Après la première partie publiée la semaine dernière – et qui a eu un grand succès auprès de nos lecteurs -, nous vous proposons de continuer à nous intéresser cette semaine au Golf et Environnement à travers le dossier paru en septembre de l’an dernier.
Cette deuxième partie abordera des pistes de solutions. Photo Couverture AdobeStock.
2e partie : Propositions de solutions
Un dossier réalisé par Denis Machenaud
Après le constat de la situation parfois alarmante actuellement en France et dans le monde, il est temps de passer cette semaine aux propositions de solutions pour un équilibre plus harmonieux entre le Golf et la Nature. En laissant de côté aussi bien les adeptes du « y a qu’à » et des « faut qu’on » que les préconisations qui peuvent paraître aller dans le bon sens mais qui ne sont pas adaptées ou bien les bonnes idées qui ne le sont pas tant que cela…
Les problèmes une fois diagnostiqués méritent qu’on s’y attaque. Sans idéologie mais avec un esprit pragmatique, en tenant compte du contexte évolutif du monde d’aujourd’hui.
Les solutions, on les connaît : rien n’est impossible, à condition de s’en donner la peine, vraiment.
Les recommandations qu’il serait bon de respecter
Limiter la consommation excessive d’eau. Oui, mais comment ?
L’eau, cette ressource vitale, est vulnérable. Mais elle est indispensable pour le bon entretien d’un parcours. Un gazon de qualité doit être arrosé régulièrement. En France, heureusement, le problème ne se pose pas encore avec trop d’acuité : les golfs, certes, consomment une importante quantité d’eau, une ressource qui s’épuise et que nous devons préserver. Si l’utilisation excessive d’eau est problématique, elle incite aussi à faire preuve d’ingéniosité et à trouver des solutions. Parmi celles-ci, de simples rénovations et améliorations des systèmes d’arrosage existants permettent de limiter les fuites et, par la même occasion, les pertes inutiles…
Pour pallier ces difficultés, modernisation et rationalisation du système d’arrosage sont de plus en plus pratiquées : nombreux sont ceux qui, on cite souvent le Golf National mais il n’est pas le seul, installent des systèmes centralisés munis de sondes pilotées par informatique qui se déclenchent en fonction de besoins mesurés. Tous sont à l’écoute de la météo qui leur réserve des bulletins spéciaux. Ils peuvent ainsi annuler un arrosage si des précipitations naturelles sont annoncées dans les jours à venir.
La création de réserves pour récupérer, stocker puis réutiliser les eaux pluviales est une solution qui gagne aussi du terrain. Le golf de La Bastide de Sérou, en est un exemple. On le verra plus loin.
Limiter les pesticides
Limiter ou supprimer l’utilisation de pesticides à moins de 100 m de l’habitat potentiel de pics (oiseaux) en particulier car c’est la zone qui sera la plus prospectée au sol par ces derniers pour alimenter leurs petits avec des insectes. Cette observation, toutefois, est de moins en moins vraie car il ne reste plus sur le marché que des produits insecticides extrêmement ciblés et leur usage est très réduit comme nous le confirme Rémy Dorbeau, vice-président de l’AGREF*.
Utiliser des nématodes
Organismes parasitoïdes qui luttent contre de nombreux ravageurs, insectes et larves
Généraliser la pratique déjà répandue de moyens d’épandage tels que des pulvérisateurs autoportés, qui permettent d’appliquer les produits de façon optimale, sans trop de dispersion.
Faire appel à l’éco-pastoralisme comme au Grand Saint-Emilionnais Golf Club (voir plus tard dans notre troisième volet de l’enquête). Autrement dit, troquer les tondeuses traditionnelles contre des moutons ou des chèvres (ou autres herbivores). Une technique particulièrement respectueuse de l’environnement.
Utiliser des produits biologiques non toxiques ou des solutions de biocontrôle.
Laisser faire la nature sur quelques parcelles de terrain, comme le fait le golf de la Sainte-Baume, 4e golf français à avoir reçu l’écolabel GEO. (Enquête nationale écophyto auprès des golfs français, 2016.)
