Quintuple vainqueur du Masters, Tiger Woods est apparu les traits tirés en conférence de presse ce mardi à Augusta. Son plaisir de participer à la fête mais aussi son état de forme, qui pose question, ont été au centre des discussions. Le temps ne joue pas en sa faveur, et il le sait.
Lionel VELLA, envoyé spécial à Augusta
Neuf trous dimanche, même chose lundi en compagnie de ses amis Fred Couples et Rory McIlroy et du petit génie sud-coréen, Tom Kim, Tiger Woods a remis ça ce mardi matin sur les neuf premiers trous de l’Augusta National Golf Club. Cette fois avec Justin Thomas et l’inévitable Fred Couples.
Une sortie toujours scrutée de près par les fans mais aussi les nombreux observateurs présents sur place. Des coups de driver droits et souvent précis, mais aussi un étirement au 7 pour soulager une jambe droite qui continue de lui procurer ce petit boitillement et qui accentue un peu plus encore les interrogations quant à sa prestation d’ensemble cette semaine dans ce 87e Masters de l’histoire.
Ça fait un peu plus mal que l’année dernière simplement parce que lors de mon retour, je n’avais pas autant sollicité ma jambe
« Je pense que mon jeu est meilleur que l’an dernier à la même époque, prévient-il. Je pense aussi que je suis plus endurant qu’il y a un an. Mais ça fait un peu plus mal que l’année dernière simplement parce que lors de mon retour, je n’avais pas autant sollicité ma jambe. C’est après qu’il a fallu un peu plus de temps pour se remettre de l’événement (Ndlr, il avait réussi l’exploit de franchir le cut et de prendre la 47e place). »
Trois tournois seulement en 2022 (le Masters, un abandon après trois tours au PGA Championship et un cut manqué à The Open) n’ont guère été rassurants avant de le revoir sur le PGA Tour en février dernier au Genesis Invitational pour une très anecdotique 45e place malgré un score négatif (-1). Bien maigre tout ça pour se faire une idée…
J’aimerais que ce soit plus facile. J’ai encore trois ans avant de prendre la voiturette
« J’ai joué en février à Los Angeles, puis j’ai pris un peu de temps libre avant de me préparer pour ça. Aujourd’hui, je dois être conscient de ce que je peux faire. Comme le disait Rory (McIlroy), je peux frapper beaucoup de coups mais la difficulté pour moi va être de marcher sur ce parcours. C’est comme ça. J’aimerais que ce soit plus facile. J’ai encore trois ans avant de prendre la voiturette (sur le PGA Tour Champions)… »
Interrogé lundi sur l’état de forme de son ami, Fred Couples n’avait pas botté en touche. « Autant quand il frappe la balle, c’est vraiment super ce qu’il fait. Il ne rate jamais un coup. Autant sur un plan physique… Quand il dit qu’il ne va jouer que quatre tournois et que le Masters en fait partie, on est dans le vrai. Mais il est vrai aussi que ça ne sera pas facile pour lui. »
Chaque apparition du Tigre dans un Majeur est donc une victoire contre l’horloge du temps. L’Américain a soufflé en décembre dernier ses 47 bougies. Le reverra-t-on encore longtemps ici à Augusta, là où tout a commencé pour lui en 1997 ? Il n’avait pas encore 22 ans.
C’est plus difficile pour moi maintenant. Je ne joue pas autant de tournois et je ne m’entraîne plus autant qu’avant
« L’an dernier, je ne savais pas si j’allais un jour rejouer au golf au plus haut niveau, souligne-t-il lucide. J’ai réussi à faire le cut pour mon retour, c’était bien. C’était comme une petite victoire pour moi. Mais pour être franc, je ne sais pas combien d’autres (Masters) je vais pouvoir jouer. J’apprécie donc le temps que je passe ici. Je connais le parcours, je sais là où il faut jouer. Et là où on peut manquer ses coups. »
« Je ne me voile pas la face pour autant. C’est plus difficile pour moi maintenant. Je ne joue pas autant de tournois et je ne m’entraîne plus autant qu’avant. Je suis limité dans ce que je peux faire. Mais le plaisir est différent maintenant. »
De là à faire toujours peur à ses adversaires ? « Je ne sais pas si je constitue toujours une menace. Qui sait ? On ne pensait probablement pas non plus que j’étais une menace en 2019, mais ça s’est plutôt bien passé pour moi », conclut-il dans un sourire malicieux.
Oui, attention à la bête blessée !
Photo : Masters Images