L’AfrAsia Bank Mauritius Open, dernier tournoi de l’année calendaire sur le Tour européen, le retour de Tiger Woods, la retraite de Victor Dubuisson ou encore le transfert record de Jon Rahm sur le LIV Golf, Matthieu Pavon évoque son actualité et celle du golf en général. Avant le grand saut sur le PGA Tour début janvier !
Propos recueillis par Lionel VELLA, à l’Ile Maurice
Arrivé lundi dans l’après-midi depuis l’Ile de la Réunion où il s’est imposé au Championnat de France professionnels de double, Matthieu Pavon fait partie avec Antoine Rozner, le tenant du titre, et Louis Oosthuizen, récent vainqueur à Leopard Creek mais aussi architecte de La Réserve Golf Links, le nouveau tracé mauricien hôte de cette 7e édition de l’AfrAsia Bank Mauritius Open, des grands favoris de cette dernière étape de l’année civile…
Vous prenez le départ de cet AfrAsia Bank Mauritius Open dans la peau d’un champion de France professionnels de double, quelques semaines seulement après votre « qualification » sur le PGA Tour…
C’était une belle semaine. Le parcours à La Réunion était vraiment dans un bon état. Ils ont fait un effort particulier sur les greens. C’est pour moi le parcours le mieux préparé qu’on ait pu jouer dans cette épreuve. En plus, je n’avais jamais gagné ce tournoi jusque-là, donc tout a été parfait.
On se trompe en disant que cette victoire vous tient encore un peu plus à cœur puisque vous l’obtenez avec votre ami, Julien Quesne ?
On se connait bien tous les deux, cela fait dix ans qu’on s’entraine ensemble. Je n’étais pas trop inquiet dans le fait que cela matche bien entre nous. Mais au-delà de la victoire, on a surtout pris beaucoup de plaisir, c’est ce qui nous a sûrement permis de l’emporter.
Ça a un look de links mais il y a beaucoup de coups qui ne correspondent pas à un links.
Vous enchaînez avec Maurice cette semaine. Que pouvez-vous nous dire sur ce tournoi qui clôture l’année calendaire sur le Tour européen ?
Maurice, j’adore ! J’apprécie toujours le fait de venir ici. Je suis parrain d’Anahita depuis deux ans. Cela va être très excitant de découvrir un nouveau parcours, quelque chose de différent… Ce sera intéressant.
Vous n’avez joué pour l’instant que cinq trous de La Réserve Golf Links de l’Heritage Golf Club Resorts dessiné par Louis Oosthuizen. Qu’en avez-vous retenu ?
Cela ressemble à un links mais ça n’en est pas vraiment un. On n’a pas cette sensation d’une balle qui va rouler, comme ça, aux devants des greens. Mais il y a quelques similitudes. On a aussi pas mal de départs surélevés. Voilà, je le répète, ça a un look de links mais il y a beaucoup de coups qui ne correspondent pas à un links.
Et puis il y a cette particularité où depuis le trou n°1 jusqu’au 18, on est constamment en descente…
Oui, c’est spécial en effet. On retrouve toujours le même vent aussi. Il n’y a pas vraiment de variation, voilà pourquoi ce n’est pas vraiment un links pour moi. Ici, on joue tout le temps avec un vent de la gauche.
Il y a eu de très bonnes choses mais on le voit aussi encore un peu boitiller sur le parcours.
La fin d’année arrive très bientôt mais il y a déjà ce grand départ sur le PGA Tour qui interviendra dès la première quinzaine de janvier à Honolulu (Iles Hawaï). Y pensez-vous déjà ?
Non. Je vais déjà me concentrer pour cette semaine. Je vais ensuite rentrer à la maison, passer du temps avec ma famille et mes amis. Mais je vais souffler un peu, ça me tarde d’ailleurs. De toute façon, on ne s’arrête jamais vraiment. Même quand on est en vacances, il y a des séances de sport qui sont effectuées quotidiennement.
