La deuxième journée de l’Open britannique a été dantesque. Le vent a presque tout emporté sur son passage dans l’après-midi. Un énorme Justin Rose a su résister aux rafales et à se hisser à portée du leader irlandais, Shane Lowry, mieux servi par les conditions matinales. Matthieu Pavon a également été épatant. Le cut a fait de très gros dégâts…
De notre envoyé spécial à Troon, G.B.
Quelle journée de golf ! Celle-ci restera dans les mémoires… On a vu beaucoup de mini drames ce vendredi 19 juillet. Des explosions, des triple bogeys, des quadruples bogeys. Même un quintuple. On a vu des grands joueurs de golf braves dans la tempête, résilients, persévérants.
On a vu aussi des champions mettre un genou à terre. Hisser le drapeau blanc. Car dans ces conditions de jeu, avec un vent sud-ouest qui a balayé le parcours de rafales atteignant parfois les 50 km/h, le Royal Troon était le plus fort.
Les meilleurs du monde ont plié et beaucoup ont cédé. Les scores ont été lourds, très lourds. La preuve par les chiffres.
Un Anglais de 43 ans mérite la palme d’or du meilleur golfeur du monde parmi ceux qui ont eu la malchance d’être en représentation cet après-midi.
Dans la matinée, Shane Lowry avait eu le beau rôle. Attention, on ne dit pas que l’Irlandais n’a pas mérité sa place de leader. Mais sa performance, déjà XXL, est peut-être moins extraordinaire que celle réussie trois heures plus tard par Justin Rose.
Le vainqueur de l’US Open 2013 a signé peut-être le plus beau 68 (-3) qu’on a vu depuis bien longtemps. Car il a joué au pire moment de la journée.
Un rugissement à vous donner des frissons
En deux jours de très mauvais temps, sur un parcours devenu dantesque, Rose n’a commis qu’un seul bogey. Un seul bogey en 36 trous, survenu ce vendredi sur le 12. C’est un exploit, le mot n’est pas trop fort puisque la moyenne du reste du champ se situe autour de neuf bogeys en 36 trous.
Je travaille dur pour vivre l’été indien de ma carrière, essayer d’en chiper un (majeur) pour que ma carrière devienne vraiment fantastique.
Justin Rose
Celui qui a gagné la Ryder Cup à Rome aux côtés de Shane Lowry avait dû passer par les qualifications pour obtenir sa place à Troon. Son amour pour l’Open britannique est immense. Et ses fans le lui rendent bien. Quand il a rentré son dernier birdie sur le 18e green, le public a poussé un rugissement à vous donner des frissons…
Biggest roar of the week so far. A birdie on the 18th for Justin Rose. What a round. pic.twitter.com/4qSnbLEISG
— The Open (@TheOpen) July 19, 2024
Justin Rose n’a pas gagné le tournoi, puisqu’on en n’est qu’à mi-parcours et qu’il compte deux coups de retard, mais il a gagné un respect éternel pour ceux qui ont suivi sa performance exceptionnelle.
« C’était vraiment top de terminer par un birdie dans cette ambiance, a apprécié Rose. C’était une dure journée de travail, une bonne journée de travail, qui s’est terminée de la meilleure des manières. »
Le voici deuxième du tournoi à égalité avec son compatriote Daniel Brown, le leader surprise du premier jour qui, lui aussi, s’est bien défendu dans les bourrasques de la mi-journée.
Le trio britannique est détaché du reste du champ puisque Rose et Brown comptent trois coups d’avance sur les joueurs figurant au 4e rang. Seulement dix joueurs ont battu le parcours après 36 trous. Parmi eux, seul Justin Rose a joué vendredi après-midi…
Niemann et MacIntyre, les montagnes russes
Le carnage fut tel à l’heure de “l’afternoon tea” qu’on a du mal à énumérer les mésaventures des champions.
On citera le quintuple bogey du joueur du LIV Golf, Joaquin Niemann, sur le minuscule trou du “Timbre poste” qui est d’autant plus marquant que le Chilien a réussi quatre birdies sur le retour pour gommer cette catastrophe de la plus belle des manières.
Dans la même veine de ces cartes façon montagnes russes, Robert MacIntyre, le “local hero”, était +8 après quatre trous (oui, quatre trous seulement) mais il a signé ensuite quatre birdies sans aucune autre erreur pour aller chercher le cut.
Le cut, justement, a fait des immenses dégâts. Franchir le cut à “The Open”, c’est un petit bonheur en soi, que Max Homa est allé chercher sur le dernier trou comme un grand. Sa joie extatique est aussi la démonstration des ressources mentales déployées par les joueurs pour relever le défi de Troon aujourd’hui.
This is what it means. @Maxhoma with a birdie on the last to keep his Open dream alive. Clutch. pic.twitter.com/ANbcn3iOIc
— The Open (@TheOpen) July 19, 2024
Le cut fait un carton
Mais tous n’ont pas eu ce même moment de plaisir. Le cut finalement fixé à +6 a éjecté du tournoi des stars du box office. Pour ce qui est de l’élimination de Tiger Woods, on le savait déjà depuis la fin de matinée et ce n’était pas une surprise.
Mais les autres… Énumérons ici, dans l’ordre du classement mondial, les éliminés de marque. Rory McIlroy (n°2), score final +11 Ludvig Åberg (n°4), score final +9 Wyndham Clark (n°5), score final +16 Viktor Hovland (n°7), score final +10 Bryson DeChambeau (n°9), score final +9 Sahith Theegala (n°11), score final +14 Tommy Fleetwood (n°12), score final +9.
Evidemment, ces champions étaient du mauvais côté du “draw” (tirage) et ont été victimes des caprices de “Mother Nature” comme disent les Britanniques.
Mais certains comme Justin Rose ont su braver les éléments, comme Jon Rahm, auteur d’un remarquable 70 (-1) qui sonne comme un retour aux affaires pour l’Espagnol.
Et comme Matthieu Pavon (72), qui s’est battu comme un lion pour franchir son premier cut à l’Open britannique. Son superbe finish (deux birdies sur ses trois derniers trous) le propulse dans le Top 20. Le Bordelais est décidément devenu un homme de Majeur.
Vivement la suite. Qui s’annonce encore ventée… et pluvieuse.
Le leaderboard
Les éliminés
©ANDY BUCHANAN / AFP)