tellement fier de pouvoir être enfin un champion des Masters. »
« Cela a pris 14 ans, depuis que je suis parti avec une avance de quatre coups en 2011, avec le sentiment que j’aurais pu y arriver, ajoute-t-il, les larmes aux yeux. Il y avait beaucoup d’émotions refoulées qui ont éclaté sur ce 18e green. Un moment pareil vaut toutes ces années et tous ces moments difficiles. Je veux d’ailleurs dire bonjour à mes parents. Ils sont rentrés en Irlande du Nord. J’ai hâte de les voir la semaine prochaine. J’ai vraiment hâte de fêter ça avec eux. »
Les retrouvailles risquent en effet d’être très émouvantes mais tellement belles. C’est aussi pour cela que l’on aime le golf. Surtout quand c’est un mec bien qui gagne à la fin !
Le leaderboard
Photo : Masters Tournament