Croiser peut-être bientôt Tiger Woods dans un tournoi du PGA Tour, ça vous fait quoi ?
Je trouve ça génial. Je n’ai pas pu tout voir de son retour aux Bahamas car j’étais déjà dans les îles… Il y a eu de très bonnes choses mais on le voit aussi encore un peu boitiller sur le parcours. Jouer un tel niveau de golf avec la dimension physique que ça procure, on se peut se poser la question de savoir si ça tiendra pendant quatre jours. Une chose est sûre, dans ce qu’il produit, il est capable de sortir de très belles journées de golf.
Il annonce vouloir jouer un tournoi par mois… Possible, pas possible ?
C’est ce qu’il dit. C’est lui qui se connait le mieux. Il doit s’en sentir capable. Un parcours comme au Masters où il y a beaucoup de dénivelés, où c’est difficile physiquement, il va falloir qu’il soit bien reposé, bien préparer… On verra bien !
Ce que je trouve un peu bizarre, c’est d’abord dire que le LIV n’est pas une bonne chose avant de changer d’avis pour un chèque…
Vous serez avec Paul Barjon et Victor Perez l’un des trois Français sur le PGA Tour en 2024. Serez-vous régulièrement ensemble pour mieux affronter ce défi ?
Je ne sais pas du tout. Paul, je le vois une fois par an. Je n’ai aucune idée de ce qu’il a prévu. Victor, il peut être très solitaire dans un tournoi de golf, il aime être dans sa bulle… En tout cas, on sera très régulièrement sur les mêmes tournois. Mais le golf demeure un sport individuel, on a beau être trois Français, je ne sais pas si on va partager du temps ensemble. Il y a plein d’autres très bons joueurs. Je vais essayer de me nourrir de l’expérience d’autres golfeurs qui sont là-bas depuis plusieurs années. J’ai d’ailleurs eu Billy Horschel par message. Je lui ai demandé si je pouvais partager en début d’année certaines parties avec lui.
En parlant de joueur français, Victor Dubuisson vient d’annoncer sa retraite. Avez-vous été surpris par cette décision ?
Oui et non. Victor n’a pratiquement pas joué de l’année. On savait, nous les joueurs, qu’il n’aurait pas une exemption pour 2024. Que lui restait-il alors comme option ? Retourner aux Cartes européennes ? Le voir là-bas, je ne suis pas sûr… Encore moins sur le Challenge Tour. Là, ce n’est même pas envisageable une seule seconde.
Au fait, Jon Rahm qui part sur le LIV Golf, vous en pensez quoi ?
Il fait sa vie… S’il préfère aller sur le LIV Golf… Quand il y a 600 millions de dollars annoncés, ou 500, on fait comment ? Même si je pense qu’il a très bien gagné sa vie ces six dernières années, comment on peut refuser ça ? Après, moi, ce que je trouve un peu bizarre, c’est d’abord dire que le LIV n’est pas une bonne chose avant de changer d’avis pour un chèque… Je trouve ça un peu dommage.
Est-ce selon vous le transfert qui va faire basculer les choses et accélérer la fusion entre le PGA Tour et le LIV Golf avant la création d’un Tour mondial ?
C’est certain que les choses vont bouger. Il y a de plus en plus de grands joueurs qui vont jouer là-bas. Le PGA Tour et le DP World Tour vont devoir faire des concessions pour harmoniser les trois circuits. Après, un Tour mondial, je n’y crois pas du tout. Le PGA Tour a trop à perdre en laissant ses joueurs partir en Europe. En revanche, je pense qu’il va y avoir une harmonisation des calendriers, ça c’est tout à fait possible. Moi, je n’aime pas trop le format du LIV sur trois tours, en shot-gun mais avoir une rivalité entre des équipes, je trouve ça vraiment intéressant !
Photo : ROSLAN RAHMAN / AFP