Dans le monde du golf, les femmes sont encore minoritaires : sur les parcours d’abord, mais aussi dans les instances nationales ou régionales, dans les postes à responsabilité au sein des golfs, dans les entreprises spécialisées etc…
Une femme, jeune, talentueuse, passionnée de golf, avec déjà une belle expérience dans le secteur, a décidé de réagir et de se lancer dans un projet dont l’objectif est clair : être la voix/la voie féminine du golf.
Elle s’appelle Aude Bredel et a créé GolfHER, un média digital que Golf Planète vous recommande de visiter rapidement.
Nous avons rencontré Aude qui nous explique pourquoi elle a, un jour, décidé de se lancer dans cette aventure.
Des services et des produits pour répondre aux besoins des femmes
Les chiffres de la présence des femmes dans le golf sont éloquents : 27% de golfeuses en France, très peu de directrices de golf (12%) ou de membres d’institutions nationales ou régionales etc… Alors vous avez décidé de réagir en créant le media digital GolfHER. Mais d’abord, une question pour mieux vous connaitre : quel a été votre rapport avec le golf jusqu’à aujourd’hui ?
Aude Bredel : Je baigne dans le golf depuis que je suis née, puisque j’habitais sur un golf. J’ai commencé le golf à l’âge de 7 ans et j’étais la seule fille de mon groupe (photo ci-dessous).
J’ai appris à jouer comme un garçon en cherchant à taper fort dans la balle. Je partais des mêmes départ qu’eux, car sinon je n’avais pas l’impression de jouer le même jeu qu’eux.
Vers l’âge de 14 ans j’ai été sélectionnée en groupe France espoir. C’est à ce moment-là que j’ai compris ce qu’était le sport de haut niveau, ce n’était plus pareil et je me suis éloignée du jeu.
Néanmoins, le golf m’a rattrapé de plein fouet à l’université. On m’a proposé de jouer en équipe universitaire et c’est là que j’ai choisi d’axer ma carrière dans les métiers du golf. J’ai été administratrice de tournois, fitteuse de club, responsable proshop, directrice adjointe puis directrice de golf et de restaurant.
Me voici entrepreneure dans une mission qui m’est chère, toujours dans le golf !
Votre média GolfHER veut établir un pont entre les femmes et le monde du golf, sous tous ses aspects : sportifs, amateurs, professionnels, business, institutionnels, relationnels. A qui vous adressez-vous ?
Aude Bredel : GolfHER est d’avantage la voix/voie féminine du monde du golf.
D’un point de vue sportif, nous avons le souhait de répondre aux besoins de toutes les joueuses et de leur montrer le golf à travers le regard de la communauté.
Notre objectif est de conquérir de nouvelles golfeuses, de reconquérir les golfeuses déchues qui ont abandonné pour des raisons connues et de fidéliser encore plus les joueuses présentes.
D’un point de vue institutionnel et relationnel, GolfHER se positionne comme un label. Je propose aux parties prenantes (enseignants, golfs et fournisseurs) des solutions clefs en mains pour développer des produits et des services qui répondent aux besoins des femmes.
D’un point de vue professionnel, Je vais rapidement proposer aux femmes une formule business pour les aider à évoluer plus facilement dans le monde du golf.
D’un point de vue numérique, GolfHER propose le site web golfher.fr qui regroupe la communauté en ligne, les futurs services et du contenu rédactionnel. C’est un outil pour que les femmes se retrouvent sur les terrains.
Accès gratuit sur GolfHER.fr
Quel est le contenu de votre offre ? Comment faire pour s’inscrire ? Est ce payant ?
Aude Bredel : La communauté GolfHER est accessible gratuitement sur golfher.fr. Chacune peut par exemple :
– vouloir se rassembler pour faire gagner du terrain au golf féminin,
– Trouver des joueuses avec qui jouer n’importe où en France, voire à l’étranger,
– s’imprégner du monde du golf féminin encore inconnu pour certaines, en suivant le fil d’actualité des joueuses inscrites, au travers des échanges sur les groupes de discussion,
– lire le contenu rédigé par des expertes du golf.
Dès l’année prochaine, nous allons proposer un abonnement Premium qui permettra aux femmes d’accéder à un réseau de golfs, d’enseignants et de fournisseurs, qui répondent à un cahier des charges favorables aux femmes. Il s’agit de pouvoir donner la possibilité aux joueuses de choisir entre le golf qu’elle connaissent et le golf pensé pour les femmes, avec des services et des offres attractives.
En préparant votre projet, l’observation des femmes et du golf dans différents pays vous a-t-elle conduit à percevoir des disparités ? pourquoi ?
Aude Bredel : En France, la proportion des golfeuses est au-dessus de la moyenne mondiale (26,9% contre 24% mondial); c’est bien mais on ne peut pas se féliciter de chiffres aussi faibles.
La tendance à vouloir s’engager officiellement dans un golf plus inclusif au niveau mondial date de 2018, avec l’appel du pied du Royal & Ancien. La women in golf charter vise à engager d’avantage les fédérations et les organisations à prendre des mesures en faveur des femmes. GolfHER est signataire de cette charte et notre mission principale est de travailler pour le développement du golf féminin sous toutes ses formes et accompagner le plus grands nombres dans ce sens.
Seulement 6% de femmes dans les groupements professionnels de golf !
On oublie que des femmes championnes ont fait la gloire du golf en France : Simone Thion de la Chaume, Lally Segard, Catherine Lacoste, Marie-Laure de Lorenzi, Anne-Marie Palli, et aujourd’hui Céline Boutier… Quelles sont les barrières qui, encore aujourd’hui, freinent la présence des femmes aussi bien sur les parcours de golf que dans les postes à responsabilité ?
Aude Bredel : Les championnes souffrent du peu de médiatisation. Elles ont des revenus beaucoup plus faibles que leurs homologues masculin bien que leurs charges soient tout aussi élevées. Sur un tournoi de même niveau du type Open de France, en 2019, la championne a gagné 6 fois moins.
En termes de golf loisir, beaucoup de pistes sont à explorer et aujourd’hui nous connaissons les freins que les femmes rencontrent. En voici quelques-uns : le coût global du golf, le temps de jeu trop long, le manque d’amies pour jouer, un apprentissage technique inadapté, les obligations familiales, etc.
Concernant les postes à responsabilités, pour avoir évolué dans les métiers du golf, nous sommes dans un univers majoritairement masculin. Nous sommes en moyenne 6% inscrites dans les groupements professionnels (ADGF, PGA, AGREF).
Lorsque j’ai postulé à des postes à responsabilité, on m’a déjà posé plusieurs fois la question de savoir si j’avais pour projet d’avoir des enfants.
En tant que directrice, j’ai été confrontée à des hommes qui remettaient en cause mes compétences simplement parce que j’étais une femme.
Plus nous mettrons en avant les femmes qui ont évolué dans l’univers du golf, plus cela donnera envie de les suivre.
Plus nous formerons et donnerons confiance aux femmes, plus elles oseront.
Quand pourrez-vous dire que GolfHER a réussi ?
Aude Bredel : Quand la parité sera atteinte dans le jeu, parmi les pros et dans les postes à responsabilité de la filière !
Pour prendre contact avec Aude Bredel :
Informations : cliquez ici