Deux mois presque jour pour jour après sa victoire au PGA Championship, Xander Schauffele a décroché un second Majeur, sur l’un des parcours les plus difficiles de la rotation de The Open. En conférence de presse, le Californien a loué sa force de caractère et exprimé son immense joie de s’imposer dans un tournoi qu’il a toujours rêvé de remporter.
Qu’avez-vous ressenti en brandissant cette Claret Jug ?
J’ai toujours rêvé de le faire. C’est un honneur. Cette remontée jusqu’au green du 18, c’est vraiment la plus cool que l’on puisse vivre. Ces leaderboards de couleur jaune, les fans, la standing ovation… C’est vraiment l’une des sensations les plus fortes que j’ai jamais ressenties de ma vie. J’en ai eu des frissons mais j’ai dû rapidement me reconcentrer car le tournoi n’était pas encore terminé. J’ai hâte de profiter (de cette victoire) avec ma famille. Cela me conforte à l’idée que tout cela en vaut la peine. Ma femme est là, mes parents, mon frère et mon oncle aussi. Ils n’étaient pas tous avec moi (à Valhalla) mais ce soir, ça va être génial.
On dit souvent que gagner un premier Majeur est très difficile mais en gagner un deuxième l’est encore plus. Pourtant, cela n’a pas semblé être le cas pour vous…
Oh si, c’était dur. C’était très dur même. Le fait d’avoir gagné le premier (Ndlr, le PGA Championship le 19 mai à Louisville) m’a beaucoup aidé aujourd’hui sur les neuf derniers trous. J’ai ressenti un certain calme. Cela m’a été très utile sur ce qui a été l’un des neuf derniers trous les plus difficiles que j’ai jamais joués en tournoi. C’est un rêve devenu réalité de gagner deux tournois Majeurs en un an. Il m’a fallu une éternité pour en gagner un seul, et en gagner deux maintenant, c’est encore mieux. D’ailleurs, ce dernier tour ici est le meilleur que j’aie jamais joué.
A quel moment durant ce 4e et dernier tour vous avez commencé à vous dire que cela pourrait peut-être le faire ?
Après avoir fait un birdie au 14. J’ai jeté un coup d’œil au leaderboard, au 15, près du green. En fait, pour être franc, j’ai passé toute la journée à regarder les leaderboards. J’avais fait pareil à Valhalla. Et ça m’avait plutôt réussi. Alors je me suis dit que je ferais la même chose ici. Je me suis dit que si je pouvais faire un birdie sur mon deuxième par 5 de la semaine au 16, ce serait pas mal. Et puis quand j’ai rejoint le green du 17, j’ai dû vraiment me concentrer très fort pour ne pas laisser mon esprit trop vagabonder. Il fallait que je reste dedans jusqu’au bout.
C’est vraiment un honneur de gagner ce tournoi. Déjà, gagner l’Open d’Écosse (en 2022) était énorme parce que cela signifiait que mon jeu pouvait voyager. Donc doubler la mise et gagner un tournoi Majeur en Écosse est encore plus fort.
Xander Schauffele
Qu’est-ce qui est le plus facile pour vous ? Réussir un putt d’un peu moins de deux mètres (six feets) pour birdie et voir tout le monde perdre la tête au 18 ou effectuer cette remontée sur ce même 18 comme vous nous l’avez décrite ?
C’est évidemment très différent. Il y a eu différents moments de stress. En termes de stress justement, j’ai certainement atteint mon apogée sur le 18e trou aujourd’hui. Le fait que je puisse frapper un fer 3 puis un fer 8 contre un driver, un fer 4, un lob wedge ou un sand wedge ou quoi que ce soit d’autre. Tout ça pour dire qu’il y a des moments de calme et de stress quand on essaie de gagner un Majeur. J’avais déjà ressenti ces moments par le passé, quand je n’ai pas réussi à gagner. Cela m’avait atteint. Cette fois, j’ai eu l’impression d’avoir plutôt bien résisté à la tempête quand il le fallait.
Cela fait deux semaines que vous êtes en Ecosse. Etait-ce essentiel pour vous d’être ici le plus tôt possible pour vous préparer à vivre par exemple les quatre saisons en une seule journée comme cela a été le cas lors du 3e tour ?