Protéger la Faune et la Flore
Outre les recommandations édictées par la FFG, d’autres voies doivent être explorées et mises en œuvre comme :
- Faire périodiquement quelques feux dirigés, les pics appréciant particulièrement les zones d’herbacées repoussant sur une zone qui a brûlé, selon des expériences réussies de restauration d’habitat de pic épeiches.
- Conserver autour des mares et étangs des zones tampon ou des réserves naturelles suffisamment vastes.
Une expérience étonnante a été menée dans un golf atypique du sud du Connecticut aux États-Unis, équipé de 36 trous sur 461 ha dans une forêt de feuillus (70 % du parcours) : l’étude de la dispersion de 78 salamandres adultes, suivies durant plus de 5 mois, de mars à décembre, par radio-émetteur. Leur déplacement a été suivi autour de deux des étangs et d’une mare forestière proche utilisés pour la reproduction.
On a constaté que dans la forêt proche, mâles et femelles se dispersaient sur des distances similaires autour de la mare (distance moyenne : 71 ± 10 m), mais sur le parcours peut-être par manque de nourriture, les femelles migraient deux fois plus loin (214 ± 25 m) que les mâles (102 ± 15 m). 60 % des salamandres adultes dans le golf n’ont pas traversé les fairways qui isolaient les mares.
Une étude antérieure avait recommandé d’établir une zone tampon gérée comme une réserve naturelle sur 164 m autour des étangs d’élevage pour protéger les amphibiens. Mais dans les golfs, cette distance (164 m) abriterait 82 % des mâles, et seulement 50 % des femelles adultes; d’où la conclusion qu’une zone périphérique bien plus large (de 370 m) serait nécessaire pour protéger 95 % des femelles adultes. En outre, cette espèce nécessite qu’on conserve beaucoup de bois mort et une épaisse litière de feuilles mortes.
Par ailleurs, beaucoup d’espèces (du lombric au sanglier en passant par des animaux fouisseurs tels que le lièvre ou le lapin de garenne ou certains coléoptères dont les larves mangent les racines du gazon ont des interactions avec le sol ou le gazon, ou à cause de leurs excréments ou de leur simple présence tels les oies ou canards cherchant à se nourrir sur les greens…) gênent incontestablement la pratique du golf qui exige un terrain parfaitement entretenu.
Créer des zones de restauration et conservation de «gros bois morts» (et arbres sénescents) sur pied, dans les golfs.
Varier les graminées en fonction du sol, du climat…
En fait, il existe beaucoup d’écotypes différents dans une même espèce, notamment pour les graminées annuelles. Les golfs jouent sur les variétés de graminées. Chaque parcours utilise sa propre variété. Toutes n’ont pas les mêmes qualités pour l’agrément du jeu ni les mêmes besoins en qualité de sol et en intrants, produits phytosanitaires compris. Le but est de rechercher le meilleur compromis entre les désirs des golfeurs, le respect de l’environnement et le coût.
La tendance actuelle est de limiter au maximum le pâturin annuel, flore dominante sur les greens pour 55% des golfs : c’est aussi la graminée la plus sensible aux maladies, à la sécheresse et au stress du fait de sa faible profondeur d’enracinement. Il prospère aux dépens d’espèces plus adaptées comme les agrostides ténues sur les greens ou les fétuques, plus résistantes et moins gourmandes en eau.
Les graminées sont régulièrement frappées par diverses maladies qui peuvent rendre un golf quasiment impraticable. Traiter les surfaces les plus sensibles et principalement les greens (1 ha au total) est une nécessité dont le coût est loin d’être négligeable.
En France les golfs se sont dotés d’un observatoire des maladies, le réseau d’épidémio surveillance des gazons piloté par l’Institut Ecoumene Golf & Environnement. Quand elles apparaissent, des alertes sont diffusées partout et peuvent déclencher des traitements préventifs, mais parfois plus simplement des mesures de bon sens comme de demander aux golfeurs de laver leurs chaussures avant et après une partie pour ne pas transporter les maladies d’un golf à l’autre…
De plus en plus de golfs mettent des variétés plus résistantes à la sécheresse et aux maladies. Le déploiement des fétuques sur le fairway et d’agrostides, notamment les agrostides ténues sur les greens remplacent peu à peu le pâturin annuel.
