Victorieux le week-end passé dans l’Indiana de la finale du Korn Ferry Tour, Paul Barjon, 31 ans, termine la saison à la 9e place de la Points List. Ce retour sur le PGA Tour en 2024 doit désormais coïncider avec plus de régularité dans son jeu et une ambition décuplée.
Propos recueillis par Lionel VELLA
C’est à la sortie de sa séance de gym très matinale à la Texas Christian University (TCU), son ancienne fac avec laquelle il demeure très fidèle, que le golfeur français a répondu à nos questions. Le bilan de l’année 2023 sur le Korn Ferry Tour, la gestion à venir de trois mois sans compétition, sa préparation pour être fin prêt en janvier sur le PGA Tour, Paul Barjon n’a occulté aucun sujet. En toute décontraction.
Avez-vous ressenti la semaine passée dans l’Indiana cette pression du résultat, cette obligation de réaliser quelque chose d’incroyable sur le dernier tournoi de la saison ?
Non, ce n’était pas vraiment une obligation. Je ne le voyais pas comme ça en tout cas. J’ai trouvé que c’était un scénario beaucoup plus facile que de jouer en étant 26, 27 ou 28e dans le ranking (Ndlr, la Points List du Korn Ferry Tour où les 30 premiers étaient qualifiés pour le PGA Tour 2024). Car là, en effet, on a tout à perdre. Moi, j’étais 44e je crois…
Donc, je n’avais pour le coup rien à perdre. C’est un scénario qui a par conséquent été assez simple à aborder, en jouant assez librement finalement.
Quand vous vous retournez sur votre saison 2023 sur le Korn Ferry Tour, qu’est-ce que vous vous dites aujourd’hui ?
Que ce fut une saison avec des grosses parties, des scores très bas et puis aussi des journées qui n’ont pas été bonnes. Il y a eu beaucoup de positif mais il y eu aussi des choses sur lesquelles il faut que je bosse un peu plus. Surtout sur le management du mental et de la régularité… Je me dois d’être un peu plus régulier sur les quatre tours…
Les deux fois où j’ai gagné cette année, j’ai été constant toute la semaine mais le reste de la saison… Je n’ai pas eu de semaine où j’ai fait -1 ou -2 tous les jours. C’était un peu à l’image de la saison avec des hauts et des bas durant les quatre jours…
Ce serait une bonne idée d’arriver à jouer au moins entre maintenant et la deuxième semaine de janvier. Pendant les périodes hivernales, j’aime bien faire un tournoi par mois.
Sur le PGA Tour, ce genre de scénario n’est pas viable. N’être bon que deux semaines dans l’année, c’est trop juste, non ?
Sauf si vous gagnez durant ces deux semaines (rires). Mais évidemment, l’objectif est d’avoir beaucoup plus de régularité pour que le samedi et le dimanche vous ayez une chance d’être en haut du leaderboard.
Comment allez-vous gérer ces trois mois de break avant la reprise de la saison 2024 du PGA Tour prévue début janvier à Hawaï ? Allez-vous tenter d’obtenir une ou deux invitations sur les Fall Series entre maintenant et la mi-novembre ?
Je n’en ai pas encore trop parlé avec mon agent et mon coach mais ça va venir très vite… Je ne sais pas encore ce que je vais faire. Il faut que je regarde le calendrier, les opportunités de qualifications ou d’invitations. On va voir ce que l’on peut faire. Ce serait une bonne idée d’arriver à jouer au moins entre maintenant et la deuxième semaine de janvier.
Pendant les périodes hivernales, j’aime bien faire un tournoi par mois. Ce serait assez correct comme rythme. Cela ferait aussi du bien de prendre du temps en dehors du parcours, en dehors de la compétition pour être fin prêt pour une saison qui va être longue sur le PGA Tour. Car tout va s’enchaîner assez intensément à partir de janvier.
On espère tous faire une saison qui dépasse en termes de gains les 500 000 dollars…
Savez-vous combien de tournois vous allez pouvoir disputer sur le PGA Tour en 2024 ?
Non, je n’en ai aucune idée. En plus, avec les nouveaux tournois à champ réduit et sans cut, c’est difficile d’évaluer tout ça. Est-ce que les Rory (McIlroy) et les autres joueurs de ce calibre ne vont jouer que ces tournois ou iront-ils aussi à Hawaï après avoir disputé le tournoi des Champions la semaine d’avant ? Pour l’instant, on n’en sait rien.
Etes-vous assuré de bénéficier en 2024 de cette prime, ce revenu garanti de 500 000 dollars pour les joueurs arrivant du Korn Ferry Tour ?
C’était effectivement en place l’année dernière. Je ne sais pas si ce sera effectif aussi en 2024. Si ce sera autant ou plus… Je ne sais pas. On n’a pas encore reçu des emails sur ce point pour ceux qui rejoignent le PGA Tour. Mais je vous confirme que c’était en place l’an passé… Comme les 5 000 dollars afin de participer aux frais de voyages et aux dépenses que l’on peut rencontrer sur un tournoi.
Donc, il n’y a pas de raison que cela soit abandonné pour 2024…
Oui, ce sera le même montant je pense. Ou plus encore. Ce serait un manque de chance pour moi qu’ils abandonnent ces mesures (rires). Mais on espère tous faire une saison qui dépasse en termes de gains les 500 000 dollars…
Il y a deux ans vous étiez justement sur le PGA Tour. En 2023 vous étiez redescendu à l’échelon inférieur. Là, vous remontez. Quelle est la solution selon vous pour perdurer plus longtemps au plus haut niveau ?
On va en parler avec mon coach dans les jours à venir et mettre un plan cet hiver pour bosser sur les deux-trois choses qui pèchent un peu pour ne pas avoir à refaire le coup de l’ascenseur l’année prochaine. L’objectif, c’est de rester sur le PGA Tour, de gagner des tournois, de gagner des Majeurs… Et puis bosser en régularité…
J’ai l’impression que tout va dans le bon sens au niveau du jeu. Il faut avoir de la patience, et on sait que le mental a une part importante dans ce sport qu’est le golf. Mettons ça sur la table, bossons là-dessus en parallèle des statistiques habituelles du petit jeu, du grand jeu, etc.
Tout a bien fonctionné (avec Robin Cocq). On a fait du bon boulot ensemble sur tout ce qui est préparation de parcours et séance d’entraînement. La collaboration va se poursuivre en 2024.
Allez-vous continuer à collaborer avec Robin Cocq ?
Oui. On va s’appeler cette semaine pour faire le point. Tout a bien fonctionné. On a fait du bon boulot ensemble sur tout ce qui est préparation de parcours et séance d’entraînement. La collaboration va se poursuivre en 2024 (Ndlr, Robin Cocq est coach performance auprès de plusieurs golfeurs et golfeuses français).
Même chose avec les autres membres de mon staff (Ndlr, Jon Sinclair, coach technique, Angela Couger, coach mental). On essaie de peaufiner les besoins et si c’est le cas, on rajoutera. Là, j’ai commencé la première phase de ma préparation, c’est-à-dire le travail physique afin d’être meilleur la saison prochaine. C’est la seule chose la plus facile à appréhender. Il n’y a pas de trop de réflexions. On fait des tests, on voit là où on a progressé et là où on a régressé. Et on bosse directement sur ça…
Vous étiez à la salle de gym très tôt chez vous à Dallas aujourd’hui…
Oui ! A 7h00 (14h00 en France) ! C’est parce qu’il y a beaucoup moins de monde à cette heure-là. Je continue à faire du sport à TCU (Texas Christian University). J’essaie d’y aller quand il n’y a ni les gars du football US, ni ceux du base-ball…
Donc, vous ne lâchez rien. Vous ne vous arrêtez pas un peu malgré cette montée sur le PGA Tour ?
Je vais lâcher les clubs pendant au moins une semaine, là, mais c’est vrai que le physique, c’est quelque chose que j’aime bien faire. Et puis ça m’occupe aussi durant la journée car les journées sont longues quand on ne joue pas au golf (rires).
Avez-vous envisagé de revenir en France durant cette période ?
Je ne sais pas. C’est possible. J’irai peut-être en Australie voir mes parents. C’est assez loin. Rien n’est encore décidé !
Photo : Mike Mulholland / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP