Le directeur de l’Omega European Masters Yves Mittaz prône un événement engagé et très haut de gamme. Les sponsors et les joueurs en semblent ravis et reviennent chaque année en nombre.
Propos recueillis par Nathan Cardet, à Crans-Montana
Golf Planète : Comment se présente cette 77e édition de l’Omega European Masters ?
Yves Mittaz : Ça se présente toujours bien pour nous. Pour cela, il faut trouver un peu d’argent et la chance qu’on a, c’est d’avoir vendu tout ce que l’on pouvait vendre grâce à nos partenaires fidèles. Dépenser, c’est beaucoup plus facile quand on a de l’argent, on peut faire de belles choses. Le parcours est dans un état incroyable, on a refait des petites choses avec notamment une nouvelle zone pour le public au 17. On essaye chaque année d’améliorer le parcours pour les joueurs, pour les spectateurs et pour les sponsors.
G.P. Justement, l’Omega European Masters présente un budget de 10 millions de CHF (10,65 millions d’euros), un montant élevé par rapport à la dotation de 3,25 millions de dollars. Comment cela s’explique ?
Y.M. Déjà en Suisse, tout coûte plus cher, vous allez voir en prenant un café ! La deuxième chose, c’est qu’on a de grosses infrastructures. Nous avons construit 10000 m² de tente. Ce sont des infrastructures qui sont d’une qualité incroyable car il y a des gens qui payent beaucoup pour avoir de la grande qualité. C’est vraiment un tournoi qui est positionné très haut de gamme, avec des partenaires très haut de gamme qui invitent des clients de très haut niveau. Ce qu’on propose en VIP, c’est hors catégorie. Et c’est normal par rapport à nos sponsors. Ils invitent des gens qui achètent beaucoup de montres ou qui ont déposé beaucoup d’argent dans une banque. Il est donc inévitable qu’on propose ce genre de prestations.
G.P. Vous êtes notamment accompagné depuis 2001 par le sponsor titre, Omega…
Y.M. C’est un moteur exceptionnel, ce n’est pas la même image pour le tournoi si c’est Omega ou Total, ce n’est pas la même qualité, ce ne sont pas les mêmes clients. Nous, on a cette chance inouïe d’avoir Omega qui invite 1000 clients pour leur montrer le meilleur de la Suisse et de ce qu’ils font. Nous, on n’a pas le meilleur parcours du monde, mais on a certainement le meilleur package. Qui doit être content au final, celui qui reçoit l’argent ou celui qui paye ? Beaucoup de fédérations choisissent le parcours pour faire plaisir aux joueurs mais elles ont du mal à trouver de l’argent car c’est beaucoup plus compliqué d’inviter des clients. En Europe, à part en Grande-Bretagne, le golf est un sport de niche. Les gens ici ne viennent pas forcément pour le tournoi, la moitié des spectateurs ne connaissent rien au golf, mais ils viennent pour l’expérience globale.
Si vous n’avez pas l’argent, vous ne pouvez pas le faire même si vous avez la conviction
G.P. Pourquoi est-ce un tournoi à part et tant aimé par les joueurs ?
Y.M. Il y a un côté vacances ici, on est à la montagne, on peut faire du shopping. C’est petit, c’est cosy, il y a plein de restaurants, on se croise, il y a une atmosphère qui est complètement folle. Le vendredi et le samedi il y a tout le monde qui fait la fête. C’est pour ça que les joueurs viennent avec leur famille. Sur 156 joueurs, seulement une dizaine sont à l’hôtel, les autres ont loué des appartements car ils viennent avec du monde.
G.P. C’est dans l’air du temps, mais il y a une réelle volonté de faire un événement écoresponsable…
Y.M. On a commencé il y a 10 ans, maintenant on a la certification GEO, pas seulement le parcours mais aussi le tournoi. Je pense qu’on est l’événement sportif en Suisse qui a été le plus loin dans la démarche écologique et ce n’est pas du tout un outil marketing. On a pris des mesures, on a engagé une entreprise professionnelle qui nous pousse énormément à avancer et on le fait. Mais faire de la durabilité, ça coûte de l’argent. On a par exemple supprimé 50 000 bouteilles, car c’est plus possible d’en utiliser autant. Mais vous perdez un sponsor boisson en faisant cela et puis il a fallu installer 40 fontaines. Ça a coûté 100 000 CHF. On peut le faire car le tournoi marche bien et car on a la conviction. Mais si vous n’avez pas l’argent, vous ne pouvez pas le faire même si vous avez la conviction.
G.P. À quel point le tournoi est une vitrine pour la station ?
Y.M. Cette semaine, la station sera archi pleine alors qu’il n’y aura personne autour. Et ça veut dire avec des prix très élevés comme pendant les périodes de Noël. On a des gens de 28 pays différents qui ont acheté pour le tournoi. L’impact direct est très important mais indirect aussi. Cela crée une publicité exceptionnelle et il y a des gens du monde entier qui veulent venir jouer ici après avoir vu le parcours à la télévision.
©Omega European Masters