L’Américain Xander Schauffele, désormais vainqueur en Majeur, est revenu en conférence de presse sur ses sensations, sa gestion de ce dernier tour, ses craintes et ses espoirs. Il sera l’une des attractions cet été du tournoi de golf aux Jeux de Paris, dont il est le tenant du titre…
Vous avez dit plus tôt cette semaine que ne pas gagner vous donne envie de gagner davantage. Dans quelle mesure étiez-vous déterminé à devenir un vainqueur de Majeur ?
Je suis devenu très patient sans remporter aucune victoire ces deux dernières années. Mes proches savent à quel point je peux être têtu. Gagner, je l’ai dit plus tôt, c’est une finalité. Un résultat. C’est génial. C’est tellement agréable. Mais quand je décompose tout ça, je suis surtout vraiment fier de la façon dont j’ai géré certains moments dans ce dernier tour, des choses différentes de ce que j’ai pu vivre dans le passé.
À quel point ce duel avec Bryson (DeChambeau) a-t-il été difficile à gérer ?
Je m’étais fixé comme objectif d’arriver à -22 aujourd’hui. J’ai dit à Austin (Ndlr, Austin Kaiser, son caddie) que si je pouvais atteindre cette marque, il faudrait que quelqu’un vienne me battre. Je ne voulais surtout pas partir en play-off avec Bryson. Remonter ce 18 qui est très long, c’est tout sauf une partie de plaisir. Accrocher le par au 17 était déjà hyper important, et puis ce chip au 18 l’était tout autant pour moi. Je n’arrêtais pas de me dire que je devais gagner ceci, gagner cela et vivre le moment présent. Et c’est ce que j’ai réussi à faire.
J’ai commencé à lire cette ligne, à droite et à gauche. Je me suis dit : « Mon Dieu, ce n’est pas franchement l’idéal pour un putt gagnant. »
Qu’avez-vous ressenti en termes d’émotions sur ce putt de la victoire au 18 ?
Pour être franc, j’étais assez nerveux. J’ai commencé à lire cette ligne, à droite et à gauche. Je me suis dit : « Mon Dieu, ce n’est pas franchement l’idéal pour un putt gagnant. » Heureusement, j’étais en montée. A peu près à moins de deux mètres… Cela a attrapé le côté gauche. Quel soulagement à l’arrivée. Je ne m’en souviens plus très bien maintenant mais j’ai entendu tout le monde rugir et j’ai juste levé les yeux vers le ciel, soulagé !
Y-a-t-il eu un moment où vous avez peut-être douté dans ce dernier tour, vous qui n’aviez alors encore aucun titre en Majeur ?
Je crois beaucoup en la positive attitude. Je me suis toujours envoyé des messages positifs durant ce dernier tour. Je me parlais à moi-même, et je n’ai pas arrêté. Quand vous croyez suffisamment en quelque chose, cela arrive. Je n’ai jamais vraiment douté. Car sinon, cela peut vous peser et être néfaste à l’arrivée. Je voulais seulement m’assurer de prendre les bonnes décisions, sans m’impatienter. J’ai toujours cru en ce que je faisais.
Quand vous êtes comme moi quelqu’un qui n’a plus gagné depuis deux ans, vous essayez de ne pas regarder les leaderboards avant les neuf derniers trous. Mais aujourd’hui, je les ai regardés.
Que vous êtes-vous dit après votre bogey au 10, le seul de ce dernier tour ? Qu’avez-vous ressenti en arrivant sur le green du 11 lorsque vous avez vu que Viktor (Hovland) était tout en haut du leaderboard ?
Quand vous êtes comme moi quelqu’un qui n’a plus gagné depuis deux ans, vous essayez de ne pas regarder les leaderboards avant les neuf derniers trous. En fait, vous essayez de ne pas les regarder du tout. Mais aujourd’hui, je les ai regardés. Pour être honnête, je les ai regardés toute la journée. Je voulais vraiment tout ressentir. Je voulais aborder tout ce que je ressentais à ce moment-là. Je pensais que j’avais de l’avance, mais quand j’ai regardé le leaderboard et que j’ai vu que Hovie (Hovland) était à -19, je me suis mis en mode chasseur. Je savais que ce putt (au 11) était vraiment important !
Vous venez de signer le score le plus bas dans toute l’histoire des Majeurs. Cela ajoute-t-il quelque chose de particulier à votre victoire ?
Si on avait eu sur les quatre jours la météo que l’on a eue aujourd’hui, je pense que les greens auraient été plus fermes, les fairways auraient été plus fermes aussi… Il aurait été plus difficile de les appréhender et certaines balles auraient fini plus facilement dans le rough. Je devais juste m’adapter à ce que le parcours allait me donner. Finir à -21, cela fait partie de l’histoire. Et c’est plutôt cool. Mais avec une autre météo, je ne suis pas sûr que cela aurait été possible.
J’imagine que cette victoire me garantit probablement une qualification pour les Jeux olympiques. Mais je pense être capable de tirer profit de cette victoire, notamment en termes de confiance.
Comment réagissiez-vous lorsque vous entendiez que vous étiez le meilleur joueur du monde sans la moindre victoire en Majeur. Comment perceviez-vous cette affirmation ?
Oh, c’est juste du bruit, ça ! Ce n’est pas parce que les gens disent ça que c’est ce que vous ressentez, vous. Moi, j’avais juste l’impression de faire le meilleur travail possible, et de me dire que j’étais assez bon pour y parvenir. J’avais juste besoin de laisser dire et de le faire. C’est ce que j’ai fait !
Qu’est-ce que cela signifie pour vous d’aller à Paris pour défendre à la fois votre médaille d’or et de le faire en tant que vainqueur d’un tournoi Majeur ?
C’est juste la cerise sur le gâteau. Me qualifier était évidemment mon objectif. L’équipe américaine est forte. C’est très difficile de se qualifier. J’imagine que cette victoire me garantit probablement une qualification pour les Jeux olympiques. C’est un tout autre enjeu. Mais je pense être capable de tirer profit de cette victoire, notamment en termes de confiance.
Quel a été selon vous l’obstacle le plus important que vous avez eu à surmonter pour arriver à ce que vous vivez maintenant, depuis quelques minutes ?
Je crois fermement qu’il faut avoir les bonnes bases, les bonnes personnes autour de vous, avoir une bonne équipe. Je crois que si vous travaillez dur et que vous pensez que tout ça en vaut la peine, que vous savez au fond de vous que vous y arriverez, vous récolterez le fruit de votre travail. Pour être honnête, je ne suis pas sûr que cela fonctionne à chaque fois. Mais dans le même temps, j’ai l’impression d’être sur cette tendance depuis un certain temps maintenant. La patience et garder confiance en soi… Voilà les clés !
Photo : Darren Carroll/PGA of America