A la veille de faire son retour à la compétition à l’occasion du Scottish Open, Rory McIlroy a évidemment été questionné sur la manière dont il avait digéré son échec à l’US Open, à Pinehurst. Après trois semaines de repos, le n°2 mondial se dit en paix et prêt à tourner la page alors que se profile une nouvelle occasion de renouer avec la victoire en Majeur, l’Open britannique, la semaine prochaine.
Avez-vous vu la plaque qui commémore votre coup victorieux l’an passé dans ce Scottish Open ?
Non, pas en réalité, mais je l’ai vue sur le web oui. La première fois, il y avait une faute à mon nom. Heureusement elle a été corrigée depuis ! Évidemment c’est bon de revenir jouer ce tournoi, ce sont des bons souvenirs.
Vous n’avez pas parlé à la presse depuis votre finish manqué à l’US Open il y a trois semaines. Où en êtes-vous aujourd’hui avec ce qu’il s’est passé à Pinehurst ?
Ce dimanche à Pinehurst, je pourrais le décrire comme une très belle journée avant qu’elle ne le soit plus du tout. J’ai fait ce jour-là des choses que je n’avais pas faites depuis des années. J’ai pris le contrôle du tournoi. J’ai rentré des bons putts quand j’en avais besoin. Enfin, pour la plupart… Je me suis donné une chance. Et puis il y a eu ces putts malheureux aux trous 16 et 18.
Oui, c’était une journée douloureuse. Et ses effets ont duré quelques jours. Mais peu à peu, j’ai commencé à penser à cette semaine de l’US Open de façon plus positive. Il y a des choses à retenir de ça. Quand j’y repense, je dois avouer que j’ai commencé à me sentir mal à l’aise quand j’ai attendu pour jouer ce petit putt au 16. Je savais parfaitement où en était Bryson (DeChambeau). J’ai réalisé que je devais taper ce putt doucement. Il était en descente. Je ne pouvais pas le frapper fort. J’ai commencé à trop y penser.
En repensant à tout ça, je crois que j’ai trop regardé ma situation par rapport à celle de Bryson sur les derniers trous. J’ai commencé à trop calculer. Je suis sorti de mon petit monde.
C’est certainement l’un des moments les plus difficiles de ma carrière. Mais j’espère qu’il me servira d’expérience pour la suite et que j’en ressortirai plus fort. C’est un peu le thème de ma carrière. J’ai su transformer des expériences pénibles pour aller conquérir de belles choses ensuite.
J’ai commencé à regarder où en était Bryson, je suis sorti de mon petit monde.
Combien de jours ont été nécessaires pour cette « digestion » ?
Quelques-uns, pas trop. Je suis parti vers Manhattan le soir-même et j’y ai passé quelques jours, ce qui était prévu initialement puisque je devais jouer le Travelers Championship. J’ai finalement visité New York. J’ai traversé la High Line plusieurs fois. On ne m’a pas trop reconnu, j’étais avec mes Airpods…
Je me suis retrouvé seul avec moi-même, j’ai passé quelques coups de fil… J’ai échangé avec quelques proches. Et j’ai vite remarqué que je voulais vite me remettre au travail pour me sentir prêt pour l’Open britannique à Troon.
Que feriez-vous différemment si vous vous retrouviez dans cette situation près d’une victoire d’un Majeur, pourquoi pas à Troon justement ?
Et bien c’est un peu le problème. Pas grand-chose de différent en fait. Comme je l’ai dit, c’est une très belle journée avant que ce ne le soit plus. Je dirais juste que dans le final, ma routine d’avant coup est devenue un peu longue. Je me suis replacé quelques fois derrière la balle, j’ai voulu reprendre mes repères. Et j’ai sans doute trop pensé à ce que faisait mon adversaire sur le parcours.
Je me suis promené plusieurs jours sur la High Line à New York, je suis resté seul avec moi-même.
Votre caddie Harry Diamond a été beaucoup critiqué par différents observateurs, notamment sur le choix du club au trou n°15, qu’avez-vous à leur dire ?
Ce n’est pas parce que Harry n’est pas très bavard qu’il ne dit rien ou n’agit sur rien sur le parcours.
Où étaient ceux qui le critiquent quand j’ai gagné à Dubaï, à Quail Hollow, quand j’ai gagné deux FedEx Cups avec Harry, deux Ryder Cup ? Ils ne sont jamais là pour dire que Harry fait du bon boulot quand je gagne. De toute façon, ils ne sont pas sur le parcours, il ne sont pas ceux qui prennent les décisions. Nous les prenons ensemble avec Harry.
Pas de regret d’avoir quitté le parcours sans un mot ?
Absolument pas. Je n’étais pas en état de parler. Bien sûr j’aurais pu vous donner à vous (journalistes) des phrases intéressantes à exploiter… Mais je dois dire qu’à cet instant, vous étiez le dernier de mes soucis (sourire)…
Vous avez reçu beaucoup de messages soutiens pendant cette période, notamment celui de votre ami Shane Lowry à travers un post sur les réseaux sociaux. A quel point avez-vous apprécié cela ?
J’ai reçu beaucoup de messages de soutien, du monde du golf, mais pas seulement, du monde du sport en général. C’est agréable.
J’ai senti surtout que j’étais entouré par les bonnes personnes. Dans les moments difficiles comme à Pinehurst, c’est appréciable de réaliser cela…
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