Après une première journée ébouriffante au Arnold Palmer Invitational, Jon Rahm n’a pas terminé dans le top 10 pour la première fois en neuf tournois cette saison sur le PGA Tour. Le Basque a cependant conservé in-extremis sa couronne de n°1 mondial. Mais alors que se profilent deux rendez-vous très attendus, le Players et le Masters, cet accroc interroge… Un peu.
Trois victoires et 5 top 10 en 8 tournois ! Jon Rahm était (et reste encore) l’incontestable boss du PGA Tour et du golf mondial en ce début de saison.
Avant l’Arnold Palmer Invitational, son plus mauvais résultat de l’année était une 8e place au Hero World Challenge. Après avoir signé un 1er tour flamboyant (65) sur le parcours de Bay Hill, il semblait en mesure de concourir pour une 4e victoire après ses succès au Genesis Invitational, à l’American Express et au Sentry Tournament of Champions.
Et peut-être rejoindre Johnny Miller, seul joueur à avoir enregistré 4 victoires sur le PGA Tour avant le mois d’avril. C’était en 1974…
Les “stats” de l’Espagnol étaient tout simplement étourdissantes… Son eagle au 16, jeudi, lui avaient même permis d’atteindre un chiffre fou, un de plus : 100 coups sous le par sur les pars 5 en 11 tournois !
After his eagle today at 16, Jon Rahm is 100-under-par on the par 5s alone in his last 11 worldwide tournaments.
— Justin Ray (@JustinRayGolf) March 2, 2023
Fin de série
Oui mais voilà, la machine s’est inexplicablement enrayée lors des 2e et 3e tours, joués en 76 par le n°1 mondial. Soit +4 par deux fois ! Cela faisait 286 jours qu’il n’avait plus rendu une aussi mauvaise carte et plus de 4 ans qu’il n’avait enchaîné deux scores aussi élevés…
Jon Rahm’s 76 today is his highest round worldwide since Rd 3 of last year’s PGA Championship (286 days ago).
— Justin Ray (@JustinRayGolf) March 3, 2023
Jon Rahm: 76-76 last 2 rounds; first time with back-to-back rounds of 76 or worse since the 2018 U.S. Open
— Justin Ray (@JustinRayGolf) March 4, 2023
La thèse de l’accident, valable pour le dernier tour du Farmer Insurance Open (74, et une 7e place finale alors qu’il était en lice pour la victoire), est moins plausible.
Driving en berne
Samedi, “Rahmbo” a commis la bagatelle de 8 bogeys. Il n’a touché que 7 greens en régulation (7 !) et a perdu son feeling sur les mises en jeu (5 fairways touchés sur 14).
Dimanche, son driving l’a encore trahi. Ses statistiques de Stroke Gained OTT (off the tee, sur ses mises en jeu) ont plongé. Son fameux “power fade” l’a abandonné à l’image de cette balle expédiée plein bassin sur le redoutable par 5 du trou n°6.
Jon Rahm is currently last among players who made the cut in SG: OTT (-1.9 strokes / round). Did not see that one coming.
— data golf (@DataGolf) March 5, 2023
Il a finalement signé une carte de 72 dans le par obtenue surtout par la grâce d’un putting toujours solide (24 putts ce dimanche). Mais Rahm termine au-delà du top 30.
Pas Bay Hill compatible ?
Peut-on parler de fin de série ? De vrai coup de pompe ? Ou tout simplement d’une aversion pour un tournoi qu’il jouait seulement pour la 2e fois et qui lui avait laissé un souvenir amer l’an passé ?
Certes, le parcours de Bay Hill traîne la réputation de ne pas être toujours très “fair”. Les lies dans les bunkers et les roughs sont un peu une loterie.
Et ce n’est pas un tracé que l’on agresse facilement pour revenir de l’arrière, comme l’aurait souhaité le vainqueur de l’US Open 2021. Mais au lendemain de son 65 inaugural, le n°1 mondial a, sans exagération aucune, franchement mal joué les trois jours suivants, voire très mal compte tenu de son standing.
Verdict à Sawgrass
Cette étonnante baisse de régime tombe mal. La semaine prochaine, le match pour la place de n°1 mondial va se poursuivre sur le TPC Sawgrass. L’écart avec Scottie Scheffler et McIlroy s’est considérablement resserré.
Considéré comme le 5e Majeur par les observateurs, The Players ne supporte pas les approximations. Hors du coup l’an passé (55e), Rahm compte toutefois plusieurs tops 10 dans cette épreuve lucrative en dollars et en points mondiaux.
On se souvient qu’en 2019, l’année du sacre de Rory McIlroy, Jon Rahm avait joué la gagne sur le parcours si spectaculaire de Pete & Alice Dye mais avait fléchi dans le final (74 le dimanche) alors qu’il était leader à 8 trous de la fin.
Sa prise de bec avec son caddie d’alors, sur le trou n°11, avant qu’il ne tente un coup impossible qui s’était soldé par une balle dans l’eau, avait fait jaser à l’époque…
Un mal pour un bien ?
Dans quel état d’esprit sera “Rahmbo” la semaine prochaine ? Avec un énorme enjeu, sur un parcours où la stratégie et le calme sont primordiaux, il aura besoin de lucidité et de fraîcheur mentale.
Peut-être que cette semaine chez feu “Arnie” aura finalement permis au Basque de souffler un peu puisqu’il a joué le dernier tour sans véritable enjeu et ainsi évité les sollicitations médiatiques. C’est tout le mal qu’on peut souhaiter à la locomotive du golf européen avec Rory.
Le verdict de Sawgrass sera d’autant plus intéressant pour connaître la nature et la profondeur du mal. À un mois du Masters…
©Robert Beck/USGA