N°1 mondial sans partage comme Tiger Woods à sa grande époque, Scottie Scheffler va-t-il s’offrir un 3e Majeur après les Masters 2022 et 2024 ? Pour le suspense, on ne l’espère pas, d’autant que plusieurs outsiders sont prêts à relever le défi sur un parcours et notamment des greens ultra compliqués à négocier. Matthieu Pavon et Victor Perez, les deux Français engagés, tenteront quant à eux de rectifier le tir après leur cut manqué à l’USPGA il y a un mois.
L.V.
49 des 50 premiers au classement mondial sont au départ du 124e US Open de l’histoire organisé entre le 13 et le 16 juin à Pinehurst, en Caroline du Nord. Seul Jon Rahm, 8e mondial, blessé au pied, est absent. N°1 oblige, Scottie Scheffler, 27 ans, en est l’incontestable favori. Alors que nous ne sommes qu’au début du mois de juin, le Texan affiche déjà cinq victoires au compteur en 2024. En treize départs seulement depuis le 1er janvier, il a ainsi remporté trois Signature Event (Arnold Palmer Invitational, RBC Heritage et Memorial Tournament), le Players Championship, présenté comme le « 5e Majeur » de la saison, et le Masters d’Augusta. Rien que ça !
Son plus mauvais résultat est une 17e place obtenue le 21 janvier à l’American Express. Sinon, il n’a jamais fait pire qu’une 10e place. Impressionnant, comme son compte en banque. A la Money List du PGA Tour, Scheffler caracole en tête avec 24 024 553 dollars de gains en tournois, loin devant Xander Schauffele, son dauphin avec 11 597 071 dollars. C’est son 7e départ dans un US Open. Il reste sur un top 10 (7e en 2021) et deux tops 3 (2e en 2022, 3e en 2023), après avoir manqué deux cuts lors de ses trois premières tentatives (en 2016 à Oakmont et en 2019 à Pebble Beach).
Sept US Open, sept top 15 pour Schauffele
Comment la concurrence va-t-elle bien pouvoir enrayer cette véritable razzia ? Victorieux il y a un mois au PGA Championship, Xander Schauffele, justement, peut être celui qui sonnera la révolte. Présent lors des sept derniers US Open, le Californien a toujours fini dans le top 15, s’offrant même une 3e place en 2019 et deux 5es places en 2017 et 2020.
Battu l’an passé à Los Angeles d’une petite longueur par Wyndham Clark, Rory McIlroy a lui aussi très envie de goûter aux joies d’un succès en Majeur. Cela fait dix ans que le Nord-Irlandais, 35 ans, attend cela. Il demeure sur deux victoires de prestige récemment acquises au Zurich Classic (avec l’Irlandais Shane Lowry) et au Wells Fargo Championship. N’oublions pas de citer Collin Morikawa, revenu quasiment au niveau qui lui avait permis de gagner successivement l’USPGA 2020 puis The Open 2021. Il vient de prendre la 2e place finale au Memorial Tournament, sur un parcours de Muirfield Village aussi difficile que le Course N°2 de Pinehurst.
Voir cette publication sur Instagram
Ce par 70 de 7 543 yards (6 897 mètres), que beaucoup comparent dans son architecture au Old Course de St Andrews, la mer et les dunes en moins, a été dessiné par le célébrissime Donald Ross. Sorti de terre en 1907, il a été régulièrement relooké, la dernière fois de façon significative en 2011 par le duo Bill Coore-Ben Crenshaw. Si les roughs ont toujours été la marque de fabrique de l’US Open, broyant avec une certaine délectation la quasi-totalité du champ, les greens cette année devraient être la clé de la victoire. Wyndham Clark, le tenant du titre, a d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme en début de semaine, jugeant ces zones à la limite du jouable. C’est peu dire. Alors que la météo annonce du grand beau temps pour les quatre tours de compétition, il est à noter que l’herbe a été remplacée cette année, passant du Bent Grass au Bermuda, plus résistant à la chaleur.
Les tee times des deux premiers tours
C’est la quatrième fois que Pinehurst, fondé en 1895, accueille un US Open. Le regretté Payne Stewart l’avait emporté en 1999 avec un score de -1 sur un ultime putt devenu légendaire, sous les yeux de Phil Mickelson, 2e. Le gaucher de San Diego (six fois 2e dans un US Open) est d’ailleurs l’un des trois joueurs engagés cette semaine (avec Matt Kuchar et Tiger Woods) à avoir pris part à cette première en Caroline du Nord.
En 2005, c’est le Néo-Zélandais Michael Campbell qui empêchait Tiger Woods d’empocher un 3e US Open (après ceux de 2000 et 2002), décrochant la timbale avec un score total dans le par. En 2014, l’Allemand Martin Kaymer, quelques semaines après son triomphe au Players Championship, s’offrait un second titre en Majeur (après l’USPGA 2010) grâce à un score de -9, soit huit coups de mieux que ses premiers poursuivants, Erik Compton et Rickie Fowler. Mieux encore, le golfeur de Düsseldorf, passé sur le LIV Golf depuis juin 2022, est toujours resté en tête au leaderboard.
Pavon et Perez, rectifier le tir après le cut manqué à Louisville
Et les Français dans tout ça ? Déjà présents il y a un mois au Valhalla Golf Club, Matthieu Pavon et Victor Perez vont tenter de faire aussi bien, sinon mieux, que Grégory Havret, 2e de l’édition 2010 à Pebble Beach. 78e mondial, Victor Perez est sur une belle dynamique. 3e au RBC Canadian Open, le Tarbais a fini 12e au Memorial le week-end passé. Son objectif sera d’abord de franchir enfin un cut dans un US Open après quatre échecs consécutifs entre 2020 et 2023.
Quant au Bordelais, 24e mondial, il s’agira en priorité d’inverser une tendance négative. Depuis sa 12e place au Masters le 14 avril, il n’a ainsi plus accroché le moindre top 15, restant sur deux cuts manqués (notamment à l’USPGA), une 49e place au RBC Heritage et un top 70 (67e) au Wells Fargo Championship.
Photo : Mike Ehrmann/USGA