Conscient de très bien jouer au golf depuis deux mois maintenant sur le Tour européen, Romain Langasque, qui s’élance ce jeudi pour son second US Open après sa 34e place à Winged Foot (New York) en septembre 2020, affiche ses ambitions.
Propos recueillis par Lionel VELLA
Il s’est envolé vers la Californie via Londres le samedi 3 juin au matin pour une découverte totale de Los Angeles et surtout de ce North Course (par 70 de 6 785 mètres) du Los Angeles Country Club, hôte du 123e US Open de l’histoire. Ne voulant surtout pas brûler toutes ses cartouches avant le grand départ jeudi, Romain Langasque, qui s’élancera à 21h37 heure française avec le Canadien Taylor Pendrith et l’amateur sud-africain Aldrich Potgieter, a décidé d’effectuer ses reconnaissances à chaque fois sur neuf trous, « afin de ne pas rester trop de temps au golf et d’économiser ainsi mon énergie. » « Je vais être dans ma bulle », ajoute l’Azuréen qui sera l’un des cinq Français engagés dans ce 3e Majeur de la saison.
Golf Planète : Début mai, l’US Open était tout sauf un objectif avoué pour vous. Un mois plus tard vous voilà au départ à Los Angeles…
Romain LANGASQUE : C’est vrai. J’avais fait le choix de ne pas aller aux qualifications de l’US Open à Walton Heath (16 mai) afin de bien me préparer pour le KLM Open et le Porsche European Open et mettre un maximum de chances de mon côté après cette 2e place à l’Italian Open. A l’arrivée, cela a payé puisque je fais 15e et 10e sur les deux derniers tournois du DP World Tour. Mais c’est vrai que cet US Open n’est vraiment devenu une réalité que le dimanche à Hambourg. Jusque-là, si ça se passait mal, je pouvais être éjecté. Si Maximilian Kieffer gagnait le Porsche et que Julien Guerrier finissait seul deuxième, c’est eux qui partaient pour Los Angeles. Il y avait toujours cette probabilité, même très faible, que je n’aille pas à l’US Open. Là, j’y suis. C’est super cool !
G.P. : Que saviez-vous du Los Angeles Country Club avant de vous envoler vers la Californie ce samedi 3 juin ?
R.L. : J’en ai un peu discuté avec les gens qui l’ont joué, j’ai un peu regardé les différents trous sur le site de l’US Open, j’ai vu un vidéo sur la Walker Cup qui s’est disputée là-bas en 2017… Bref, j’ai pris quelques informations avant de m’en rendre compte par moi-même.
Les greens sont déjà relativement fermes et très rapides. Durant le tournoi, ils seront je pense en béton. Ce sera la difficulté première de ce tracé.
Romain Langasque
G.P. : Et alors ? Vos impressions sur ce North Course ?
R.L. : Le parcours est canon. J’ai marché les neuf premiers trous (dimanche) et j’ai joué les neuf autres… Globalement, il n’est pas stressant du tee, au niveau des mises en jeu. En revanche, ça va être important de prendre un maximum de fairways et d’avoir un bon driving. Quand c’est le cas, la balle gagne en distance et cela vous permet d’avoir des clubs pour courts car ce parcours est quand même long. Au sujet des greens, ils sont déjà relativement fermes et très rapides. Durant le tournoi, ils seront je pense en béton. Ce sera la difficulté première de ce tracé. Les roughs sont très irréguliers. A des endroits, quand vous avez un mauvais lie, vous devez vous recentrer, mais à d’autres endroits, vous avez la possibilité d’aller au green. Mais ce sera des lies avec un flyer à la sortie et très peu de spin, donc si les greens sont fermes, ce sera très dur d’arrêter la balle. Il faudra par conséquent arriver à prendre un peu de recul et à se mettre dans des zones wedges qui seront assez intéressantes. Mais à première vue, ce sont les greens qui vont être la difficulté de la semaine… J’ai souvent été bon sur les parcours durs. On verra !
G.P. : Y voyez-vous des similitudes avec Winged Foot ?
