Deux Suisses ont passé le cut de l’Omega European Masters 2023, loin de la lutte pour une place en Ryder Cup et pour le titre à Crans-sur-Sierre, qui sera salué par la remise d’une veste rouge comme le drapeau suisse, sans la croix blanche.
Philippe P Hermann
Avec un cut passé à un inhabituel -3 au Golf Club Crans s/Sierre, ils étaient 75 au départ du 3e tour célébré par un grand beau temps sur le haut-plateau valaisan dont deux Helvètes. C’est assez rare pour être relevé. Sauvé par un putt de vingt-cinq mètres au No 15, Jeremy Freiburghaus (71e) commence peut-être la sauvegarde de sa carte pour le tour européen 2024. Le néo-pro Cédric Gugler (50e), totalement inattendu, bénéficie lui du coaching efficace de l’ami Raphaël Jacquelin en attente de Legends Tour européen ou du très rémunérateur PGA Champions américain.
Vive la jeunesse !
Le Suédois Ludvig Aberg alimente depuis le début de la semaine la discussion entre joueurs, officiels et reporters pour une place en Ryder Cup. Trop jeune, trop neuf sur le tour, trop talentueux, sans expérience face aux USA boys, prétention naturelle d’un futur McIlroy… Avec Thorbjorn Olesen et Robert McIntyre, qui sauve pour le moment sa place après 54 trous sans relief, on garderait bien également un œil sur Guido Migliozzi, dont le 61 du 2e tour et le drapeau italien sont convainquant. Un Romain Langasque des grands jours (comme son double 65 de début de tournoi) pourrait bien interpeler Captain Luke Donald avec une même qualité de jeu jusqu’à la fin du tournoi, plus sûrement de rouge vêtu à l’image de la veste remise au vainqueur.
Passer de Charybde en Scylla
Ouvert à 7:25 par le jeune Gugler et un marqueur, le 3e tour (moving day) s’annonçait donc prometteur pour ces raisons. Mais en attendant le chaud-bouillant départ No 38 dernier du jour à 13 :30, il fallait meubler, tâche des plus faciles en apprenant la création dès 2025 d’un tour international de haute volée, émanation de l’association PGA Tour, DP World Tour européen, LIV Tour, ce catalyseur de l’explosion affectant l’organisation du golf mondial depuis quelques mois.
Et puis, quoi encore ?
Que n’a-t-on pas entendu ? Pléthore de noms d’oiseaux, adjonctions judiciaires, interdictions diverses, amendes salées, breakdowns, dollars de couleur saoudienne à gogo, expulsion de Garcia de « sa » Ryder, sélection « yankee » du pestiféré Koepka côté US… La hache de guerre était sortie. Il est désormais question de créer un grand circuit dont seraient membres les meilleurs joueurs du monde pour disputer, hors majeurs, dix-huit tournois avec une dotation minimale de vingt millions d’une monnaie décente chacun. Mazette ! Ils seraient autorisés aussi à jouer les tournois de leur choix sur les trois tours de référence, toute pénalité actuelle prononcée contre les « lâcheurs » partis sur le LIV Tour étant nulle et non avenue.
Tradition et histoire menacées
Dire que tout cela était déjà plus ou moins imaginé en 1994 par un Greg Norman refoulé comme un boat-people. Aujourd’hui, mettez-vous à la place d’Yves Mittaz, patron de l’Omega European Masters, voire Pascal Grizot, Président de la FFG. Ils ont déjà du mal à lever deux ou trois millions pour une dotation qui, demain, les classerait en division inférieure malgré la grande histoire de leurs championnats. Peut-être pourraient-ils quand même trouver quelque menue monnaie en plus, idée que Raynald Aeshlimann, CEO d’Omega, admet, mais ça ne changerait pas grand-chose. Les suggestions sont bienvenues, sans tenir compte des contrats déjà signés pour des tournois agendés en 2025 ou les saisons suivantes.
PPH