
En exclusivité pour Golf Planète, Mike Lorenzo-Vera nous explique pourquoi il vient de décider de mettre un terme à sa carrière. Celle-ci sera effective le 31 août prochain, au soir de l’Omega European Masters, à Crans Montana, en Suisse. Avant d’entamer une seconde vie. Loin du golf professionnel !
GOLF PLANETE : Cette décision d’annoncer votre retraite a-t-elle été facile à prendre ?
Mike LORENZO-VERA : Ce fut plus facile qu’on ne croit (rires). C’était sous-jacent depuis un bon bout de temps. Et puis voilà !
G.P. : Pourtant vous aviez annoncé récemment que vos problèmes de santé mentale étaient derrière vous, ou en tout cas étaient en passe d’être réglés. C’est d’ailleurs pour cela que vous aviez repris la compétition en début d’année sur le DP World Tour. Que s’est-il passé finalement ? Vous avez replongé ?
M.L.V. : Non ! En fait, tout ce qui s’est passé après le Covid a été très compliqué professionnellement. Cela impacte donc la tête. Et cela impacte les proches. Et au bout d’un moment, je ne veux pas faire vivre cela à mes proches. Il faut remettre l’église au milieu du village. Il n’y a pas que le golf dans la vie.
Est-ce que j’ai envie de continuer à partir entre 20 à 25 semaines par an ? La réponse est non !
Mike Lorenzo-Vera
G.P. : Vous comprenez quelque part la surprise d’une telle annonce ? On se répète mais tout semblait pourtant repartir dans le bon sens quand vous avez repris la compétition au Hero Dubaï Desert Classic en janvier dernier au premier Rolex Series de la saison…
M.L.V. : Oui, je peux comprendre. Je me suis régalé à reprendre à Dubaï. J’ai été tenu par toutes les émotions qu’un tournoi de cet ordre peut procurer. Mais après ça, on se retrouve à Ras Al-Khaimah. Il n’y a plus de public. Tu te retrouves un peu face à toi-même, dans des tournois, on va dire, moins sexy. Et puis on se rend compte que la famille vous manque. On se demande ce que l’on fait là. Dubaï, c’était génial. Les autres tournois, il y a eu du bon. Ce n’était absolument pas un problème de jeu de golf. Puisque je joue bien. Mais c’est plus un retour sur ma vie… Est-ce que j’ai envie de continuer à partir entre 20 à 25 semaines par an ? La réponse est non !
G.P. : Aviez-vous aussi envie d’aller au practice et de travailler comme un forcené ?
M.L.V. : Non plus ! (rires) Il y a ça aussi… Le fait qu’on passe beaucoup de temps à s’entraîner. Et je n’ai plus le gaz ! Je n’ai plus le gaz mental. Voilà ! J’ai envie de faire autre chose de ma vie. Plutôt que de continuer à insister (il répète). Allait-il y avoir encore de belles choses ? Peut-être. Mais avec l’état d’esprit que j’avais, c’était impossible !
Il y en a qui sont plus faits que d’autres pour encaisser cette vie-là. Et moi, apparemment, j’étais fait pour en faire 20 ans. Pas 21 !
Mike Lorenzo-Vera
G.P. : Qu’allez-vous faire maintenant ? On a vu que vous aviez lancé une chaîne YouTube avec votre frère Franck…
M.L.V. : (Il coupe) Non, ça, on ne le fait pas. J’arrête les Académies aussi. Alexis Sikorsky (Pitch&Play) a envie de relancer ce genre d’événements du golf autour de beaux rendez-vous sportifs, en France et à l’étranger. On va donc encore un peu voyager. C’est pour six clients. On va faire des jolis parcours de golf autour par exemple du Grand Prix de F1 à Monza (Italie) en septembre, de la finale du Top 14 de rugby en juin, le Masters l’an prochain… Avec un événement par mois. Et en avant.
G.P. : Des choses où le plaisir prime avant tout ?
M.L.V. : Exactement. Et puis surtout j’aime faire plaisir aux gens et aux clients. On va faire passer un très bon moment. Et en plus de ça, si on y rajoute de grands événements sportifs, la boucle est bouclée !
G.P. : Quand on vous écoute, on est obligé de penser à Victor Dubuisson qui, lui aussi, n’avait plus envie de se retrouver mentalement au bout du monde, à s’entraîner, à être un peu tout seul, ressentir cette solitude justement, et qui s’est lancé depuis dans cette même aventure que vous venez de nous décrire…
M.L.V. : Oui. On est bon avec les gens. On est bon dans le golf. Pourquoi pas allier tout ça ?
G.P. : La leçon de tout ça, c’est quoi ? Que ce sport que représente le golf peut aussi détruire ?
M.L.V. : On va dire qu’il y en a qui sont plus faits que d’autres pour encaisser cette vie-là. Et moi, apparemment, j’étais fait pour en faire 20 ans. Pas 21 ! (rires)
Photo : Jan Kruger/Getty Images