Cette semaine passée sur le balcon du lac Léman mérite tous les compliments. L’Amundi Evian Championship est vraiment un tournoi à part.
La chronique de Philippe Hermann
Depuis sa première génération en 1991, année d’un train-train juste agité par un mini Pro-Am ou une médaille mensuelle animée par les habitués de Genève, il a un goût de revenez-y… Je suis déjà aux taquets pour mi-juillet 2024 (date avancée pour cause des JO à Paris). Cette édition-ci nous a fait vibrer avec la foule de spectateurs et la cohorte de volontaires à leur service, une française sortant en tête du 3e tour, une première à l’Amundi Evian Championship. Oui, on se pince, Céline Boutier tient la tête avec trois coups sur la Japonaise Nasa Hataoka et quatre vainqueurs en Majeurs sur leur talon.
En rupture de Masters
Avec une météo fair-play, on souhaite ainsi vivre une hyper-journée, les chefs ayant une fois encore réussi leur recette, plus délicieuse que la précédente. On se dit la même chose depuis que, au terme d’une petite réunion conviviale à l’initiative des Riboud père et fils (Danone), il était décidé que la 19e édition de l’Evian Masters en 2012 serait la dernière.
Femmes de direction
C’était l’époque où la direction du Golf d’Evian-les-Bains était toute féminine, ce qui n’était pas commun, avec Valérie Pamard, l’une des meilleures golfeuses de France. « Je souhaite faire la preuve qu’il n’y a pas vraiment de chasse gardée pour les hommes et qu’une femme peut faire au moins aussi bien dans la direction d’un grand club. » Décidément, Riboud & Co savait tout avant les autres. Aujourd’hui, dans la foulée, une autre jeune femme, Amélie Bourdin, dirige le championnat.
Majeur commun
Donc après la 19e édition en 2012, le tournoi recevait sa légion d’honneur pour l’éminent service rendu à la cause du golf et de ses femmes. Majeur ! Enfin Majeur, une appellation en lettres d’or que nous avions été nombreux à souhaiter. Personne ne devrait l’oublier parmi les fans le plus souvent venus en nombre, contribuant à leur façon aux lourds investissements consentis par l’organisation, partagés avec les sponsors d’aujourd’hui et d’hier, un arbre de transmission essentiel.
Changement de dimension
Mais, comme sœur Anne, on ne voyait rien venir dans ce petit coin de France excentré, à dix mille lieux de Daytona Beach en Floride, siège dominateur du golf professionnel féminin. Entre autres conditions d’un accord, la plus imposante réclamait le chamboulement profond du parcours originel pour qu’il soit en phase avec ce « Majeur » et propose une qualité seulement comparable aux meilleurs, donc au prix d’un chèque en blanc ou presque.
Promotion méritée
« The Evian » pouvait naître. Une victoire majeure, qu’elle s’affiche à Evian, à Palm Springs ou ailleurs, présente une autre dimension, un autre poids. Le tournoi haut-savoyard jouait déjà dans la cour des plus grands, comme l’US Women’s Open, en raison de son prize-money, mais plus encore de sa qualité d’accueil, de son organisation marquée de multiples distinctions, de ses fêtes lumineuses face au panorama lémanique.
Jeans et polos
Alors, imaginez 2013 si vous n’y étiez pas. Chouettement simple, sans cravate ni blazer, le duo Riboud-Bungert toujours en jeans et polos lors des interventions officielles répercutées partout dans le monde. Ce n’est pas demain que les quatre autres Majeurs mettront un bout de cette décontraction dans leurs « rules & regulations ».
Allez Céline !
Je suis heureux d’en être, d’en faire l’écho et de partager avec vous le plaisir de voir jouer ici ces championnes parmi les plus grandes. Dans un proche passé, Annika Sörenstam, Lorena Ochoa, Yani Tseng, Ai Miyasato, Helen Alfredsson ou, aujourd’hui, Nelly Korda, Lydia Ko et, demain, la neo-pro Rose Zhang, ex-amateur n°1 mondiale, en attendant 2024 et le retour de la jeune prodige Lexi Thompson qualifiée pour l’US Open à douze ans, pro à quinze, lauréate de deux tournois à dix-sept. Quant à Céline Boutier, croisons les doigts !
Photo : Philippe Millereau / KMSP