Dans les années 70, Tom Weiskopf était l’un de ceux qui tutoyaient les Palmer, Miller, Trevino, Player sur le PGA Tour et les Majeurs. Depuis 1985, il était devenu une véritable référence dans la conception de parcours, de l’avis même des plus jeunes stars du métier de Tom Doak à Gil Hanse.
Philippe P. Hermann
Surnommé « Tour infernale », son 195 cm sous la toise oblige, la question s’est toujours posée de savoir si, sans un alcoolisme invétéré, il aurait mieux fait que ses nombreux titres sur le PGA Tour, le British Open 1973, deuxième à quatre reprises au Masters, deuxième encore de l’US Open 1976, jouant deux éditions de Ryder Cup ou, plus tard, gagnant de l’US Senior Open 1995 face à Jack Nicklaus.
A cette époque, Weiskopf n’était pas dans les petits papiers de la presse et des autorités un peu coincées, mais plus parce qu’il ne leur portait que peu de considération. Et arrive ce 2 janvier 2000 qui bascule la vie du bonhomme. Un bout de lucidité retrouvée sans raison précise, il lâche la bouteille, enfin conscient de l’inutilité de son état. Il devient sage au point de ne plus boire une goutte d’alcool, sous quelque forme que ce soit, jusqu’à ce 20 août dernier où un cancer du pancréas en aura raison.
Architecte de renom
Frustré par une vingtaine de saisons en tournoi à 42 ans, Tom Weiskopf imagine alors son avenir dans la conception golfique sans rien y connaître. « Invétéré solitaire, j’ai alors apprécié de travailler en groupe. Depuis, j’ai signé 70 parcours aux Etats-Unis et dans le monde. »
Sa nouvelle vie s’est illustrée d’un premier parcours pour le Troon Country Club, près de Phoenix, co-signé avec Jay Morrish. En une dizaine d’années, le duo figurera parmi les têtes de gondole du “World To 100 Golf Courses”.
Sur sa carte de visite, Olympic (San Francisco), TPC Scottsdale et, en 1993, le fameux Loch Lomond (Ecosse) qui a été canonisé “No 1 inland parkland course” du Royaume Uni.
Une démarche sans poudre aux yeux, inspiré par MacKenzie (Cypress Point) et Donald Ross (Pinehurst), la recherche constante de la qualité, le total respect du site marquent l’œuvre de Tom Weiskopf, affichant quelques réussites de référence parmi les plus récentes, comme The Dunes sur l’île de Hainan (Chine) ou en Toscane, à Montalcino près de Sienne, où son parcours résume bien toute sa passion du golf au cœur du classieux resort de Castiglion del Bosco.
Dommage que les instances du golf ne l’aient pas mieux reconnu en premier rôle. « Je suis très heureux d’être second. Pourquoi être obnubilé par la victoire quand on est second ? J’adore être second », souriait-il encore il y a quelques semaines.
Photo : NICOLAS ASFOURI / AFP