Qui peut réunir dans un « Golf Summit » des noms du golf aussi prestigieux que Gary Player, Greg Norman, Robert Trent Jones, David McLay Kidd, David Leadbetter mais aussi des gestionnaires de golf comme IMG ou Troon, des banquiers, des promoteurs et des investisseurs de premier plan, des associations de pros ou des médias internationaux ?
Beaucoup auront pensé à Dubai, la Chine ou les États-Unis, peu auraient mentionné l’Arabie Saoudite. Et pourtant le monde du golf connaitra dans les années à venir un nouvel acteur de tout premier plan car telle est la décision prise par le gouvernement de ce Royaume qui dispose des éléments nécessaires à cette ambition : la terre, la population, la météo et l’argent. Le golf sera une des politiques mises en place dans une stratégie d’ouverture touristique décidée l’an dernier par le prince héritier Mohammed Ben Salman.
Pour donner un exemple précis, les premiers visas touristiques viennent d’être accordés -trois jours pour en obtenir un- et le premier site proposé à la visite est Al-Ula décrit par Le Monde comme « une mine d’or : un territoire grand comme la Belgique et quasiment vierge, jalonné de tombeaux antiques taillés dans la roche, de graffitis plurimillénaires, de palmeraies verdoyantes et de concrétions aux formes spectaculaires… ».
Pour le golf, il faudra certes attendre un peu : le royaume dispose seulement de 7 parcours, dont deux privés, pour 700 joueurs saoudiens ou étrangers expatriés. Mais le coup d’envoi est donné et les premiers contrats significatifs ont été signés comme celui qui permettra à Greg Norman de dessiner un 27 trous à Diriyah, à 30 mns au nord de Ryad.
Le Golf Summit qui vient de se tenir sur deux jours dans la Abdullah Economic City sur les bords de la Mer Rouge à une heure de Djeddah faisait suite au tournoi de l’European Tour, le Saudi Open, gagné par Graeme MacDowell qui avait résisté aux attaques de Phil Mickelson, Dustin Johnson, Brooks Koepka, ou de nos Victor, Perez et Dubuisson.
Bien évidemment, l’Arabie Saoudite ne sera ni l’Espagne, ni le Maroc, ni même Dubai dans les proches années à venir. Il faudra du temps mais les choses se mettent en place. D’autant que le bras droit du prince MBS n’est autre que Yasir Al-Rumayyan, président de la fédération Saudi Golf, dont le directeur général est Majed Al-Sorour qui mettra en place cette politique ambitieuse de développement (écouter la vidéo jointe).
Les débats de ce sommet international ont mis en valeur des axes prioritaires qui concernaient les domaines suivants :
L’intégration du golf dans la population : la construction de parcours ne sera pas uniquement à but touristique. Le premier public visé est le marché local : une incitation de pratique auprès des jeunes est déjà programmée. Il est prévu que chaque golf accueillera toutes les semaines des groupes de 30 enfants pour les initier au golf. Ce sport n’est pas vu uniquement comme une pratique physique mais comme un élément de l’éducation publique souhaitée…
L’environnement à préserver : plusieurs experts ont présenté leurs travaux qui seront intégrés aux cahiers des charges des parcours à construire afin de protéger la faune et le flore, souvent de races endémiques. Cette défense de l’environnement bénéficiera de l’aide du royaume en faveur des techniques d’innovation
L’appel aux investisseurs privés : est privilégié, investisseurs qui devront ensuite recevoir l’aval du gouvernement saoudien
Les autres points évoqués concernent : les accès et les infrastructures, les événements et les manifestations sportives, l’accueil touristique.
Majed Al-Sorour a déclaré que « Le golf exige un engagement de tout instant. Il convient de maitriser les bases de notre politique. Ce sport demande une gouvernance, une étiquette et une discipline. Ces valeurs font partie de l’Arabie Saoudite moderne… ». Cette stratégie de développement général a été clairement définie dans un document intitulée : Vision 2030.
Dans ce document, il est ainsi annoncé que le royaume dépensera 64 milliards de dollars dans l’industrie des loisirs…
Pour revenir au golf, les objectifs pour cette fin de décade, sont les suivants : 27 000 licenciés et un million de personnes initiées. Mais aussi obtenir un autre tournoi européen ou même PGA.
Et pour accélérer les constructions de golfs, il est imaginé que la construction d’un parcours ne devrait excéder deux ans.
L’Arabie Saoudite joue la carte du tourisme avec le golf comme une des locomotives choisies.
Quant à la World Golf League dont il a beaucoup été question dans les journaux américains, le sujet n’a pas été abordé. Dans les coulisses, il se disait simplement que cette idée n’est pas nouvelle mais pas encore sur la table de négociations. Et à l’avenir, il apparaît que le royaume saoudien pourrait être plus actif auprès d’European Tour sans se lancer dans une bataille avec la PGA américaine.
Un sommet qui a marqué les esprits des participants par son professionnalisme et son volontarisme. Un nouvel acteur mondial du golf est né.
Roland Machenaud, envoyé spécial