Top golf, est-il l’avenir du golf ? Certainement pas mais le phénomène mérite d’être examiné de près. Car il pourrait amener au golf des futurs joueurs qui aujourd’hui, pour des raisons diverses, sont éloignés de cette pratique sportive.
Commençons par le début : deux jumeaux anglais, Steve et Dave Joliffe lancent un projet original. Ils aiment le golf mais voudraient trouver une solution à leur manque de temps pour le pratiquer, à leur envie de le jouer avec leurs copains de façon plus ludique et moins guindée, dans une ambiance plus proche du bowling que des country-clubs.
Ils ouvrent en 2000 à Watford, dans la banlieue de Londres, un espèce de practice repensé. Les institutions traditionnelles du golf ne leur prêtent pas attention. En 2003, les banquiers, eux, s’y intéressent. Un premier Topgolf est ouvert en 2005 à Alexandria près de Washington. En 2007, la file d’attente au Texas peut atteindre 6 heures. L’an dernier, 25 millions d’Américains ont joué au Topgolf. Les actions de l’entreprise sont au plus haut et la valorisation de la société qui emploie 20 000 personnes s’établit autour de 3 milliards de dollars. Un concurrent est apparu : Drive Shack. Celui que nous avons visité peut accueillir jusqu’à 5 000 joueurs/jour et emploient 300 personnes ! Les photos concernent ce Topgolf situé près de Washington. Celle de couverture a été prise à Las Vegas.
Mais de quoi s’agit-il ? Nous l’avons testé récemment aux États-Unis. Cela ressemble à un stade de golf avec deux ou trois étages permettant à des dizaines de joueurs de s’amuser ensemble. Les photos parlent d’elles-mêmes.
Le but est de toucher des greens/cibles plus ou moins proches avec des balles contenant une micro-puce électronique, ce qui permet d’afficher sur un écran, le résultat du coup, la trajectoire, les points accumulés etc. Pendant ce temps sur d’autres écrans défilent des matchs de base-ball ou de football américain, ou encore des concerts de musique à la mode. On mange des pizzas ou des chicken nuggets en buvant des bières. La tenue est plutôt survêtement, tee-shirts et casquettes à l’envers que cachemire et pantalons à carreaux. Le tarif n’est pas cher… Enfin ! Après une heure de jeu à trois, on a laissé 90 dollars (80 euros) nourriture OGM compris. En moyenne, les clients restent entre deux et trois heures.
Top golf connaît un développement rapide : la société basée dorénavant au Texas vient d’annoncer ce mois-ci qu’elle envisage la création de 70 centres en Asie, principalement en Chine et aux Philippines.
Actuellement, on trouve 53 Topgolf aux États-Unis, un en Australie et trois en Angleterre. Le président Berle a annoncé qu’il veut gérer 130 centres aux USA mais qu’il a prévu d’accorder 200 franchises rapidement à Mexico, Royaume-Uni, Canada, Dubai et Europe centrale. « Nous avons plusieurs années de croissance devant nous. Sur notre marché interne mais aussi à l’international qui devrait être deux fois plus important ». Starbucks et Domino’s Pizza seront partenaires. Le premier Topgolf asiatique ouvrira en 2021. Seul problème : le golf n’a plus la côte en Chine et 127 parcours ont été fermés au nom de l’environnement et de la lutte contre l’élitisme.
Pour revenir à la question posée au départ, et après avoir expérimenté un centre américain, nous pouvons affirmer ceci : les amoureux du golf peuvent se réjouir de ce succès qui incitera de nouveaux joueurs à se rendre sur de vrais parcours pour continuer à développer leur nouvelle passion.
Mais ces mêmes amoureux auront du mal à trouver un intérêt quelconque à ce jeu de hasard (un néophyte peut faire le même score que vous parce que sa balle va rouler après un vilain coup hasardeux sur une cible imprévue) et ne trouveront rien de commun avec la culture de leur passion, dans cet environnement populaire, bruyant et urbain. C’est fun, comme disent nos enfants !
À vous de nous dire ! Le débat est ouvert à Golf Planète.
Photos PGA et 2M