Absent du DP World Tour depuis plusieurs mois, Mike Lorenzo-Vera a accordé une interview vérité à un média écossais dans laquelle il est longuement revenu sur les difficultés mentales qu’il a traversées ces dernières années et comment il tente de se reconstruire.
Depuis l’annonce de son retrait de la compétition au retour du Barracuda Championship en août pour raisons personnelles, Mike Lorenzo-Vera n’avait pas souhaité en dire plus. Mais ce dimanche, le site britannique bunkered.com a réussi à obtenir un long entretien dans lequel le Basque en dit plus sur les épreuves qu’il doit surmonter depuis un certain temps.
« Tout a commencé à Ras Al-Khaimah il y a deux ans. J’ai parlé au médecin et je lui ai dit : “ Je ne sais pas ce qui se passe, mais quand je m’endors, quelques secondes plus tard, j’ai l’impression de subir un rush d’adrénaline dans le cerveau. C’est comme si je fais une sieste éclair et puis je n’arrive plus à dormir pendant quatre ou cinq heures. ” J’ai regardé mon temps d’écran et j’ai commencé à lire au lieu de regarder Instagram. Cela m’a aidé mais les choses sont revenues quelques mois plus tard. Je n’arrivais plus à dormir », explique le joueur de 39 ans qui a voulu connaître de quoi il souffrait exactement en allant voir le médecin du Tour, Andrew Murray.
« Je pensais que c’était la pression et la frustration. Ou la nourriture ou l’alcool. Comme je suis un peu têtu, je pensais que si j’arrive à mieux jouer, les choses s’amélioreraient. Mais c’est devenu de pire en pire », poursuit le Français qui raconte qu’il a eu l’impression de se noyer en s’endormant et se réveillait en criant.
J’hurlais toutes les nuits et je n’arrivais pas à dormir. J’avais l’impression de mourir. J’avais des crises de panique au moment de dîner.
Sa discussion avec Murray lui a fait du bien mais ce fut un répit de courte durée. D’autant plus que plusieurs mauvaises nouvelles dans son entourage proche ont participé à accroitre ses angoisses.
« Au retour du Barracuda, j’ai reçu un message m’informant qu’un ami était décédé et au même moment, nous étions très inquiets pour la santé de ma fille. Ce furent deux semaines vraiment compliquées. Ma femme avait également perdu un membre de la famille. J’hurlais toutes les nuits et je n’arrivais pas à dormir et j’avais l’impression de mourir. J’avais des crises de panique au moment de dîner. »
Matthieu Pavon, Alex Levy, Grégory Havret, Raphaël Jaquelin, Romain Langasque m’ont envoyé de gentils messages pour me demander comment ça allait.
MLV raconte que ses épreuves à traverser ont eu un impact dévastateur sur sa santé mentale et que c’est à ce moment-là qu’il a pris la décision d’arrêter de jouer au golf même s’il se mettait en danger financièrement.
Sous anti-dépresseurs
« Le volet financier est effrayant et quand on ne sait pas vraiment ce qui se passe, on commence à penser au pire. Est-ce une tumeur au cerveau ? » Des doutes qu’il dissipe en consultant des spécialistes et qui l’ont rassuré.
« Je me suis détendu, c’était juste la quantité de merde qu’on accumule. Le golf n’était qu’une couche de mes problèmes. J’étais content d’arrêter et je ne voulais plus jouer. J’ai parlé aux médecins du circuit et ils m’ont dit : » Ok, ouais, c’est le moment de faire un break. » »
Lorenzo-Vera raconte qu’il suit désormais un traitement à base d’antidépresseurs prescrits par les médecins pendant six mois.
« Il est encore trop tôt pour voir de vrais résultats. La première chose positive est que je m’endors normalement mais je suis toujours très fatigué », détaille le troisième de la finale de Dubaï en 2019 qui affirme que ses données médicales sont par ailleurs parfaites. « Les analyses de sang sont parfaites, le cœur aussi. C’est juste que le cerveau a besoin de repos. »
Le soutien de tous
Dans cette longue interview, Mike Lorenzo-Vera insiste sur le soutien sans faille du service médical du DP World Tour au cours de cette période sombre de sa vie. Il ajoute que ses compères tricolores du circuit ont également pris régulièrement de ses nouvelles.
« Matthieu Pavon, Alex Levy, Grégory Havret, Raphaël Jaquelin, Romain Langasque m’ont envoyé de gentils messages pour me demander comment ça allait. »
MLV n’est malheureusement pas le premier ni le dernier à devoir affronter des problèmes de santé mentale. La pression qui pèse sur les sportifs de haut niveau est à l’origine de plusieurs cas :
Les Américains Bubba Watson ou Matthew Wolff en ont fait part il y a quelques années. Ils ont également affecté la Française Perrine Delacour l’an dernier et cette année le terrible suicide du joueur du PGA Tour Grayson Murray a rappelé à tous qu’il s’agit d’un problème à ne pas prendre à la légère.
Pour Mike Lorenzo-Vera le plus dur est semble-t-il passé. Il se repose auprès de sa famille et reviendra au jeu quand il sera prêt. Peut-être au Dubai Desert Classic ou à Ras Al-Khaimah en début d’année prochaine.
« Je le prends vraiment positivement maintenant. Au début c’était effrayant, mais maintenant je le vois comme une opportunité de rebondir dans la deuxième partie de ma vie. »