De retour en Europe depuis quelques jours, Victor Perez nous a accordé un entretien pour évoquer avec nous la crise sanitaire actuelle, ses impacts sur la saison et comment le numéro 1 français s’apprêtait à la traverser. Privé momentanément de Championnat du Monde et de Masters, le Tarbais parvient avec beaucoup de lucidité et de justesse à relativiser
Golf Planète : Bonjour Victor, d’abord quelles sont les nouvelles, où te trouves-tu ? Que fais-tu ?
Je suis chez moi en Écosse. J’étais aux États-Unis jusqu’à la semaine passée. Je suis rentré mercredi dernier et je peux dire que j’ai eu de la chance de pouvoir voyager sans problème. Chez moi tout va bien ; je touche du bois. J’ai même pu jouer avant le « lockdown ». J’étais à Carnoustie dimanche et lundi j’avais prévu de jouer le Old Course mais tout a été annulé puisque la décision de tout fermer est tombée.
Golf Planète : Comment vas-tu t’organiser pour les prochaines semaines de confinement ?
D’un point de vue entrainement physique, j’ai déjà de quoi m’entrainer à la maison. J’ai un vélo et on a la possibilité d’aller courir. Je suis avec ma copine donc physiquement et mentalement, ça va aller.
Golf Planète : Qu’est-ce que ça t’inspire tout ça ?
Cela nous rappelle à tous où se trouve l’essentiel dans nos vies. Souvent on pense que la vie que l’on mène c’est un acquis, que c’est cadeau. C’est dommage de devoir en arriver à ça pour que les gens s’en rendent compte. Il y a du positif à tirer.
Golf Planète : Tu arrives à rester positif alors que cette semaine, tu devrais être au Texas pour le WGC Match-Play et dans 10 jours à Augusta pour disputer ton premier Masters ?
Positif oui et non. J’avais évidemment très envie de jouer ces tournois mais si j’ai l’intention de continuer à faire les choses comme j’ai envie de les faire, je compte disputer ces tournois tous les ans. Donc je relativise, ce n’est qu’une année de report. Avec ce qu’il se passe, tout ça est beaucoup moins important. Le monde s’arrête et on ne peut rien y faire.
“Dans notre société on a tendance à penser que tout tourne autour de nous
24h sur 24, alors que pas du tout »
Golf Planète : Plus généralement tout le calendrier est chamboulé et on sait que tu mets beaucoup l’accent sur ce point là, construire ta saison pour arriver à être performant de manière régulière. Comment vis-tu cette période de flottement, d’incertitudes du coup ?
Bah, c’est relax. On est en stand-by. On ne sait rien des dates de report des tournois majeurs (Masters, US PGA) et de ce qu’il va se passer avec les autres tournois du calendrier. On spécule sur Augusta en octobre mais on n’en sait rien. Donc ça ne sert à rien de gamberger, de se projeter car on a aucune idée de ce qu’il va passer. Ça sert à rien de se faire un film, d’imaginer des scénarios qui seront de toute façon différents de la réalité.
Golf Planète : Cette capacité à mettre les choses en perspective, à se distancier des évènements, prendre du recul, c’est une qualité essentielle dans le golf et on a le sentiment que c’est naturel pour toi. Tu le travailles beaucoup avec ta préparatrice mentale ou c’est quelque chose d’inné ?
La préparatrice mentale est venue compléter une philosophie de vie que j’ai depuis longtemps. Elle vient de ma famille, de mes parents, de mon éducation. Rien n’est jamais aussi grave que ce que l’on pense, on aggrave souvent les choses. Dans notre société, on a tendance à penser que tout tourne autour de nous, 24h sur 24 et ce moment que nous traversons nous rappelle que pas du tout.
Golf Planète : Avant de se quitter, une dernière question relative à ton début de saison. Que penses-tu de tes performances en 2020 ?
En 4 tournois, j’ai marqué beaucoup de points donc je suis très très satisfait. Cela s’inscrit dans la continuité de la fin de saison 2019 et ça se passe super avec JP mon caddie avec qui j’étais encore en train de discuter par message ce matin.