Invité ce lundi 16 décembre à répondre aux questions de cinq acteurs du golf français – une licenciée, un directeur de golf, un journaliste, un joueur professionnel, un greenkeeper – Pascal Grizot, le président de la Fédération française de golf fraîchement réélu pour un second mandat (2025-2028), a évoqué le souhait de créer un événement d’envergure internationale qui impliquerait notamment le LIV Golf. Mais pas le PGA Tour…
Fraîchement réélu au tout début du mois de décembre pour un second mandat à la tête de la Fédération française de golf (FFG), Pascal Grizot a répondu ce lundi 16 décembre depuis le Centre de Performance situé au Golf National à Saint-Quentin-en-Yvelines (78) aux questions de cinq acteurs du golf en France.
A celle posée par notre confrère de L’Equipe, Romain Lefebvre, portant sur la création d’un grand tournoi en France, en marge de ceux qui peuvent exister sur le PGA Tour, Pascal Grizot a été très clair. …
« Ce problème-là, il me passionne, a-t-il tout de suite lâché. Quand je vois un tel gâchis, ça me rend malade. Le golf professionnel est dans une mauvaise situation. Ceux qui ne sont pas d’accord avec ça, mentent ! Je porte un plan simple qui est de dire que le PGA Tour est parfaitement légitime pour organiser des événements aux Etats-Unis, personne ne veut remettre en question le leadership des Etats-Unis dans le golf mondial. Mais à partir du moment où les Etats-Unis ne souhaitent pas, avec leur allié du DP World Tour, organiser de grandes compétitions à l’extérieur des USA, le reste du monde doit se prendre en main. »
La fusion de 4 circuits hors Etats-Unis
Il souhaite ainsi créer un second circuit où fusionnerait plusieurs circuits tels que le DP World Tour, l’Asian Tour, le PGA Tour of Australasia, le Sunshine Tour mais aussi le LIV Golf.
Nous vous l’avions annoncé il y a quelques semaines de cela, Pascal Grizot a rencontré Greg Norman, le Directeur général du Tour dissident soutenu financièrement par le Fonds d’investissement public (PIF) d’Arabie saoudite, afin de lui soumettre ce projet.
« On doit créer des International Series, l’équivalent des Signature Events sur le PGA Tour, poursuit Grizot. Il faut arrêter cette guerre fratricide. Pourquoi donner des points mondiaux au Hero World Challenge, un tournoi sur invitation, à seulement dix-huit joueurs ? Et pourquoi n’en donne-t-on pas aux joueurs du LIV ? Même si les joueurs du LIV doivent avoir une décote, puisqu’ils jouent sur trois tours, dans un format qui est aussi celui par équipe, avec des départs en shot-gun.»
Si on ne renforce pas l’attractivité du golf, les consommateurs iront voir ailleurs.
Sortir de l’alliance avec le PGA Tour
C’est très clair Pascal Grizot est très inquiet pour l’avenir du golf dans un monde où la concurrence explose et où chaque sport lutte pour son exposition médiatique.
Il refuse de voir notre discipline s’enkyster dans des formats vieillissants et le train-train d’immuables calendriers.
Selon lui, il faut plus de porosité entre les grands circuits, et ne souhaite plus que les instances dirigeantes actuelles président de cette manière aux destinées de l’Open de France voire à d’autres tournois historiques du Vieux continent.
« En dehors des quatre tournois Majeurs dans l’année, qui attirent beaucoup de monde devant leur écran de télé quand il y a un bon plateau pour le dimanche, et on a vu que parfois c’était même compliqué pour des tournois Majeurs. Si on ne renforce pas l’attractivité du golf, les consommateurs iront voir ailleurs. La F1, le basket, ça n’arrête pas de progresser. J’ai vu qu’il y allait avoir bientôt un match de NBA délocalisé à Paris… Ce que les Américains ont compris en basket, ils ne l’ont pas encore compris au golf… »
Avec Christophe Muniesa (Directeur général de la FFG), cela fait quatre ans qu’on demande à pouvoir organiser un tournoi au Golf National et le partager avec d’autres pays. On n’a pas de réponse…
« Le LIV, c’est un nouveau format qui peut attirer de nouveaux golfeurs, ajoute-t-il. On attend avec impatience un deal avec le PGA Tour… Pour des histoires d’ego, pour des histoires qui dépassent un peu tout le monde, personne n’est capable de s’assoir autour d’une table pour trouver une solution qui ne soit pas bonne pour le PGA Tour, pas bonne pour le Tour européen mais qui soit bonne pour le jeu de golf. Moi, je dis, commençons à nous organiser en dehors des Etats-Unis sans être en conflit avec eux, et que l’on soit au contraire complémentaire… Regardez l’exemple des Signature Events. Ils ne sont joués qu’aux Etats-Unis. Avec Christophe Muniesa (Directeur général de la FFG), cela fait quatre ans qu’on demande à pouvoir organiser un tournoi au Golf National et le partager avec d’autres pays. On n’a pas de réponse… »
La situation n’est pas tenable et les audiences baissent en moyenne de 20 %
En marge de cette rencontre avec ces acteurs majeurs du golf tricolore, Pascal Grizot a aussi répondu directement à nos questions sur cette création d’un circuit qui n’engloberait pas le PGA Tour.
« Mon rôle en tant que président de Fédération, c’est de parler avec tout le monde et cela inclut le LIV Golf, souligne-t-il. On ne me reproche pas de ne pas avoir un Signature Event en France, il n’y en a pas en dehors des Etats-Unis mais le board de la FFgolf me questionne sur pourquoi l’Espagne a des tournois du DPWT (Open d’Espagne, Andalucia Masters) et une étape du LIV et pas nous. »
L’homme de la situation ?
Le président de la Fédération française de golf est prêt à aller au “combat”, à mettre son énergie débordante au service de cette grande cause.
La même puissance pensante qu’il a déployée pour obtenir l’organisation de la Ryder Cup en France en 2018. Il veut faire bouger les lignes avant qu’il ne soit trop tard.
On comprend ainsi qu’il vit mal le fait que le DP World Tour se retrouve pieds et poings liés dans une alliance avec le PGA Tour.
Son caractère, son réseau, sa connaissance du milieu pourraient lui permettre d’accomplir cet incroyable tour de force qui consiste à bâtir une nouvelle entité capable de coexister avec le PGA Tour et le LIV.
« Quand j’en parle à d’influents sponsors, à de potentiels sponsors ou des patrons de chaînes de TV, ils sont d’accord avec moi. La situation n’est pas tenable et les audiences baissent en moyenne de 20 %, enchaîne-t-il en guise de conclusion. Je ne veux rien faire contre le PGA Tour, au contraire, il faudra travailler ensemble sur un calendrier complémentaire. Et si le LIV Golf signe un accord avec le PGA tour, c’est une bonne nouvelle. Mais il faudrait aussi que le LIV soutienne l’International Tour. Pour moi, le LIV doit être des deux côtés de l’Atlantique… »