Mais aussi
- Sobriété, optimisation et efficience énergétique dans l’éclairage, la climatisation, la domotique, l’arrosage
- Construction ou réhabilitation bioclimatique et de type HQE avec plus souvent l’utilisation d’écomatériaux, en utilisant des ressources locales si possible ;
- Compostage, méthanisation, recyclage in situ des déchets organiques autant que possible ;
- Utilisation de sources d’énergie propres, renouvelables et sûres comme l’éolien, le solaire ou la géothermie)
- Recharge des batteries et pompages aux heures creuses (avec tarifs plus avantageux) ;
- Éclairage sobre, en valorisant la lumière du jour (puits de lumière)
Recycler les balles perdues
14 balles sont perdues toutes les secondes sur les terrains d’Europe et des États-Unis. Cela représente environ 450 millions de balles par an. Ces balles ne sont malheureusement pas biodégradables. Une fois qu’elles sont perdues, elles s’effacent du décor mais pas de l’environnement… Heureusement, des solutions existent !
Sécuriser les contours du terrain pour que les balles restent dans un périmètre restreint et soient plus faciles à retrouver.
Récupérer les anciennes balles, par exemple en faisant appel à des plongeurs qui pourraient les récupérer dans les lacs… et les recycler ou reconditionner comme le font de plus en plus de clubs.
En attendant de trouver la solution miracle, des fabricants cherchent aussi à produire des matériels plus verts ou plus recyclables. Une entreprise a tenté de produire des balles biodégradables, mais sans succès de vente car considérées comme moins performantes. Des balles recyclables contenant pas ou moins de métaux lourds, à renvoyer au producteur ou à rendre au vendeur, sont recyclées pour l’entrainement des jeunes dans des programmes de type «First Tee» aux États-Unis ou broyées pour faire des surfaces d’aires de jeu. Ces millions de balles qui contiennent des métaux lourds se retrouvent annuellement dans les décharges ou perdues dans la nature et dans l’eau : les balles s’enlisent dans les algues vertes.
De même les tees en bois ou en matière biodégradable associant pâte de bois, paille de blé et polymère à base d’amidon de maïs, sont la majorité aujourd’hui. Nombre d’entre eux étaient naguère perdus ou abandonnés sur le terrain et encrassaient alors les lames des tondeuses.
De fausses bonnes idées ?
Installer du gazon synthétique qui demande moins d’eau qu’un gazon naturel.
Le golfeur, lui, n’y trouve pas toujours son compte, malheureusement, sauf dans quelques cas spécifiques comme à La Faute sur Mer, en Vendée, où un parcours de 9 trous a été réalisé après la tempête Xinthia restée dans toutes les mémoires, qui avait causé la mort de 29 personnes et entraîné la destruction de 600 maisons. Après moult réflexion, il a finalement été décidé d’opter pour la création d’un golf, preuve que le golf peut être aussi une solution intéressante pour développer une activité humaine.
S’agissant d’un site protégé inondable, afin de laisser passer l’eau, aucun terrassement n’a été possible. L’utilisation de produits a été interdite, aucun désherbage ni arrosage autorisé pour conserver son aspect naturel. Seuls les avant-greens peuvent être arrosés en été. Greens et départs sont en synthétique, mais ce qui était une bonne idée au départ a entraîné quelques difficultés à l’usage dans la mesure où sablage, roulage, élimination du gazon naturel qui pousse en dessous de la surface synthétique, sont autant de freins. Sans oublier que la matière première servant à réaliser le gazon synthétique est-elle même anti-écologique !
Au golf du Havre également, les responsables ne regrettent pas les greens synthétiques et ça se passe plutôt bien…
Au Jiva Hill Golf Club, un 9 trous près de la frontière suisse, aucun traitement sur les départs et greens synthétiques, nous a précisé Édith qui confirme que les joueurs se sentent parfaitement à l’aise sur ces surfaces.
On le voit, là encore, la question n’est pas totalement tranchée même si on connaît l’avis du golfeur «moyen» qui préfère généralement un green «normal» à un green synthétique. Pour le moment…
Utiliser les eaux usées : pas si sûr !
En 2013, déjà 90 % des golfs français avaient choisi d’utiliser des eaux impropres à la consommation humaine (à savoir des eaux de pluie ou des eaux usées) pour irriguer les terrains. Car si le gazon a soif d’eau, il n’est pas regardant quant à sa provenance. Attention cependant à la salinité de l’eau comme déjà indiqué par ailleurs.
Actuellement, en France, une quinzaine de golfs seulement (3% des parcours) utilisent l’eau usée traitée issue de station d’épuration.
Il reste que les progrès dans ce domaine ne sont pas aussi rapides que dans d’autres pays comme les États-Unis, l’Espagne, le Maroc ou la Tunisie par exemple, en raison d’une part d’une réglementation inadaptée au golf mais aussi d’une réalisation assez complexe avec deux réseaux séparés et enfin l’obligation d’un parfait traitement, ce qui engendre un coût assez élevé.
Et demain ?
Plusieurs questions se posent : Les golfs occupent-ils une surface excessive dans le paysage français en particulier ?
Les partisans de l’environnement à tout crin trouvent que la consommation foncière prise par les golfs est excessive et favorise la destruction de certains milieux. À titre d’exemple, les golfs du Michigan couvrent environ 315 km² soit plus que la surface de la ville de Paris. En France, les 550 terrains agréés ou reconnus par la Fédération Française occuperaient une surface équivalente à deux fois la surface de Paris et produiraient une quantité d’oxygène équivalente aux besoins de 2 millions d’habitants. Cela reste pourtant inférieur à la production d’une forêt ou d’une prairie permanente de surface équivalente, et c’est en prélevant beaucoup d’eau (souterraine et/ou superficielle).
Chacun reste juge mais, comparé à d’autres pays voisins, il ne paraît pas que le paysage français ait été détérioré, à supposer d’ailleurs qu’un paysage se trouve abîmé esthétiquement par la construction d’un golf… Peut-être, en la matière, faudrait-il regarder davantage du côté de l’architecture d’habitat – on ne citera pas le nom de certaines stations balnéaires défigurées par le béton – qui a non seulement beaucoup nui à l’esthétique mais aussi à l’environnement…
Les golfs touristiques français doivent pouvoir vivre et être compétitifs.
Les priver de la possibilité d’affronter la concurrence des parcours soumis à une réglementation plus laxiste ailleurs en Europe, au Maghreb ou au Moyen-Orient pour ne parler que d’eux, pose un vrai problème. La France doit servir d’exemple certes mais, à l’instar des agriculteurs, encore faut-il proposer aux exploitants des solutions alternatives qui tardent à arriver…
Que se passe-t-il ailleurs ?
A Dubaï au Maroc ou sur l’île de Majorque en Espagne (25 parcours sur un timbre-poste), sans parler de la Costa del Sol bien sûr, de l’Algarve au Portugal ou bien à Chypre (8 chantiers en construction), le seuil d’acceptabilité a été franchi et, sans aucune agressivité, on peut se demander là encore si le golf a toute sa place dans un tel environnement. «Trop, c’est trop…» Et c’est un golfeur qui vous le dit ! Les responsables de golf le sentent bien, comme à Son Muntaner à Majorque, un parcours près de la capitale Palma, qui a entrepris en 2016 de modifier le type de graminées, augmenter les retenues d’eau et surtout utiliser moins de produits chimiques.
Le golf est-il aujourd’hui un empêcheur de biodiversité ou contribue-t-il à l’équilibre indispensable ?
C’est toujours le problème du verre à moitié plein ou à moitié vide… Certes, comme on l’a vu, le Golf intègre de la biodiversité, le tout est de savoir si cet espace réservé est (ou non) bénéfique à la biodiversité en général ou, tout au moins, ne lui nuit pas ou peu… A ce propos, la Fédération française, dans le cadre de la Convention signée avec le Museum d’Histoire Naturelle, cherche à inventorier la biodiversité et à préconiser des méthodes de gestion en faveur de sa préservation, voire de son embellissement.
Des questions éthiques se posent également : faut-il uniquement comparer la biodiversité des golfs avec celle des milieux urbains ou périurbains, eux-mêmes très artificialisés, avec celle les paysages agricoles proches ? Ou faudrait-il aussi la comparer avec les réelles potentialités écologiques du site, si la nature s’y exprimait normalement ? Difficile de répondre.
Le golfeur peut-il être aussi un écologiste ?
Talleyrand disait : «tout ce qui est excessif est insignifiant». Autrement dit, en golf comme ailleurs, le bon sens doit prévaloir. On ne demande pas au golfeur de devenir soudainement un «écolo» passionné, tout comme on ne demande pas à un «écolo» d’aimer le Golf. La vérité se situe, comme souvent, au milieu. Le golfeur d’aujourd’hui et de demain a un rôle important à jouer, doit prendre conscience des enjeux et adopter une attitude plus en conformité avec la protection de la nature. «L’écolo» ne doit pas faire comme si le golf ne devait pas exister -il existe et pour longtemps encore, espérons-le-, il doit seulement veiller à ce que les réglementations s’appliquent et favoriser la conservation de notre patrimoine commun.
Enfin, à la question ultime aujourd’hui que certains voudraient voir poser -l’existence même du Golf dans notre société post-moderne- rejetant tout extrémisme ou idéologie en la matière, disons qu’au contraire, en tenant compte de la réalité actuelle, il faut conserver et améliorer l’acquis –non, tous les golfs, loin de là, ne sont pas des ennemis de la nature- tout faire pour aller vers une conception encore plus écologique et humaniste. Les exemples que nous montrerons dans la troisième partie de cette enquête montrent que c’est possible et que la révolution est en marche.
Norbert Amblard, intendant de parcours du Golf d’Esery : « La sortie de la chimie passera uniquement par la contrainte ou par un engagement collectif. »
Peut-on se passer de produits chimiques dans l’entretien des parcours de golf ?
« Entretenir un parcours aujourd’hui résulte d’une alchimie de compétences, de moyens, de matériels et de produits divers et variés parmi lesquels les produits chimiques. L’usage de ces produits n’est pas une lubie égoïste ; il revient à apporter des solutions à de vraies problématiques d’exploitation. La standardisation et l’asepsie des surfaces véhiculées par le golf professionnel télévisé ont contaminé l’ensemble de la planète golf, contraignant les gestionnaires à entretenir ce cercle non vertueux.
Si la définition du jeu de golf, ses règles et ses usages n’évoluent pas rapidement, alors nous pouvons affirmer que nous ne pourrons pas préparer de parcours adéquats. C’est donc une responsabilité collective et mondiale qui pourra inverser la tendance. Je vous invite toutes et tous à visionner des images des opens des années 60 ; c’était aussi du golf, sans doute avec moins de produits chimiques…
La sortie de la chimie pour les golfs passera uniquement par la contrainte ou par un engagement collectif. Les lies seront plus champêtres et le putting un peu plus aléatoire. Ce sont les joueurs qui détiennent la réponse, sont-ils prêts à jouer sur ces parcours entre fusarioses et pâquerettes ? »
Quelques règles de bonne conduite s’imposent au golfeur
Outre l’Étiquette obligatoire pour le golfeur, celui-ci ne doit pas oublier de :
- Laver ses chaussures à la fin d’une partie pour ne pas transporter des maladies cryptogamiques
- Utiliser des tees en bois et non en plastique
- Ne pas fumer ou, tout au moins, ne pas laisser son mégot sur le fairway (12 ans avant qu’il ne se consume …)
- Ne pas oublier que les balles ne sont pas biodégradables –mais, en ce domaine, on peut faire confiance au golfeur qui, en général, n’aime pas abandonner ses balles à autrui…- et, d’une manière générale, ne rien laisser sur le parcours, utiliser les poubelles existantes
- Ne plus exiger de jouer sur des parcours vert fluo en été car nécessitant trop d’arrosage, ni exiger des greens mous pour que la balle pitche bien. La vertu des greens fermes n’est plus à démontrer…
Certes, nous avons tous en tête l’image d’Augusta avec son célèbre parcours manucuré, jusqu’aux pièces d’eau artificiellement colorées… et nous aimerions tous avoir la même chose sur notre propre parcours…
Et pourtant, cela doit faire de plus en plus figure d’exception. D’ailleurs, même nos amis d’outre-Atlantique l’ont compris. La preuve : lors des récents US Open, en 2015 sur le parcours si difficile de Chambers Bay ou l’an passé à Shinnecock Hills, près de New York, les fairways n’avaient rien à voir avec ceux d’Augusta !
Et si Tiger Wood et les autres ont trouvé parfaits les fairways jaunis de l’Open britannique, en particulier au Royal Liverpool, à Saint Andrews ou encore l’Italien Francesco Molinari l’an passé à Carnoustie, le golfeur du dimanche doit lui aussi comprendre la démarche.
«Un golf vit au rythme des saisons et des fairways verts en plein été sont une aberration, sauf, peut-être au nord de l’Irlande, comme au récent « the Open » au Royal Portrush, où, comme chacun sait, la pluie ne manque pas… » affirme Rémy Dorbeau, vice-président de l’AGREF et Directeur du golf de Chantilly qui joint le geste à la parole en montrant l’exemple sur ses parcours de Vineuil et des Longères, l’un des plus prestigieux golfs d’Europe continentale.
Ne jamais oublier donc de privilégier l’aspect sportif à l’aspect purement esthétique. Et changer ses réflexes de toujours, ce qui n’est pas une mince affaire.
… et aux Intendants de parcours
Souvent, comme le demande la Commission «terrain» des clubs, les intendants, pour plaire aux joueurs, en rajoutent parfois afin d’obtenir des fairways parfaitement verts, des greens souples, en oubliant que le golfeur n’a pas tous les droits et doit s’adapter aux nouvelles contraintes et techniques de jeu qui en découlent. Dans ce domaine aussi, il est crucial d’évoluer rapidement. Au final, le club s’y retrouvera avec moins d’entretien, donc un coût moindre, un côté plus naturel et tout le monde y gagnera.
Une seconde chance
Trente ans après la décennie magique –1985 à 1995– avec la création en France de 400 parcours, aujourd’hui est venu le temps de la rénovation.
Puissent les golfs prendre définitivement le virage et éliminer les erreurs de jeunesse du passé afin de redonner toutes ses chances à la biodiversité et à la renaissance d’une nature abîmée par beaucoup, le Golf n’étant qu’un acteur parmi d’autres comme on l’a vu dans la première partie de cette enquête mais qui doit prendre aussi sa part de responsabilité.
Quoi qu’il se passe, la réglementation étant ce qu’elle est aujourd’hui et ce qu’elle sera demain avec la disparition du marché de la quasi-totalité des produits toxiques, les golfs n’auront d’autre choix que de s’adapter… ou mourir.
Ils y auront un intérêt d’autant plus grand que leur budget annuel pour la fertilisation (10 000€ par an pour l’achat de produits phyto-sanitaires, un budget élevé qui s’explique par le coût des engrais à libération programmée, environ 2.20 € le Kilogramme) sera en diminution constante.
Un signe parmi d’autres qui trouvera à terme son prolongement sur le parcours lui-même : lors de l’Open britannique à Portrush en Irlande du Nord, les bouteilles plastique ont été remplacées par des bouteilles en aluminium recyclé. Preuve que les mentalités commencent à changer, jusqu’au plus haut niveau… les tees en bois ont eux aussi remplacé les tees en plastique !
Dans la troisième partie, nous parlerons des golfs qui ont joué, avant d’autres, la carte écologique et ont connu des fortunes diverses. La preuve que, d’un côté, sans un minimum d’entretien, un golf ne peut pas offrir la qualité que le golfeur recherche et de l’autre, hormis quelques parcours de très haut standing en France, on peut aujourd’hui offrir aux joueurs un parcours de qualité en revenant au bon sens des anciens, du temps où l’Ecosse, par exemple proposait des parcours déjà magnifiques mais d’une sophistication bien moindre que celle qu’on connaît aujourd’hui…
*AGREF : Association des greenkeepers de France