R.L. : C’était un peu plus vert, avec de vrais roughs… Quand on prenait les greens, il y avait moyen de faire le birdie. Même chose quand on prenait les fairways. Mais quand on ratait les fairways, c’était très dur. Là, j’ai l’impression que ça ne va pas être uniquement le fait de prendre les fairways qui va être la clé mais aussi de prendre les bonnes zones, de rester du bon côté… Ce qui est le point commun avec tous les US Open, c’est d’abord la difficulté du parcours.
Je n’ai pas d’objectif de résultat. Je veux d’abord respecter mon process. Cela fait un mois et demi, deux mois que je joue bien au golf.
Romain Langasque
G.P. : Pour votre seul et unique US Open joué en 2020, qu’aviez-vous retenu en priorité ?
R.L. : J’avais fait des bogeys en faisant de très bons coups… J’avais commencé par trois bogeys sur mes premiers trous sans avoir tapé un mauvais coup. C’est ce qui ressort peut-être comme ça trois ans après…
G.P. : Quel objectif vous êtes-vous fixé cette semaine sur un tournoi que l’on présente très souvent comme le test ultime ?
R.L. : Je n’ai pas d’objectif de résultat. Je veux d’abord respecter mon process. Cela fait un mois et demi, deux mois que je joue bien au golf. Que j’enchaîne les cuts, les bonnes performances, les tops 10, les tops 15. Si je continue à faire ce que je contrôle, je pense que ça peut le faire. Je ne suis pas à Los Angeles pour seulement passer le cut.
Je pense que le PGA Tour ne pouvait pas éternellement concurrencer avec le PIF… Plutôt que de les avoir en ennemi, ils ont préféré des avoir en ami.
Romain Langasque
G.P. : Un résultat digne de ce nom peut-il modifier la suite de votre saison ? On pense notamment à The Open par exemple…
R.L. : Cela peut effectivement m’ouvrir les portes de The Open. Cela peut aussi conforter ma place à la Race to Dubaï par rapport aux dix places en fin d’année pour le PGA Tour… Oui, forcément, il y a des gros points à distribuer dans ce genre d’événements, notamment mondiaux. Beaucoup d’argent aussi en jeu…
G.P. : Quel sera votre calendrier après l’US Open ?
R.L. : Je vais aller jouer le BMW International Open à Munich (22-25 juin). A l’issue de ce tournoi, les cinq meilleurs non exemptés du top 20 de la Race se qualifient pour The Open. Je vais donc me laisser une chance supplémentaire en Allemagne. Ensuite, je n’irai pas au British Masters (29 juin-2 juillet) et j’enchaînerai avec le Danemark (6-9 juillet), le Scottish (13-16 juillet) et peut-être le British (20-23 juillet)…
G.P. : Impossible de ne pas vous demandez votre avis sur l’accord qui a été conclu le 6 juin dernier entre le PGA Tour, le DP World Tour et le Fonds d’investissement public (PIF) d’Arabie saoudite. Qu’en pensez-vous ?
R.L. : C’est le résultat d’une fausse guerre qui existait depuis deux ans. Je pense que le PGA Tour ne pouvait pas éternellement concurrencer avec le PIF… Plutôt que de les avoir en ennemi, ils ont préféré des avoir en ami. Financièrement, pour le PGA Tour mais aussi pour le Tour européen, c’est top. Après, je comprends que certains joueurs vont grincer des dents. Pour l’avenir du golf, c’est ce dont on avait besoin. Cela va être rassurant pour beaucoup de monde. Encore plus pour nous sur le DP World Tour car on sait qu’il y a cette sacrée machine de guerre (Ndlr, le PIF affiche près de 620 milliards de dollars d’actifs) qui va nous assurer des dotations tout le temps. On ne sait pas encore sous quelle forme cela va se traduire. On ne sait pas non plus si le LIV Golf va continuer… Personnellement, je suis très content. On va gagner plus d’argent, on va avoir de plus gros tournois et avoir de plus grosses opportunités.
Photo : Andrew Redington / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP