Théâtre du Arnold Palmer Invitational depuis 1974, le parcours du Bay Hill à Orlando accueille un étang qui a valu des moments inoubliables comme le score historique de 18 effectué en 1998 par John Daly sur… un trou.
Vainqueur en 2021 de l’Arnold Palmer Invitational, Bryson DeChambeau avait créé le buzz grâce à son drive phénoménal exécuté au départ du 6 qui fait face à un large plan d’eau. D’habitude, les pros atteignent tranquillement le fairway par la droite sur ce par 5, long de 507 m, qui contourne la totalité de l’obstacle.
Même Bryson DeChambeau n’a pas tenté le diable
L’Américain avait choisi de faire le spectacle en envoyant un drive de 338 m qui positionna sa balle dans le rough, à 60 mètres du green. Bryson est une brute épaisse mais pas aussi inconsciente qu’un certain John Daly qui, lui, avait décidé en 1998 d’atteindre directement le green !
John Daly était pourtant dans une bonne dynamique
A cette époque, « Long John » est déjà en pleine descente aux enfers parfumée aux fortes effluves d’alcool. Ce qui n’a pas empêché l’Américain de devenir en 1997 le premier pro du circuit PGA à afficher, en une saison complète, une longueur moyenne au drive supérieure à 300 yards (274 m) !
En ce début de printemps 1998, John Daly aborde le tournoi (alors Bay Hill Classic) sous une bonne dynamique. Il vient de terminer 4e du Nissan Open et du Honda Classic. Après un 1er tour solide en 68, les deux suivants (75-70) ne lui laissent quasiment aucune chance de victoire, à moins d’un exploit…
Le public se croit dans un film
Le dimanche 22 mars n’en n’occasionne aucun. Sa carte est moyenne et il aborde le trou 6 sans être particulièrement remonté. Mais voilà, John Daly tente l’impossible : driver le green dont le carry fait approximativement 320 mètres. Pan ! Dans l’eau. Dans sa sagesse toute relative, le joueur n’insiste pas et droppe sa balle à 27 m plus près du fairway.
John sort en revanche son bois 3 du sac. Il tape une 2e fois dans l’eau quand le public commence à scander « Tin Cup, Tin Cup… » titre du film sorti deux ans plus tôt où Kevin Costner interprète un golfeur dans une situation semblable. Les encouragements, fallacieux pourrait-on penser, ne lui sont d’aucune aide.
Un calvaire vécu dans le calme
Ne montrant aucun signe d’énervement, Daly abreuve l’assistance de coups dans l’eau – 6 exactement – avant d’envoyer sa balle – injouable mais sauve – sur la berge opposée. « Après son 5e coup, j’ai perdu le compte » clame Paul Goydos, son compagnon de jeu. Il est vrai que le calvaire fut sans fin.
Après avoir droppé une seconde fois, il tape son fer 6 et envoie la balle sur un rocher qui la fait ricocher dans le bunker opposé au green. Une sortie et deux putts plus tard, John Daly marque 18 sur sa carte de score avant de signer un birdie au trou suivant ! Il ne lui restait qu’une seule balle dans le sac…
Un des rares Archaeopteryx de l’histoire du golf
Ce 18 demeure assurément l’un des pires scores effectués sur un trou de toute l’histoire du golf. Il s’agit pour les spécialistes d’un Archaeopteryx, terme qui indique un score supérieur à 15. On peut penser que John Daly avait pris sa potion magique, mais sans doute pas celle que l’on pense…
L’honorable Tom Watson, témoin bien malgré lui de ce moment privilégié, décrit ainsi la scène : « C’était à la fois une comédie et une tragédie ». Une « tragé-daly » en somme.