Alors que l’on guettera la performance d’un Tiger Woods en manque de compétition ou les exploits de Rory McIlroy, grand favori à la victoire et en quête d’un Grand Chelem personnel, on suivra aussi avec intérêt la présence des dix-huit joueurs du LIV Golf, le Tour dissident « en guerre » contre l’ordre mondial golfique…
Lionel VELLA
Après l’édition 2020 disputée à huis clos au mois de… novembre en raison de la pandémie liée au Covid-19, ce 87e Masters de l’histoire devrait lui aussi sortir « des sentiers battus » et laisser une trace « particulière ».
Dix-huit joueurs du LIV Golf, ce Tour sans cut et programmé sur 54 trous créé en juin 2022, soutenu à coups de millions de dollars par le Fonds d’investissement public (PIF) d’Arabie saoudite, sont en effet invités à prendre part à ce premier Majeur de la saison.
En décembre dernier, Fred S. Ridley, le Chairman de l’Augusta National Golf Club, avait refusé de bannir les rebelles, qu’ils soient anciens vainqueurs du tournoi ou pensionnaires – pour combien de temps encore ? – du top 50 mondial. En tout cas pour 2023, se laissant néanmoins la possibilité de moduler les droits d’entrées pour les années suivantes.
Un dîner des Champions sous haute tension
On aimerait vraiment se faire tout petit pour assister à ce fameux dîner du mardi réunissant les vainqueurs et le tenant du titre, Scottie Scheffler, l’hôte de la soirée avec un menu très… américain. Parmi les convives, six Livers, dont le triple détenteur de la veste verte, Phil Mickelson, absent l’an passé, suite à la révélation de ses propos au vitriol contre le régime saoudien.
Pour dérider l’atmosphère, chacun y est allé de sa déclaration d’apaisement, jurant que tout se passerait bien. Mais les tensions existent. Le Chilien Joaquin Niemann, deux fois victorieux sur le PGA Tour avant de rejoindre le LIV Golf, s’est ainsi lâché en milieu de semaine dernière, soufflant que les joueurs étant restés fidèles au circuit US « les détestaient ».
Quant à Bryson DeChambeau, un autre illustre dissident lauréat de l’US Open 2020, il a souligné que Tiger Woods ne lui adressait plus la parole. Ambiance.
Le corps du Tigre tiendra-t-il le choc ?
Woods, justement, sera une fois encore l’attraction principale de ce Masters. Dans quel état de forme se présentera-t-il jeudi sur le tee n°1 ? Depuis sa 47e place finale ici même en 2022, le Tigre, 47 ans, n’a joué qu’à trois reprises au plus haut niveau. Un abandon après trois tours au PGA Championship puis un cut manqué en juillet à St Andrews pour le 150e The Open avant de se contenter de la 45e place le 19 février au Genesis Invitational (PGA Tour) avec un score final de -1 (283).
Ces sept semaines de repos seront-elles suffisantes pour espérer jouer les premiers rôles, lui dont la jambe droite, meurtrie dans un terrible accident de voiture en février 2021, continue de lui procurer bien des tracas ? Rien n’est moins sûr…
Deux cuts manqués en 14 Masters pour McIlroy
L’autre grande question de la semaine concerne Rory McIlroy. Le Nord-Irlandais, que les fans de golf du monde entier rêvent de voir renouer avec les victoires en Majeur, est avec l’Espagnol Jon Rahm et Scottie Scheffler, respectivement numéros 2 et 1 mondiaux, le grand favori à la victoire finale.
S’il y parvient, le Britannique bouclerait son grand chelem personnel, déjà victorieux de l’US Open (2011), du PGA Championship (2012 et 2014) et de The Open (2014).
Pour son 15e Masters, il affiche des résultats dignes de son statut : une 2e place (en 2022), 3 tops 5 mais aussi 6 tops 10 pour seulement deux cuts manqués.
Sa popularité n’a jamais été aussi forte, surtout depuis qu’il a pris les commandes des défenseurs du PGA Tour face à l’émergence du LIV Golf, n’hésitant pas à quelques bras de fer savoureux avec Greg Norman, le patron de cette entité commandée à distance par le royaume saoudien, ou encore récemment avec Patrick Reed lors du Dubaï Desert Classic (DP World Tour).
Le 13 va-t-il désormais mieux se défendre ?
Reste à savoir comment tout ce petit monde (Ndlr, au 1er avril, ils étaient 88 au départ après le forfait d’Aaron Wise) négociera le tout nouveau par 5 du trou n°13 répondant au doux nom d’Azaléa. Présenté comme l’un des endroits les plus hospitaliers de ce par 72 de 6 899 mètres depuis… 1942 avec une moyenne de 4,777, il a été rallongé de 32 mètres rendant l’attaque du green en deux bien plus délicate.
L’Amen Corner, l’enchainement mythique des trous 11, 12 et 13 où bien des Masters ont basculé, n’en demandait pas tant ! On regrettera seulement qu’aucun golfeur français ne puisse s’y mesurer cette année, Victor Perez n’ayant pas réussi à intégrer le top 50 mondial à l’issue du WGC-Match Play à Austin (Texas) il y a moins de quinze jours…
Photo : Masters Images