Malgré le vent, malgré le parcours, malgré la concurrence, Xander Schauffele a tutoyé la perfection ce dimanche à Troon pour s’offrir son deuxième Majeur, seulement deux mois après son triomphe au PGA Championship. Justin Rose et Billy Horschel ont dû se contenter de très beaux seconds rôles.
De notre envoyé spécial à Troon, G.B.
Après trois jours de mauvais temps et une bagarre sans merci entre les champions et le Royal Troon, une bagarre souvent remportée par le parcours, ce 152e Open britannique s’est terminé par une note de golf parfaite. Le score de 65 (-6) signé ce dimanche par Xander Schauffele vaut un 10/10. « Le meilleur tour de ma vie », dira son auteur. On ne saurait le contredire.
Dans ce dernier acte d’une édition inoubliable, un vent plus modéré a permis d’offrir un spectacle d’un autre genre, avec des accidents encore, mais aussi des birdies, des rebondissements, des poings serrés, des « roars » (rugissements) d’un public enfin réchauffé. Dans cet après-midi où tout était possible tant le leaderboard fut longtemps resserré et tant la dureté du parcours pouvait tout changer, il n’aura manqué qu’un seul ingrédient : le suspense dans le final.
Un suspense éteint par la faute d’un champion qui a tutoyé la perfection : Xander Schauffele.
Ce matin, les nombreux vainqueurs potentiels sur la ligne de départ présentaient des pedigrees aussi différents qu’un n°1 (Scottie Scheffler), des presque inconnus du grand public (le Sud-Africain Trishton Lawrence ou l’Anglais Daniel Brown), des héros du public britannique déjà consacré en Grand Chelem (Justin Rose et Shane Lowry) ou des joueurs aguerris souvent malheureux en Majeur en quête de rédemption (Billy Horschel et Russell Henley).
La note parfaite
Le dernier mot est revenu au plus fort d’entre eux, le seul à ne pas commettre de bogey, le seul à ne pas avoir manqué un coup de toute la journée. On a beau chercher, mais non, on ne trouve pas. Xander Schauffele a tout bien fait. Six birdies. Zéro bogey. Un retour en 31 alors que ce « back nine » est considéré comme l’un des plus durs au monde. Le joueur de San Diego n’a même pas eu besoin d’exploit sur les greens ou ailleurs. Il a joué comme dans un rêve…
Our new leader.
Xander Schauffele birdies the 13th. pic.twitter.com/4srLdWkYtq
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Cette deuxième victoire en Majeur, deux mois presque jour pour jour après sa toute première conquise à Louisville, résonne comme un aboutissement. A 30 ans, Xander, qui va défendre dans deux semaines son titre olympique, change de dimension et entre définitivement au Panthéon du golf.
Deux Majeurs dans la même année, c’est un exploit qui n’avait plus été réussi depuis 2018 (Brooks Koepka avait remporté l’US Open et le PGA Championship).
The greatest walk in golf for Xander Schauffele. pic.twitter.com/xYY9yv5D1B
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Jeu d’éliminations
Alors bien sûr, avant que le titre de « the Champion Golfer of the Year » ne revienne à Mr X, il y a eu de l’action à Troon. Beaucoup d’action.
On a d’abord eu droit à une charge de l’arrière comme on les aime, celle de Jon Rahm, fier comme un double vainqueur de Majeur qu’il est. Trois birdies sur ses trois premiers trous l’ont replacé aux avant-postes. Mais l’unique joueur du LIV Golf à jouer les premiers rôles dans ce tournoi si éprouvant a été stoppé dans son élan par un mauvais coup de bois 3 sur le terrible par 4 du 11, le « Railway », qui a enterré bien des espoirs.
Balle dans les buissons. Pénalité. Bogey. « Rahmbo » a dû baisser pavillon, mais il termine 7e, et signe son retour au premier plan.
Décrire tous les rebondissements de ce dernier tour, avant autant de prétendants à la victoire, autant de « dramas » pour ceux qui ont cru à la Claret Jug, est une gageure. Alors on procédera par élimination. Dans l’ordre chronologique de ceux qui ont cédé du terrain dans ce dimanche longtemps passionnant.
L’ex dégôuté du golf Daniel Brown, l’étonnant du leader du 1er tour ? Vite, très vite hors du coup après un aller en +3 marqué par deux bogeys sur les par 5. La marche était peut-être un peu haute.
Scheffler craque sur les greens
Scottie Scheffler ? Il aurait pu devenir le vainqueur d’un Majeur avec la pire performance de l’histoire au putting. Des birdies donnés au 3 et au 7 ont laissé entrevoir un premier « British » possible pour le meilleur joueur du monde. Mais au 9, quatre coups de putter lui ont été nécessaires pour finir le trou. Double bogey. Élan coupé. « Fatal error ».
3 putts from 7 feet for Scottie Scheffler.
A double bogey leaves him four back heading to the final nine @TheOpen. pic.twitter.com/mktcBO6wK3
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Le n°1 mondial a même terminé par un double bogey en se tenant le bas du dos après un départ qui a fait à peine 80 mètres…
Sam Burns, deuxième à un coup du leader ce matin ? Une balle hors limite au 11 a enterré ses espoirs. Il signe un affreux 80. Shane Lowry, le leader de vendredi soir ? Il partait d’un peu loin après son 77 de la veille, mais il a fièrement retrouvé des couleurs pour signer un joli 68 marqué par une « ficelle » savoureuse.
Listen to that roar.
Shane Lowry holes a 56ft tramliner to move back into the mix. pic.twitter.com/S0HHNWIy6T
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Le leader du samedi soir, Billy Horschel, lui, a lancé de façon idéale le dimanche le plus important de sa carrière par un birdie.
Billy Horschel responds to retake the lead. pic.twitter.com/tffJmvzTlc
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Horschel et Rose, superbes seconds rôles
Mais la suite de la journée a été plus terne, avant un final en trombe (trois birdies sur ses trois derniers trous) qui lui permet d’arracher la deuxième place.
Quant à Russell Henley, le résistant au déluge, le joueur waterproof d’un samedi en enfer, il s’est longtemps battu avec bravoure à distance des leaders mais son putter était trop froid pour espérer.
Les tout derniers à plier face à la maestria de Schauffele ont finalement été Justin Rose, le héros du public qui rêvait tant de gagner son Open, et le Sud-Africain Thriston Lawrence, solide comme un roc sur l’aller (32) mais trop défensif sur le retour quand il aurait fallu lâcher les chevaux.
Amoureux fou de ce tournoi, Justin Rose, ex vainqueur de l’US Open, champion respecté qui a participé à cinq Ryder Cup, était allé chercher sa qualification pour Troon il y a deux semaines. Il disait alors croire en ses chances de gagner un « British », malgré ses 43 ans. Jusqu’au bout, il a montré qu’il était capable de le faire. Le public en rêvait. Ses fans étaient prêts à tout pour l’encourager.
The lengths @JustinRose99 fans will go… pic.twitter.com/eeUIjFZGPk
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L’Anglais né à Johannesbourg a tout tenté, à l’image de ce coup de driver tapé du fairway sur le 16 pour aller chercher son avant-dernier birdie.
Rose threads the needle with a driver off the deck at the 16th. pic.twitter.com/3vZWT7fTvD
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Le dernier est tombé sur le 18. Lui assurant une deuxième place méritée.
Mais rien n’y a fait. Son partenaire de jeu, Xander Schauffele, était tout simplement trop fort. « Nobody is perfect » est une expression anglaise, mais peut-être qu’elle n’est pas compréhensible aux États-Unis…
On terminera par une dernière image qui résume à elle seule ce qu’est « The Open », le plus grand tournoi de golf du monde, pour beaucoup et assurément pour tous les Britanniques. Le jeune Écossais Calum Scott, 20 ans, n’a pu retenir ses larmes en remontant le green du 18, acclamé par le public qui lui a réservé une « standing ovation ». Il remporte le classement amateur et gagne ainsi la « Silver Medal ».
What a week for Calum Scott! Made us proud!#WreckEm | @TheOpen pic.twitter.com/xWoXiMRkwP
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Cette 152e édition de « The Open » fut riche, très riche de grands moments. Elle a longtemps été un enfer pour les joueurs. Elle s’est terminée par une journée paradisiaque pour Mr X.
Le leaderboard
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