Largement au-dessus du lot dans ce dernier tour après avoir acquis la veille six coups d’avance sur la concurrence, Adrian Otaegui a su parfaitement gérer son dimanche. Son score total de -19 (nouveau record à Valderrama sur 72 trous) et une ultime carte de 68 (-3) lui permettent de laisser le Suédois Joakim Lagergren à six longueurs derrière. C’est son quatrième succès sur le DP World Tour, le premier depuis qu’il est devenu début juin un membre du LIV Golf. Une position qui place clairement le circuit européen, allié du PGA Tour, dans un sérieux embarras. Auteur d’un dernier 72 (+1), Antoine Rozner termine à la 14e place à -2 (282).
L.V.
Une victoire amplement méritée ! Que dire une victoire, un triomphe tant Adrian Otaegui a survolé les débats ce week-end en Andalousie. Leader samedi soir avec un magnifique 64 (-7) et six coups d’avance sur ses premiers poursuivants, l’Espagnol a parfaitement su gérer son dernier tour sur le pourtant terrible par 71 de Valderrama, sublime machine à broyer.
Retrouvez le classement complet
A vrai dire, il n’y a pas eu de suspense ce dimanche sur l’un des tracés les plus exigeants d’Europe continentale. Après cinq trous joués, Otaegui affichait ainsi déjà deux birdies sur sa carte (au 4 et au 5). Un écart constant et suffisant pour observer, de très loin dans le rétroviseur, ses potentiels adversaires. Joakim Lagergren, associé dans la même partie que le Basque, a bien tenté en toute fin de journée de placer une banderille (en position d’eagle sur le 17 pour finalement sortir avec un birdie) mais l’ultime birdie de son adversaire sur le 18 l’a renvoyé à ses chères études…
A birdie at the last for a six shot victory, setting the tournament record at -19 👏@adrianotaegui | #EDAM2022 pic.twitter.com/2e4nCmSD6Z
— DP World Tour (@DPWorldTour) October 16, 2022
-19 (265) score final pour Otaegui – le record de -18 sur 72 trous détenu par l’Anglais Mark James en 1988 désormais effacé – qui décroche, à bientôt 30 ans, sa quatrième victoire sur le DP World Tour. Soit six points d’avance sur ce même Lagergren, qui en profite pour valider sa carte sur le Tour l’an prochain, et neuf sur l’Australien Min woo Lee, déjà seul troisième la semaine passée à l’Open d’Espagne.
Bien plus en difficulté que lors du Moving Day, les trois rescapés français du cut n’ont pas pu poster une carte sous le par. 72 (+1) pour Antoine Rozner (13e à -2), 71 (par) pour Benjamin Hébert (28e à +1) et 73 (+2) pour Romain Langasque (32e à +2).
Premier membre du LIV Golf vainqueur sur le DP World Tour
Ce prestigieux succès permet au lauréat 2022 de l’Andalucia Masters d’entrer dans le top 10 du ranking (10e), de grimper dans le top 100 mondial (95e), d’assurer définitivement son ticket pour The Open 2023 à Liverpool (top 30 du ranking européen) et, accessoirement, de se « qualifier » pour l’instant dans l’équipe européenne de Ryder Cup.
Un horizon dégagé et pour le moins brillant… Sauf que le statut de l’Espagnol, qui vient souvent s’entraîner chez Olivier Léglise du côté d’Arcangues (64), pose problème. Entre début juin et début septembre, il a ainsi participé à trois tournois du très controversé LIV Golf soutenu à coups de millions de dollars par le Fonds d’investissement public (PIF) d’Arabie saoudite.
Le Tour européen débouté devant les juges…
Pire, début juillet, Otaegui, avec Ian Poulter et Justin Harding, a poursuivi en justice le DP World Tour qui avait, au préalable, interdit ses membres ayant pris part au premier tournoi du LIV Golf à Londres (9-11 juin) de s’aligner au Scottish Open (7-10 juillet), co-sanctionné avec le PGA Tour. Les frondeurs avaient toutefois eu gain de cause, certes à titre provisoire, et avaient ainsi pu disputer le tournoi (8 millions de dollars de dotation) remporté par l’Américain Xander Schauffele.
On ne peut pas dire que cette victoire d’Adrian Otaegui en terre andalouse, ô combien méritée on le répète, place le Tour européen et son Directeur, le Canadien Keith Pelley, dans une position très confortable. Comment les instances du golf européen vont-elles gérer ce dossier, clairement épineux ? Alors que Jay Monahan, le grand patron du PGA Tour, ne veut pas entendre parler du moindre rapprochement avec le LIV Golf et son Directeur, l’Australien Greg Norman, l’attitude de son homologue « européen », désormais féodalisé au plus relevé des circuits professionnels, demeure plus floue que jamais. Jusqu’à quand ?
Le leaderboard
Le leaderboard des Français
Photo : Getty Images