En manque de résultats probants depuis sa 12e place au PGA Championship à la mi-mai, Victor Perez doit frapper un grand coup cette semaine au Royal Liverpool pour espérer être retenu dans l’équipe européenne de Ryder Cup qui affrontera les Etats-Unis à la fin du mois de septembre à Rome. Décryptage !
Lionel VELLA à Hoylake
On ne va pas se le cacher, Victor Perez joue très gros cette semaine au Royal Liverpool dans l’optique d’accrocher une place qualificative via les points européens pour la prochaine Ryder Cup programmée du 29 septembre au 1er octobre à Rome, au Marco Simone Golf & Country Club.
Septième dans cette liste où seuls les trois premiers valideront leur ticket le 3 septembre, au soir du dernier tour de l’Omega European Masters, à Crans-sur-Sierre (Suisse), le Français doit absolument frapper un grand coup dans cette 151e édition de The Open qui s’élance ce jeudi.
Des résultats insuffisants depuis l’USPGA…
Le souci, c’est que depuis sa 12e place au PGA Championship au mois de mai, les dernières sorties du Tarbais n’ont pas été franchement concluantes. Deux cuts manqués au KLM Open puis à l’US Open, une 18e place au BMW International Open suivie par un nouvel échec au British Masters et une 35e place au Genesis Scottish Open, 3e Rolex Series de la saison sur le DP World Tour. Pas très encourageant en effet, à un mois et demi de la clôture des points.
« Physiquement, je me sens bien après une semaine en Ecosse. Tous les voyants sont au vert, prévient-il au micro de Canal + à la sortie de ses neuf trous d’entraînement ce mercredi à Hoylake. J’ai plutôt bien joué dans l’ensemble la semaine dernière, malgré des conditions quand même difficiles. Je n’ai pas forcément bien putté mais on sait très bien sur les links, avec le vent, que le putting, c’est un peu plus aléatoire. Ici, on est dans de supers conditions. Je me sens bien dans la balle. Donc, il y a tout pour pouvoir faire une très bonne semaine. »
La Ryder Cup, c’est sûr que c’est quelque chose auquel je pense depuis le début de l’année
Victor Perez
Quand on l’interroge sur cette fameuse Ryder Cup, l’actuel 66e joueur mondial ne botte pas en touche. Il sait que ce dernier Majeur de la saison peut être décisif dans la course à la qualification. Même s’il restera encore trois tournois au calendrier, mais faiblement pourvus en points, notamment les étapes en Irlande du Nord et en République tchèque prévues du 17 au 27 août.
« La Ryder Cup, c’est sûr que c’est quelque chose auquel je pense depuis le début de l’année, confirme-t-il. Après ce n’est pas une fin en soi, il restera quand même trois tournois qualificatifs avant la fin. Donc, il ne faut pas se dire que c’est la dernière cartouche entre guillemets pour marquer des points. Ryder Cup ou non, mon objectif resterait le même. La première chose à faire, c’est de se concentrer sur demain (le premier tour de The Open) et faire la meilleure journée possible. »
Une séance de putting scrutée de près par Luke Donald
Vainqueur en janvier du premier Rolex Series de l’année à Abu Dhabi, quelques jours après être resté invaincu à la Hero Cup, répétition générale de la Ryder Cup entre joueurs continentaux et britanniques, Victor Perez a croisé le capitaine européen, Luke Donald, en début de semaine à Hoylake. L’Anglais était ainsi très attentif à sa séance de putting ce mardi…
« On a échangé sur plein de choses qui ne sont pas forcément axées sur la Ryder Cup, précise le Français, toujours au micro de nos confrères de Canal+. Il a eu cette capacité à ne pas parler de cette qualification, à rester assez naturel. »
Un joueur de Ryder Cup, c’est un top 10 tous les deux tournois. Hélas, ce n’est pas son rythme actuellement…
Thomas Levet
Consultant pour la chaîne cryptée et surtout vainqueur de la Ryder Cup 2004 à Oakland Hills, Thomas Levet sait pertinemment que le triple vainqueur sur le DP World Tour joue très gros dans les semaines à venir.
« Ce n’est jamais la dernière chance mais c’est la plus grosse chance de se montrer auprès du capitaine de la Ryder Cup afin d’entrer dans l’équipe, confirme le lauréat de l’Open de France 2011. Il faut qu’il prouve que dans les Majeurs, il fait définitivement partie des bons… Victor a fait un très bon USPGA, on l’a déjà vu très bien jouer dans de très gros tournois comme le PLAYERS Championship (9e en 2021). Mais ce qu’il a fait depuis le début de la saison, c’est insuffisant pour incorporer l’équipe de Ryder Cup. Il recule au classement régulièrement. A lui de démontrer qu’il fait partie durant le mois et demi qui arrive des gars qui jouent le mieux. Qu’il est en forme. Il faut qu’il soit constant dans ses résultats. Comme par exemple sortir un top 10 ici à The Open et un top 5 voire deux d’ici la fin de la saison. Un joueur de Ryder Cup, c’est un top 10 tous les deux tournois. Hélas, ce n’est pas son rythme actuellement… »
Aujourd’hui, on exige de Victor Perez de passer une étape. Il doit être beaucoup plus présent dans la course à la victoire dans les tournois dans lesquels il est engagé.
Thomas Levet
Si par malheur pour lui, cette mission échouait, bénéficierait-il pour autant d’un crédit supplémentaire pour être retenu parmi les six autres choix du capitaine, sachant que des garçons très expérimentés comme Justin Rose, Tommy Fleetwood et Shane Lowry (pour ne citer qu’eux) ne sont pour l’instant pas qualifiés, ni via les points européens, ni via le classement mondial par points ?
« Si tel est le cas, cela voudra dire qu’il n’a pas eu le niveau de jeu suffisant sur les quatre tournois qui arrivent pour être dans l’équipe, conclut Thomas Levet. Luke Donald se base sur son passé récent sur le Tour européen. Il a gagné un gros tournoi (Abu Dhabi), il a très bien joué à la Hero Cup en format match play. Le problème, c’est que ça s’est passé en janvier. C’est trop loin. Si ça s’était passé en juin, il aurait marqué des points auprès du capitaine. Aujourd’hui, on exige de Victor Perez de passer une étape. Il doit être beaucoup plus présent dans la course à la victoire dans les tournois dans lesquels il est engagé. C’est ce qu’on attend de lui. Et c’est ce qu’attend de lui Luke Donald. »
Bref, le compte à rebours est enclenché…
Photo : Jared C. Tilton / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP