Tiger Woods aborde en 2000 le Players avec une confiance inébranlable qu’un revenant de 41 ans – Hal Sutton – va ébranler le temps du tournoi grâce au choix d’un club rentré dans les annales.
En 2000, tout le monde se demande comment Tiger Woods peut être battu. En cette fin du mois de mars, il est sur une série de 10 victoires sur les 16 derniers tournois officiels disputés… Une écrasante domination que même les meilleurs semblent se résoudre à accepter.
Un quadra longtemps perdu pour le golf se rebiffe
Un ancien vainqueur d’un Majeur ne l’entend pas de cette oreille. Victorieux de l’US PGA 1983 face à son idole Jack Nicklaus, l’Américain Hal Sutton, ragaillardi après une dizaine d’années de vaches maigres qui l’a vu disparaître des leaderboards, a un plan.
Première étape : battre Woods sur 2 tours
Encore faut-il avoir les moyens de le mettre en place ! Il prévient son fidèle caddie Freddie Burns, qu’il affrontera un jour ou l’autre l’animal sur deux tours. Son ambition est de taper moins de coups que lui dans un face-à-face imaginaire.
Il compte ainsi fissurer sa confiance pour que le jour venu il soit dans les meilleures dispositions possibles pour le défier. En février 2000, lors du Nissan Open, il parvient à le battre sur les deux premiers tours (69-67 contre 68-70) sans savoir en revanche si Tiger y accorde une quelconque importance.
Le bon moment à son tournoi préféré
Peu importe. La confiance d’Hal Sutton est au plus haut, au moment d’aborder son tournoi préféré, le Players Championship, qu’il a d’ailleurs déjà remporté en 1983… 17 ans auparavant. Il sait que le parcours du TPC Sawgrass ne favorise pas vraiment la longueur au drive de Tiger Woods.
Le plan du futur capitaine de la Ryder Cup 2004 se déroule comme prévu : les deux s’affrontent au tour final, mais son avance accumulée les jours précédents fond comme un ice-cream au soleil de Floride. Une première alerte le samedi- triple bogey au fameux 17 – n’a pas l’air de le perturber outre mesure.
L’orage interrompt le duel
Contrairement à l’orage du dimanche, qui les oblige à jouer les 6 derniers trous le lendemain. En effet, Sutton était sur une bonne dynamique après avoir repris 4 coups d’avance au 11. « Il me fallait mener de trois coups au moins à l’entame des 3 derniers trous » se souvient Sutton. Effectivement, dans une ambiance électrique, Tiger recolle, et de quelle manière, grâce à un eagle au 16 !
Plus qu’un seul coup d’avance pour Sutton
Avec un seul point d’avance désormais, le natif de Louisiane passe l’obstacle du 17 sans encombre avant d’adopter sa stratégie au 18. Sachant que Woods ne peut utiliser son driver, contrairement à lui, il espère atteindre une distance plus longue afin de jouer l’attaque du green après l’homme en rouge.
Au départ du 18, alors qu’il n’a jamais pris son driver sur ce trou, Sutton overdrive de peu le fer 2 de Woods… A son 2e coup, trop agressif, ce dernier dépasse légèrement le green. Sutton a donc toutes les cartes en main pour remporter le tournoi. Il lui suffit d’atteindre le milieu de green situé à 170 m environ et c’est réglé !
« Be the right club today ! »
Sans hésiter, il choisit de taper un fer 6 pour ne montrer aucun doute, ni à son caddie ni à son adversaire. La tension est extrême. Avec son finish tenu mais ô combien efficace, il tape et s’exclame to de go : « Be the right club today ! » (« Sois le bon club aujourd’hui ! »). Grâce aux micros de la télévision, un dispositif mis en place récemment, les téléspectateurs entendent cette réplique qui entrera dans l’Histoire.
En ce lundi 27 mars 2000, le club est effectivement le bon : la balle atterrit à quelques petits mètres du drapeau. Deux putts plus tard, il bat le meilleur joueur du monde et déjoue tous les pronostics en empochant son second titre au Players ! Son 12e sur le PGA Tour.
Une statistique honorifique qui ne sera jamais battue
Directeur d’une académie et animateur d’un podcast intitulé… « Be The Right Club Today », Hal Sutton demeure, statistique amusante, le seul à avoir remporté un tournoi où Jack Nicklaus et Tiger Woods ont fini deuxièmes. Tout simplement les deux meilleurs joueurs de l’histoire du golf.