C’est un Romain Wattel heureux, rassuré, serein, qui va prendre le départ jeudi du Vierumäki Finnish Challenge, sur un parcours qu’il ne connaît pas du tout. Fort de sa 2e place au Scottish Challenge dimanche, à un coup du vainqueur, il est revenu lundi dans le top 50 de la Road to Mallorca. Interview exclusive d’un joueur qui a enfin « retrouvé le plaisir de jouer. »
Propos recueillis par Daniel ORTELLI
« C’est plus facile d’avoir la banane quand on fait des pars et des birdies », nous confie ce mardi par téléphone Romain Wattel, revenu lundi dans la course au top 50 du Challenge Tour grâce à une solide 2e place dimanche au Scottish Challenge, du côté d’Aberdeen. Des pars et des birdies (23 en Ecosse, et un eagle), il en a fait beaucoup ce week-end, pour rendre quatre cartes dignes de son niveau de septembre 2017 quand il a remporté son plus gros tournoi professionnel, le KLM Open.
Pendant trois jours sur quatre, il a joué avec le futur vainqueur, Sam Bairstow. Et il n’a pas à rougir de la comparaison avec l’Anglais de 25 ans : un coup d’écart seulement au début (70-68 pour l’Anglais, 69-70 pour le Français), puis égalité parfaite samedi et dimanche, 66 et 65. « On s’est tirés vers le haut et il a été ultra solide dimanche, il ne m’a laissé aucune ouverture, donc je n’ai aucun regret », résume l’ancien numéro 1 mondial amateur, passé pro en 2010.
J’étais dans un cercle vicieux. J’ai décidé de voir le golf de manière un peu plus détachée, en étant plus concentré sur le jeu
Romain Wattel
A 32 ans, au bout d’une longue traversée du désert, rythmée par beaucoup de cuts manqués ces derniers mois, Romain Wattel a décidé de « changer des choses, parce que j’étais dans un cercle vicieux, dans la frustration. J’ai décidé de voir le golf de manière un peu plus détachée, d’être un peu plus dans le jeu, moins dans le practice et la technique. Le golf est un sport difficile et il faut être son propre coach, j’ai décidé d’avoir une approche différente. »
A deux coups de l’Asian Tour…
Au tout début de l’année, il y a eu un dernier coup dur, la non-qualification pour l’Asian Tour, à deux coups près. « J’étais très déçu. Ils m’ont appelé à la dernière minute pour jouer les qualifs, je suis parti m’entraîner un peu à Dubaï, mais j’étais un peu juste. C’est dommage, car il y a de beaux tournois sur l’Asian Tour… » Faux départ, donc, mais avec son coach, Alain Alberti, qui s’occupe aussi de Julien Sale, entre autres, il s’est remis sur de bons rails.
« Je n’ai plus de catégorie européenne, donc je dois remercier la FFG qui m’a obtenu quelques invitations, mais ce n’était pas évident, car nous sommes de nombreux joueurs français à en demander. Dans un premier temps, je visais des top 10 pour être qualifié dans d’autres tournois, sans demander d’invitation. Ça faisait longtemps que je n’avais pas joué la gagne. »
56 places de gagnées à la Road to Mallorca, 557 au classement mondial !
Si l’on regarde ses derniers résultats, Romain Wattel est sur la bonne voie : 5e de l’Euram Bank Open (-11) à la mi-juillet, 28e du German Challenge, en jouant dans le par, et donc 2e du Scottish Challenge (-14), ça fait une belle moisson de points et un résultat concret : lundi matin, le Français a fait un bond de 56 places au classement de la Road to Mallorca, jusqu’au 41e rang, ce qui devrait lui permettre d’obtenir des invitations supplémentaires pour la dernière ligne droite de la D2 européenne.
Encore mieux, cette 2e place à Aberdeen lui a permis de gagner 557 places d’un seul coup au classement mondial (OWGR), pour pointer désormais au 837e rang. C’est encore très loin de son meilleur classement historique (94e en 2015) mais c’est bon pour le moral. « Ça fait plaisir, surtout que je m’amuse plus que par le passé. Le golf reste ma passion », sourit l’ancien élève de Patrice Léglise à Chantilly, puis de son frère Olivier à Arcangues.
« L’objectif, c’est de faire une semaine encore la plus solide possible. Mais d’abord, j’ai un Pro-Am à jouer, ça va me permettre de découvrir ce parcours… » Romain Wattel est donc de retour, 13 ans après sa seule et unique victoire sur le Challenge Tour, en septembre 2010, à l’Allianz Europen Strasbourg-Golf de la Wantzenau, alors qu’il était encore amateur. C’est à suivre toute la fin de semaine au Vierumäki Finnish Challenge, au nord d’Helsinki. Et sur Golf Planète, bien sûr…
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