Oui, je pense que c’est essentiel. Le décalage horaire est déjà un problème important à surmonter. Et puis tout est complètement différent ici de ce que nous rencontrons aux Etats-Unis habituellement. La végétation, les bunkers profonds, le sable plus fin, le vent bien sûr mais aussi les greens, qui sont plus lents. Cela devient donc une évidence si vous pouvez vous accorder une semaine supplémentaire pour essayer de vous acclimater à tout cela.
Est-ce à dire que vous êtes devenu un golfeur complet, capable de gagner un Majeur aux Etats-Unis mais aussi ici, dans la patrie du golf, sur un parcours de The Open totalement différent de ce que vous rencontrez sur le PGA Tour ?
Je ne sais pas si c’est vrai ou non, mais je vais certainement croire que c’est vrai parce que j’y suis parvenu. C’est un style de golf complètement différent, c’est indéniable. Il vous oblige à jouer des coups et à avoir des positions de balles différentes. Il y a tellement de risques quand le vent souffle à 30 km/h et qu’il commence à pleuvoir. Il y a tellement de variables différentes qui entrent en jeu. Pour moi, c’est vraiment un honneur de gagner ce tournoi. C’est énorme. Déjà, gagner l’Open d’Écosse (en 2022) était énorme parce que cela signifiait que mon jeu pouvait voyager. Donc doubler la mise et gagner un tournoi Majeur en Écosse est encore plus fort.
Je suis un compétiteur. J’aime me lancer des défis. Si on me dit que je ne peux pas faire quelque chose, je vais essayer de le faire.
Xander Schauffele
Etes-vous d’accord pour dire qu’il y a une certaine magie à jouer sur des links dans un Open britannique ?
Plus tôt dans la semaine, j’avais dit que la première fois que j’ai joué sur un parcours de golf, quel qu’il soit, c’était à Bandon Dunes (dans l’Oregon). Je devais avoir 13 ou 14 ans, et j’ai tout de suite adoré. Je suis un compétiteur. J’aime me lancer des défis. Si on me dit que je ne peux pas faire quelque chose, je vais essayer de le faire. Un enfant qui grandit à San Diego, sur la côté ouest, lui dire qu’il ne peut pas jouer sous le vent et la pluie, ce serait en quelque sorte le summum.
Vous venez de remporter deux Majeurs en l’espace de deux mois. Allez-vous commencer à songer au Grand Chelem ?
C’est quelque chose que j’ai toujours voulu faire. Je viens de faire un pas de plus mais le chemin est encore long. Mais si vous ne vous sentez pas capable de le réaliser (le Grand Chelem), alors oui, vous n’y arriverez jamais.
Des joueurs comme Rory McIlroy, Jordan Spieth et Brooks Koepka ont récemment remporté deux Majeurs en une seule saison. Ils sont considérés comme étant les meilleurs joueurs de leur génération. Diriez-vous maintenant que vous aussi vous faites partie des meilleurs golfeurs de votre génération ?
Je ne vois pas les choses comme ça. C’est à vous de spéculer sur cette question. Moi, j’essaie juste de gagner autant de tournois que possible, de jouer le meilleur golf possible et d’être un gars bien. Je vais donc vous laisser réfléchir à cela.
Et si vous deviez résumer votre semaine ici à Troon…
Je dirais que j’ai plutôt bien limité la casse. Je n’ai pas trop fait d’erreurs. J’ai eu la chance de n’avoir fait qu’un seul tour vraiment difficile dans le vent et la pluie. Et pour être honnête, je m’en suis bien sorti, mieux que je l’aurais espéré. J’ai toujours l’impression de contrôler mon golf. Cela m’a aidé mentalement toute cette semaine. Sur ce genre de parcours, vous n’avez pas besoin d’être toujours parfait ou de frapper les plus beaux drives ou quoi que ce soit. Tant que vous faites avancer la balle et que vous évitez les bunkers, en gardant les trous devant vous, en vous assurant que vos chips sont dans le vent… En fait, toutes les choses dont nous, les pros, parlons, c’est facile d’en parler, mais c’est plus difficile de les transposer sur le terrain. Je pense qu’Austin (Ndlr, Austin Kaiser, son caddie) et moi avons fait du bon travail sur ce tracé difficile.
Photo : Stuart Franklin/R&A/R&A via Getty Images