
Longtemps, très longtemps, on a pensé que Collin Morikawa mettrait fin à 503 jours sans victoire. Mais le n°5 mondial s’est fait doubler à deux trous de la fin de l’Arnold Palmer Invitational par Russell Henley, auteur d’un chip rentré synonyme d’eagle au trou n°16. Et c’est finalement le discret mais si solide joueur de Géorgie qui est allé chercher son 5e succès sur le PGA Tour, le plus beau de sa carrière.
Quand, à l’issue du 3e tour, la journaliste de la télévision américaine avait rappelé à Collin Morikawa qu’il n’avait plus gagné depuis 502 jours, le n°5 mondial avait répliqué, un soupçon agacé : « Et vous comptez les heures aussi ? »
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Le double vainqueur en Majeur n’a sans doute pas trop aimé devoir aborder ce sujet sensible. Son palmarès est pourtant déjà riche pour un homme de 28 ans, mais le Californien n’a pas des bonnes statistiques quand il mène après 54 trous, et ce depuis de longs mois. Ce nouvel échec dans cette position de leader après trois tours est le cinquième, pour une seule victoire.
Quand on rembobine le film de ce dernier acte de l’Arnold Palmer Invitational, on a à la fois du mal à comprendre comment Collin Morikawa a pu laisser échapper la victoire, alors qu’il a mené avec un minimum de deux coups d’avance jusqu’à cinq trous de la fin. Un dernier acte entamé comme dans un rêve avec une sortie de bunker synonyme de birdie sur le trou n°1.
No putter needed!@Collin_Morikawa leads by two after a birdie at the first @APInv.
📺 Golf Channel pic.twitter.com/C2FFRtdm4G
— PGA TOUR (@PGATOUR) March 9, 2025
Mais on a aussi deviné, au fil des trous, que le vainqueur de The Open en 2021 au Royal St George’s n’était pas totalement libéré, sans doute à cause de cette malédiction du dernier tour et de cette absence de victoire depuis un an et demi. D’évidence, il n’était pas autant “en contrôle total de son jeu” comme la veille où il avait claqué un splendide 67. Et ce qui devait arriver arriva.
Morikawa, encore raté
Longtemps, on a eu le sentiment que ses poursuivants immédiats, Russell Henley, Corey Conners et Jason Day, faisaient du surplace. Mais son partenaire dans la dernière partie, Russell Henley, n’a jamais abdiqué. Un premier tournant est survenu au trou au trou n°14, avec un bogey du leader et un birdie de son dauphin qui l’a rapproché à un coup.
Mais c’est au 16 que la bascule s’est faite : tandis que Morikawa devait se contenter du par sur ce court par 5 après un drive égaré, Henley rentrait un chip très délicat pour eagle pour passer en tête ! Un petit exploit salué discrètement par le nouveau leader, avec une petite claque dans la main de son caddie.
HENLEY HOLE-OUT!! 🦅
From 1 back to 1 ahead with one perfect chip.
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— PGA TOUR (@PGATOUR) March 9, 2025
Ce chip in était un vrai coup de massue sur la caboche de Morikawa, et un vrai coup de champion du discret Henley, le spécialiste des greens en régulation, un véritable homme de fers, souvent placé dans les grands rendez-vous, mais rarement gagnant.
Je n’arrive plus à respirer, ce parcours vous met tellement sous pression
Russell Henley
Sur les difficiles trous 17 et 18, le natif de Macon en Géorgie tenait la pression pour signer deux pars solides qui lui assuraient sa 5e victoire sur le PGA Tour, la première depuis le World Wide Technology Championship en novembre 2022.
The biggest win of Russell Henley’s career comes at Arnie’s Place! 🏆 pic.twitter.com/Exbzohgpd6
— PGA TOUR (@PGATOUR) March 9, 2025
La plus belle de sa carrière aussi, qui récompense une formidable régularité au plus haut niveau depuis quelques mois, avec notamment une 7e place à l’US Open et une 5e à l’Open britannique, deux épreuves aux parcours ô combien exigeants, comme le fut ce Bay Hill “made in” 2025.
« Je n’arrive plus à respirer, ce parcours est tellement difficile, la pression est tellement grande ici, plaisantait le vainqueur après son putt victorieux d’un mètre. C’est tellement fort. Je me rappelle des putts de Tiger quand il a gagné ici, huit fois, Rory aussi, et Bryson. J’étais incroyablement nerveux. J’ai eu pas mal de chance cette semaine avec plusieurs coups rentrés depuis l’extérieur du green comme aujourd’hui au 16. »
Avec cette victoire célébrée tout en retenue mais en famille avec sa femme Teil Duncan et leurs trois enfants, Russell Henley devrait s’emparer de la 7e place mondiale, il bondit aussi au 2e rang de la FedExCup derrière Sepp Straka, excellent 5e et meilleur Européen. Surtout, comme l’Autrichien, il inscrit des points précieux dans la course à la qualification pour la Ryder Cup, qu’il n’a encore jamais jouée.
Henley, Straka, Lowry et… Bradley marquent des points
Son probable futur capitaine a dû apprécier. Auteur d’un aller record à Bay Hill (29!), Keegan Bradley partait de trop loin pour venir chatouiller les leaders. Mais Captain America, 5e, a prouvé que sa quête de devenir le premier capitaine-joueur, depuis Arnold Palmer en 1963, à Bethpage était envisageable.
Quant à Rory McIlroy et Scottie Scheffler, ils ne sont pas parvenus à allumer l’étincelle et se sont vite battus pour des places d’honneur. Le Nord-Irlandais a terminé 50e à la précision au driving et le tenant du titre échoue au 49e rang au putting. Ils savent ce qu’ils doivent améliorer pour le Masters…
Le podium du tournoi est complété par le Canadien Corey Conners, qui décroche ainsi sa place pour l’Open britannique à Portrush. Septième, Shane Lowry marque lui aussi des points importants dans sa quête d’un ticket pour Bethpage…
Le leaderboard
©Photo Mike Ehrmann / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP