La lutte tant attendue entre les deux grands favoris de ce Masters 2024 s’annonce épique. Réussiront-ils à confirmer leur statut alors qu’une bonne demi-douzaine de prétendants lorgnent eux aussi sur la fameuse veste verte. On suivra aussi avec attention la performance de Matthieu Pavon, rookie parmi dix-huit autres de cette 88e édition.
L.V., à Augusta
Ce 88e Masters de l’histoire va-t-il se résumer à un duel entre l’actuel n°1 mondial, Scottie Scheffler, deux victoires depuis janvier sur le PGA Tour (Arnold Palmer Invitational et Players Championship), et son dauphin, le Nord-Irlandais Rory McIlroy ? Ce dernier n’en finit plus de coincer en Majeur, lui dont le dernier succès dans ce genre de rendez-vous XXL remonte à… août 2014, au PGA Championship plus précisément. Les deux hommes, décidément inséparables, partagent les deux premiers tours de ce Masters 2024 (avec Xander Schauffele).
Mais pour sa 16e participation au Masters, le Britannique entend vaincre le signe indien et ainsi boucler – enfin ! – son Grand Chelem personnel et rejoindre du même coup dans la légende les illustres aînés Gene Sarazen, Ben Hogan, Gary Player, Jack Nicklaus et Tiger Woods. Plus simple à dire qu’à faire même si McIlroy a terminé sept fois dans le top 10 lors de ses dix dernières sorties à Augusta, dont une 2e place en 2022. Sans doute vexé du cut manqué l’an passé, il a annoncé qu’il aborderait cette édition avec une nouvelle stratégie.
17e à -21, son moins bon résultat depuis janvier
Coté à 4,5 contre 1 chez les bookmakers, Scottie Scheffler semble, lui, produire depuis plusieurs mois maintenant son meilleur golf. Il n’y a qu’à consulter son début de saison sur le PGA Tour pour s’en convaincre. On l’a dit, le Texan, 27 ans seulement, s’est déjà imposé deux fois, d’abord sur un Signature Event (20 millions de dollars de dotation) à Bay Hill (Floride) chez feu Arnold Palmer, puis à Ponte Vedra Beach, toujours en Floride, hôte du très officieux 5e Majeur de l’année.
Au repos la semaine passée, le vainqueur de la veste verte en 2022 reste sur une 2e place acquise au Houston Open. Ses chiffres et autres stats donnent d’ailleurs le tournis. Aucun cut manqué en huit départs avec pour l’instant comme plus mauvais résultat une 17e place (à l’American Express) avec pourtant un score total de -21 et quatre tours dans les 60. Rappelons aussi qu’il caracole en tête de la Money list avec déjà 11 493 235 dollars engrangés depuis le 1er janvier ! Comme il l’a confié avec émotions, il n’y a pas que le golf dans sa vie d’homme, mais Scottie Scheffler est bien le meilleur golfeur du moment.
The wait is over. The 88th Masters starts today. #themasters pic.twitter.com/PlkRZTgzuw
— The Masters (@TheMasters) April 11, 2024
Qui pourrait toutefois venir enrayer cette machine si bien huilée ? Viktor Hovland, Max Homa ou encore Xander Schauffele, tous les trois membres du top 10 mondial ? Aucun n’a encore débloqué son compteur en Majeur ! L’un des 13 membres du LIV Golf présents à Augusta ? Difficile à dire tant leur forme globale à chacun d’eux – à l’exception du Chilien Joaquin Niemann – oscille entre le médiocre et le tout juste passable.
A l’image d’un Jon Rahm, passé du côté « obscur » en décembre pour 500 millions de dollars et qui traverse de toute évidence une zone de turbulences morale. Ne plus croiser le fer avec le top 10 mondial semble clairement l’affecter, malgré des résultats solides sur le LIV (trois tops 5 en cinq départs face à 53 joueurs sur trois tours). Son mal être en conférence de presse mardi était clairement palpable. Regrette-t-il d’avoir répondu aux sirènes des pétro dollars, lui qui avait juré qu’il se sentait « chez lui » sur le PGA Tour ? Allez savoir…
Matthieu Pavon, le record de Levet dans le viseur…
Et si la surprise de ce premier Majeur de la saison venait finalement d’un des dix-neuf rookies présents cette semaine ? Et notamment du n°4 mondial, l’Américain Wyndham Clark ? Le lauréat de l’US Open 2023 à Los Angeles est, à l’instar de Scheffler, dans une très belle dynamique. Victoire début février à Pebble Beach (certes réduit à 54 trous), deuxième à Bay Hill et au Players, le natif de Denver (Colorado) doit être clairement pris au sérieux. Même si le dernier « débutant » à s’être imposé à l’Augusta National remonte à… 1979 (Fuzzy Zoeller).
En fait, sur un parcours rallongé d’un peu moins de 10 mètres (sur le par 5 du 2), désormais étalonné à 6 908 mètres (7 555 yards), tout est envisageable. Comme voir par exemple Matthieu Pavon, 25e joueur mondial, franchir le cut et battre dans la foulée le record de Thomas Levet, 13e ici en 2005. Consultant habituel pour le groupe Canal+, le Racingman, très proche du Bordelais, y croit dur comme fer. On a envie également de partager cet optimisme débordant.
Photo : Harry How / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP