Romain Langasque, qui retrouvait la compétition au Kenya après deux semaines de repos, revient sur les récentes réformes dévoilées par le PGA Tour pour 2024. Pour lui, les joueurs du DP World Tour, instance qui a signé en novembre 2020 une alliance avec le Circuit US, sont dans le flou.
Propos recueillis par Lionel VELLA
Quel est votre avis sur les réformes annoncées par le PGA Tour concernant le calendrier 2024 ?
Ce que je trouve assez hypocrite quelque part, c’est que cela donne beaucoup plus de crédibilité au LIV Golf. On se souvient que le PGA Tour a été très dur vis-à-vis du LIV Golf par rapport aux points mondiaux, au fait qu’il n’y ait pas de cut instauré et que les tournois se disputent sur trois tours. Là, maintenant, le PGA Tour annonce procéder un peu de la même façon. Au passage, c’est ce que Phil Mickelson voulait d’ailleurs réaliser avec le PGA Tour depuis une quinzaine d’années. C’est donc un peu spécial comme procédé. Après, je comprends qu’ils veulent récompenser les meilleurs mais pourquoi ne l’ont-ils pas fait avant ? Pourquoi annoncent-ils ces réformes, là, au tout début du mois de mars ?
Cela peut-il remettre en question l’alliance avec le DP World Tour ?
Je pense que 2024 va être une année test. On va voir de quel genre de catégorie vont hériter les dix joueurs qui grimperont sur le PGA Tour via le Tour européen à la fin de la saison. Quels tournois vont-ils pouvoir jouer ? Comment tout ça va évoluer ? Rory (McIlroy) aimerait que certains « Elevated Events » se disputent en Europe… Les joueurs du DP World Tour auront-ils alors accès à ces événements ? En fait, aujourd’hui, j’ai l’impression que cette stratégie d’alliance, ce n’est que du blabla… Tout est écrit noir sur blanc sur un papier mais ça n’apporte pas grand-chose pour l’instant. C’est quand même très flou tout ça. C’est pour cela que j’espère que 2024 sera l’année où cette alliance prendra enfin de l’épaisseur.
Les dix mecs qui vont arriver sur le PGA Tour, je les compare à ceux qui grimpent sur le DP World Tour via les PQ3. Sur les dix, il y en aura peut-être un ou deux qui garderont la carte à la fin de l’année
Romain Langasque
Etes-vous étonné par l’actuel « silence radio » des dirigeants du DP World Tour vis-à-vis de ces changements sur le PGA Tour ?
Keith Pelley (Ndlr, le Directeur général du DP World Tour) n’a pas son mot à dire. Aujourd’hui, ce sont les deux ou trois meilleurs joueurs au monde qui dirigent ça en collaboration avec Jay Monahan, le patron du PGA Tour. Je ne pense pas que Keith Pelley a vraiment son mot à dire, si ce n’est de nous souligner que c’est génial, que de l’argent va être injecté dans le Tour européen et qu’on gagnera mieux notre vie. J’ai vu qu’Eddie Pepperell avait poussé une gueulante sur Twitter. Ce qu’il a dit est parfaitement résumé. On voit juste que les 50-60 meilleurs du PGA Tour vont avoir accès à des tournois à 20 millions de dollars. Sauf si vous passez à côté de votre saison, cela vous assure d’être à l’abri toute votre vie. On ne peut plus perdre sa carte… Bref, au final, c’est un peu un système du LIV Golf déguisé…
Quel avenir imaginez-vous pour les dix joueurs du Tour européen qui obtiendront leur droit de jeu sur le PGA Tour 2024 ?
Ils vont jouer des gros tournois mais ce sera un peu comme la différence que l’on peut faire sur le DP World Tour entre un tournoi comme le Magical Kenya Open et un Rolex Series. Tu termines 9e du Kenya, tu vas prendre 50 points et 35 000 euros. Tu finis 20e d’un Rolex Series, tu vas prendre 90 000 euros et 90 points. La différence est trop importante. D’autant plus qu’il n’y aura pas de cut. Les dix mecs qui vont arriver sur le PGA Tour, je les compare à ceux qui grimpent sur le DP World Tour via les PQ3. Sur les dix, il y en aura peut-être un ou deux qui garderont la carte à la fin de l’année. Les autres ? Basta ! Déjà, c’est dur mais là ça va rendre les choses encore plus dures… Au lieu d’avoir 120 places sur un tournoi, il n’y en aura plus que 60… En conclusion, et je le répète, je trouve ça assez hypocrite de la part du PGA Tour d’avoir fait des annonces qui vont, finalement, dans le sens du Circuit concurrentiel.
Photo : Andrew Redington / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP