Matthew Fitzpatrick visait le triplé victorieux de Severiano Ballesteros à l’Omega European Masters. Un exploit possible jusqu’au 69e trou où la folle jeunesse de Ludvig Aberg l’enfumait. Côté tricolore, Adrien Saddier remplaçait Romain Langasque dans le Top 15.
Philippe P. Hermann
Il est d’ores et déjà acquis que le jeune Suédois Ludvig Aberg, sur le pas de la porte de la Ryder Cup 2023 depuis quelques semaines, va la franchir en beauté, après avoir remporté avec superbe le 76e Omega European Masters. Cet officiel Open de Suisse – deux trophées sont offerts – est accompagné d’une veste rouge-tomate (la verte étant indisponible) avec la coupe aux longues oreilles (celle aux grandes oreilles est déjà prises par les footballeurs) et d’une grosse bise de Christian Barras, Président du tournoi, avec retenue. On n’est pas en Espagne…
Vainqueur idéal pour l’écho du tournoi
Matt Fitzpatrick était touché par tout le ramdam autour de sa redite du brelan de Seve (1977, 1978, 1989), donc avant sa transformation du parcours originel (1928). L’édition moderne a juste été inaugurée en 1999. A vrai dire, les retouches étant multiples et continues au fil des ans, le terrain actuel n’a plus rien à voir sauf son « routing ». De là à dire qu’on ne compare pas l’orange à la tomate…
Comment dit-on tomate en suédois ? Aberg, c’est pas mal. Comme le fruit, sa veste rouge est goûteuse. Son talent précoce est adaptable à toutes les sauces, celle de la Ryder Cup à la romaine s’annonçant délicieuse. Et on l’aimerait même gagnante.
Les « neinseigers » exagèrent un brin en parlant de sa sélection, mais peut-être bien que sa jeune victoire aura plus d’écho que les trois victoires imaginées pour Matt. Pendant qu’on y est, chers amis de Zürich, votre favori s’appelle Fitzpatrick, pas Fritz…
A l’anglaise
A propos de Matt, rappelons avec sourire la bévue à laquelle il s’était associé en 2015. Le tournoi avait été remporté par Danny Willett dont deux bons copains étaient du podium avec lui. Fitzpatrick donc et Tyrrell Hatton. Ensemble, la dotation perçue était de 1’000’000 et cela se fêtait lors d’un cocktail au club-house avec le ban et l’arrière-ban de l’événement : Président, sponsors, politiques, European Tour, un bout de presse et caméras… Le champagne était tiré pour cette réunion de compliments et de dédicaces, une tradition. Le temps passant et repassant, on fatigue. On cherche et recherche. Le trio a disparu. « Mais comment ?», dit-on en Valais. Il a filé à l’anglaise comme on dit chez nous. Les édiles font la gueule. On est gêné pour le représentant du European Tour. Sans excuses… Ne comptez pas sur Ludvig pour la rater.
Double casaque
Question Ryder Cup, sujet très à la mode ces jours-ci devant nos écrans, Rory McIlroy avait, encore récemment, déversé toute son aigreur sur le dos du LIV Tour, ses témoins et ses apôtres, tous devenus patibulaires. Jetez-moi ces moins que rien, ces infidèles. Puis arrive le pré-accord signé entre les tours (américain et européen) et les promoteurs du circuit adjacent dans le dos des membres. Mais ils sont gonflés nos représentants, que des nuls, disent-ils. Et voilà la Ryder Cup au bout du virage. Et le Team USA engage Brooks Koepka, grand golfeur au palmarès doré, mais plutôt honni et vedette rebelle du LIV Tour, alors que Sergio Garcia, éperdu d’amour pour le fameux trophée biennal qu’il a défendu avec bonheur à de multiples reprises, est bien abandonné.
Qu’arrive-t-il à McIlroy ? D’un coup, le voilà congratulant Zach Johnson, capitaine US. Surprise sur cette prise… Va-t-il, au contraire, rouspéter si Ludvig Aberg l’est ?
Comme des lapins
Une bonne info pour refermer cette super édition du rendez-vous valaisan. Hors Etats-Unis, Canada, Mexique dont le golf est mené par l’USGA, fédé américaine, le R&A annonce que votre passion s’est trouvée (depuis 2016) dix millions de nouveaux pratiquants dans le reste du monde. Nous serions aujourd’hui près de quarante millions. Mais sans annuaire, chère R&A, comment fait-on pour les jouer ? Y a encore du boulot…
PPH
Photo : Stuart Franklin / Getty / AFP