Néo-capitaine du Team Europe en Solheim Cup, la belle dame de Norvège était du récent One Green Way Pro-Am en Algarve pour le plaisir de retrouver son swing en hibernation.
«Tout commence quand je remporte (à 18 ans) le Championnat du Monde Amateur à Berlin en 2000. Si la France (Maïtena Alsuguren, Virginie Auffret, Karine Icher ) s’adjuge le trophée par équipes, je remporte le titre individuel avec une belle avance, convaincue dès lors d’être assez costaude pour rejoindre le tour féminin européen (LET). Mes résultats me permettent l’Open de France 2001 que je gagne et chéris encore, avec une invitation à l’Evian Masters où je finis 11e, rencontrant des figures de proue du golf féminin m’incitant à passer sur le LPGA Tour rejoint en 2003 sur une seule visite à la Q-School».
Son palmarès s’y étoffera de quinze titres à ajouter aux sept gagnés en Europe, dont deux majeurs à son nom (le LPGA et le 1er Evian Championship). «Je crois que mes neuf sélections en Solheim Cup ont plus changé ma vie que ces succès-là, probablement parce que je suis plus partageuse que solitaire».
Difficile à avaler
Sans y être poussée, Suzann aborde le délicat sujet de l’édition 2015. «A St Leon-Rot, près de Nuremberg, peut-être décalée par la fatigue après trois sorties en double dans une météo approximative, j’immole carrément la petite Alison Lee (USA) pour avoir levé sa balle à quelques centimètres du trou au No 17 sans mon feu vert, nous donnant le point en jeu. OK pour la règle, pas la morale. Pas pour l’ambiance, même dans mon camp».
Une réaction qu’elle regrette aujourd’hui notamment parce qu’elle a remis les Américaines en selle.
« Plus cool aujourd’hui, je me rends bien compte de cette bévue longtemps reniée. Ma colère a reboosté le Team USA qui gagnait le match d’un point après en avoir compté quatre de retard».
Revanche joyeuse
Le hasard fait qu’elle ne joue pas le match 2017 à Des Moines (Ohio), son dos étant trop récalcitrant. Ecartée de la compétition, vivant un peu plus pour elle avec le bonheur d’un beau bébé, elle descend à la 620e place mondiale, ne jouant que deux tournois sans passer le cut.
Surprise globale, elle se voit pourtant choisie par Catriona Matthew pour la Solheim Cup 2019. Copinage? Nouveau crépage de chignons…
Un de trop, mais Suzann Pettersen met tout le monde d’accord à Gleneagles en entrant un putt pas commode pour la victoire sur le dernier trou des singles, suivi d’une réaction à vif dont les images ont fait le tour du monde.
«Marquée par cette gym, ma joie était double. Victorieuse bien sûr, mais aussi libérée de ce mauvais singe sur l’épaule. A 38 ans, je sentais aussi que j’étais moins mordante, avec une vie de famille plus prenante. Sortir de la compétition n’était que normalité, surprenante sans doute pour d’aucuns».
Du côté d’Oslo, la carrière victorieuse de cette icône du golf inspire de nouveaux talents tel Viktor Hovland, 25 ans, vainqueur de l’US Amateur et tête d’affiche du PGA Tour. Il sera un modèle pour les petits comme elle l’a été pour lui.
Capitanat et Seniors ?
Vous aurez bientôt 42 ans et ne le cachez pas. En dehors des rôles et des obligations que vous assurez déjà, seriez-vous séduite par un Ladies Senior Tour?
«J’aime toujours le jeu, mais ça ne peut se faire que si je suis et reste compétitive. Comme Lorena Ochoa et d’autres. Je ne suis pas juste un poster… Sur le terrain, je vois les coups à jouer. Les réaliser n’est pas facile et ça me manque. Mais être capitaine du Team Europe pour la prochaine Solheim Cup me remet vite dans le bain, en jouant avec l’une ou l’autre des candidates, par exemple lors du récent tournoi Aramco par équipes à Jeddah».
A la lecture des teams possibles aujourd’hui, mais la saison ne fait que commencer, la sélection sera-t-elle un problème quand on connait la qualité probable du Team USA?
«Mais pas du tout. Mon team est le plus fort, au moins sur le papier. On n’a jamais eu six joueuses classées parmi les 25 meilleures qui soient. Leurs noms ne parlent peut-être pas au public, mais les MacGuire, Sagström, Grant, Stark, Dryburgh, Castren et autres Boutier sont de sacrés numéros. Si je devais composer le team maintenant, je n’aurais aucun complexe pour Finca Cortesin en septembre».
Bien que détachée du golf de compétition, et sans nous dire qui a raison ou tort dans l’affaire LIV Golf, avec une première décision de justice très attendue, que feriez-vous pour arrêter ce falbala?
«Travaillant ensemble, ils seraient bien plus forts. Aujourd’hui, personne ne peut gagner. Le respect en prend un coup. La noble tradition du jeu aussi. Faudrait que ces gens se parlent. Et un baisser de rideau cette année encore? Non!»
Photo © ANDY BUCHANAN / AFP Solheim cup