Maxence Giboudot a découvert la semaine passée le Challenge Tour après son excellente performance aux cartes. Passé par le Domaine du Val de Sorne (39), le pôle de Montpellier et surtout le Centre de performance de Terre Blanche, il fête ses 20 ans ce 31 janvier 2024. Rencontre avec le Jurassien.
Propos recueillis par Nathan CARDET
Dans quel état d’esprit êtes-vous à l’orée de cette saison 2024 ?
Je me sens un peu impatient de commencer. Mais aussi heureux car cela va être des beaux moments. C’est le tout début de ma carrière professionnelle. J’ai la chance et l’opportunité de pouvoir démarrer sur le Challenge Tour et ça, c’est plutôt une fierté. J’ai hâte ! On a travaillé tous les jours afin d’être fin prêt pour cette échéance.
Justement, comment avez-vous préparé vos débuts sur le Challenge Tour ?
J’ai suivi mon cycle d’entraînement habituel et je n’ai rien fait de différent par rapport aux autres années. J’ai débriefé la façon dont se sont passées les cartes (PQ3, du 10 au 16 novembre 2023 à Tarragone (Espagne)). Je travaille pour que tout se déroule aussi bien qu’aux cartes (Ndlr, meilleur amateur, il a pris la 59e place finale). Je m’efforce de reproduire les choses que j’ai bien faites et travailler les points qui peuvent me déranger.
Y-a-t-il des points sur lesquels vous avez un peu plus travaillé que d’autres ?
Depuis toujours, le driving est un peu mon point faible. Pendant la saison et même aux cartes, j’ai pu être un peu gêné. Donc, on a travaillé ça pour que je sois plus à l’aise et tout simplement meilleur avec ce club.
Tout est allé très vite. Il a fallu trouver comment financer la saison, et comment l’organiser. C’est beaucoup de changements en un laps de temps très court
Quels sont vos objectifs pour la saison à venir ?
Il n’y en a pas vraiment. On a beaucoup discuté de ça avec mon coach mental (Cédric Coquet). Ce qui est très dur car je m’engage dans l’inconnu. C’est compliqué de mettre un objectif de chiffre, de place ou de quoi que ce soit car je ne me rends pas compte forcément de la difficulté du circuit. Je sais que ça va être dur, que ça va être long… Mais mon objectif, c’est surtout la mise en place de moyens, le travail et ce que je produis pour réussir à performer. Donc, mon objectif est vraiment personnel.
Ce passage professionnel sur le Challenge Tour n’était pas vraiment prévu. Cela reste-t-il une belle surprise pour vous ?
Ce n’était pas du tout prévu ! J’ai d’abord perdu ma place au Centre de performance, je suis passé professionnel ensuite avant de grimper sur le Challenge Tour. Tout est allé très vite. Il a fallu trouver comment financer la saison, et comment l’organiser. C’est beaucoup de changements en un laps de temps très court.
Comment avez-vous géré le côté organisationnel pour cette année ?
J’ai la chance d’être très proche de Martin Couvra, on s’entraîne ensemble. On a aussi le même coach, Mathieu Santerre. Lui a vécu ce passage pro avec Martin, ils ont eu un peu plus de temps pour bien comprendre comment faire. J’ai pu profiter de cette expérience dans le sens où Mathieu m’a pas mal guidé pour trouver un agent, des financements, des partenaires à droite et à gauche.
J’ai eu des résultats corrects aux Etats-Unis mais l’encadrement du Centre de performance a trouvé qu’ils n’étaient pas assez bons. Ils ne m’ont pas conservé pour la rentrée 2023
Vous allez d’ailleurs retrouver Martin Couvra sur le Challenge Tour…
Oui, on va débuter ensemble même s’il a déjà joué quelques tournois la saison dernière. On se plonge un petit peu tous les deux dans un monde un peu inconnu. On va pouvoir découvrir, s’adapter et être ensemble pour faire tout ça. C’est plutôt cool !
Le gain de cette carte, est-ce aussi une forme de revanche sur votre mise à l’écart du Centre de performance ?
Une revanche, oui… J’ai eu des résultats corrects aux Etats-Unis (Ndlr, il a été invité à passer cinq mois en début d’année 2023 à Texas Christian University) mais l’encadrement du Centre de performance a trouvé qu’ils n’étaient pas assez bons. Ils ne m’ont pas conservé pour la rentrée 2023. Sur le moment, j’ai trouvé ça un peu injuste car cela faisait 5 ans que j’y étais, que je m’y entraînais avec le même coach. J’y avais mon encadrement et mes habitudes là-bas. Mais quelques mois après, j’ai eu ma carte pour le Challenge Tour. Ils m’ont alors proposé de réintégrer le Centre. Les rôles se sont inversés. Donc j’y suis revenu. C’est mon lieu d’entraînement aujourd’hui. Je voulais absolument que rien ne change. C’est comme ça que j’ai été formé, que je me sentais bien, et je voulais garder exactement la même chose après mon passage pro. Avoir l’encadrement à disposition, c’est inestimable.
J’ai partagé une partie avec Ludvig Åberg quelques semaines avant son passage chez les pros. Quand je vois ce qu’il devient…
Parlez-nous un peu de cette expérience à la Texas Christian University …
J’ai adoré ! C’était vraiment une autre vision des choses. J’ai pu jouer des tournois exceptionnels sur des parcours incroyables. J’ai partagé une partie avec Ludvig Åberg quelques semaines avant son passage chez les pros. Quand je vois ce qu’il devient… C’était une opportunité de fou, ça m’a permis d’ajouter des armes à mon panier. Ça m’a sorti du Centre de performance, j’ai découvert une autre vision des choses, j’ai dû apprendre l’anglais aussi. J’étais avec des mecs qui n’ont pas du tout le même passé que moi alors qu’au centre, je côtoie que des gens qui ont la même formation.
Il parait que vous aimez bien Brooks Koepka. Qu’est-ce qu’il vous plaît chez lui ?
J’aime sa façon d’être. Tout ce que les gens peuvent détester chez lui, c’est ce qui me fait l’aimer. Se sentir un peu différent, assumer ce qu’il dit… Quand il explique avant un Majeur que ça sera plus facile à gagner car plus un tournoi est dur, plus les joueurs vont avoir peur et plus le parcours est difficile, plus les failles des autres participants vont ressortir… En partant du principe qu’il est prêt et qu’il est bon, il aura plus de place pour performer. J’aime cette vision.
Vous semblez un peu superstitieux, non ?
Oui un peu. Après, j’aime bien remettre la faute sur autre chose alors que c’est de la mienne. Je le suis sur des petites choses, sur mon marque balle, sur la balle que je joue… J’aime quand tout va dans le sens que j’aime.
À noter, Maxence Giboudot était également à suivre durant deux ans dans la très bonne série produite par la FFGolf, « La vie en bleu » (à voir ou revoir ici).
©Octavio Passos/Getty Images) (Photo by Octavio Passos / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP