Quelque peu frustré de ne pas avoir battu le parcours sur quatre tours, Matthieu Pavon dresse néanmoins un bilan très positif de sa première expérience à Augusta. Il a hâte de revenir bientôt. Ce sera dès l’année prochaine puisqu’en finissant 12e ex aequo, il valide son billet pour l’édition 2025.
Propos recueillis par Lionel VELLA, à Augusta
Vous bouclez ce premier Masters avec une carte de 72 (par) et une place de 13e* avec un total de +1 (289). Est-ce une réelle satisfaction ?
C’est une bonne place mais j’aurais aimé finir sous le par aujourd’hui. Je pense que j’avais le jeu pour. Ce n’est pas passé loin mais ça reste une très bonne semaine.
Comment avez-vous appréhendé ce parcours, beaucoup moins mordant que lors des trois tours précédents ?
Le set up hier était très limite. Aujourd’hui, j’ai senti que les greens étaient un peu plus souples. Surtout sur l’aller. Les quatre derniers trous, ça s’est bien raffermi. C’était challenging mais juste aujourd’hui. On a pu voir qu’il y avait des joueurs qui ont commencé fort mais je pense qu’on peut avoir encore quelques surprises sur les derniers trous.
Tu te rends vraiment compte en jouant le parcours de la difficulté de ces greens. C’est très piégeux.
Vous ne finissez pas dans le rouge comme vous l’aviez souhaité à l’issue de votre 3e tour. Est-ce votre seul regret ?
Oui… Je suis un compétiteur, j’essaie de faire de mon mieux. Après, top 15, je pense que c’est déjà pas mal. Surtout pour une première…
Racontez-nous ce qu’il s’est passé pour vous au départ du trou n°11. Avez-vous été gêné ?
Oui ! Il y a quelqu’un qui bouge. J’entends comme des jambes se frotter, comme une tenue de pluie ou quelqu’un sur un siège. Je fais un énorme refus dans la foulée. Cela aurait été à moi de me reprendre. Malheureusement, c’est de ma faute. Je fais bogey sur ce trou. C’est dommage.
Attaquer sur les pars 5, c’était l’une de vos volontés dans ce dernier tour ?
Par rapport à hier, j’avais les yardages aujourd’hui. Au 15, j’étais entre un fer et un hybride. C’était beaucoup plus accessible. Hier, sur les pars, c’était des coups plus difficiles. Je crois que j’ai tapé bois 3 pour me retrouver bord de green au 8. Je ne pouvais pas aller en deux au 15… Les conditions aujourd’hui m’ont permis d’y aller. Quand j’ai le feu vert de mon caddie, on y va, on s’engage.
Si vous deviez retenir une image forte de cette semaine à Augusta, ce serait laquelle ?
On ne peut pas en avoir une en particulier. Après, tu te rends vraiment compte en jouant le parcours de la difficulté de ces greens. C’est très piégeux. On a du mal à voir certains breaks. Cela va très vite. Il y a des endroits où il faut éviter de se retrouver. Des chips sont parfois plus intéressants à jouer que des putts. Cette exigence qu’il faut avoir ici au petit jeu est vraiment impressionnante. Je n’ai jamais joué quelque chose comme ça pour l’instant.
C’est un parcours où il faut gérer sa frustration. Peut-être qu’il faudra plus travailler la prochaine fois pour venir espérer faire mieux
Est-ce que cela pompe beaucoup d’énergie ?
Enormément ! Cela frustre, en fait. J’ai eu plutôt une bonne attitude ces six, sept derniers mois. J’essaie de me tempérer, j’essaie de ne laisser rien transparaître. Il y a eu pas mal d’agacements aujourd’hui, je jure plus que d’habitude mais c’est juste ce parcours qui ne laisse aucun répit. Même en tapant des très bons coups comme au 13 et au 15, je me retrouve deux fois derrière le green, pour pas grand-chose. Et je joue deux fois ensuite avec des situations qui sont très difficiles à gérer et où je m’en sors in-extremis. C’est un parcours où il faut gérer sa frustration. Peut-être qu’il faudra plus travailler la prochaine fois pour venir espérer faire mieux.
La suite maintenant pour vous, c’est le RBC Heritage à Hilton Head à partir de jeudi prochain ?
Oui. Hilton Head, que je suis impatient de jouer. On m’a dit à quel point ce parcours était merveilleux. J’y vais en voiture. Je pars juste après directement. Et puis après, il y a le Japon (ISPS Handa Championship), sur le DP World Tour, au pied du Mont Fuji. Mon caddie m’a dit que c’était assez spectaculaire. Deux belles semaines à venir donc. Je suis très heureux de pouvoir les jouer.
Et ensuite ?
Vous verrez (il sourit).
*Au moment où il passe en zone mixte, Matthieu Pavon pointe au 13e rang avant de gagner moins d’une heure plus tard une place et de battre à la fois le record de Thomas Levet (13e en 2005) et se qualifier pour le Masters 2025 (top 12).
Photo : Masters Tournament