Après 29 ans sur le pont en tant que directeur de golf, Jérôme Lauredi s’offre une retraite royale dans la foulée de la cinquième édition du Hopps Open de Provence, en cédant sa place de directeur du Golf International de Pont-Royal à Thibaut Sampoux.
David Charpenet, au Golf de Pont-Royal,
Jérôme Lauredi est un passionné de golf qui pourrait en parler des heures. Et d’ailleurs c’est ce qu’il fait parfois sans jamais faire fléchir son auditoire, tant ce Niçois de 63 ans aime toutes les facettes du golf, de la compétition de haut niveau à l’entretien des parcours, avec toujours cette même recherche de diminuer l’impact d’un parcours de golf dans son environnement, un de ses cheval de bataille tout au long de sa carrière de directeur de golf. Cette dernière va maintenant s’achever…
À la fin du mois, M. Lauredi va céder sa place de directeur du Golf International de Pont-Royal à son adjoint depuis 2015, Thibaut Sampoux. «J’ai 63 ans et tous mes semestres validés, expliquait-il. J’adore ce métier, mais il est exigeant. Et comme je fais toujours les choses à fond, j’étais un peu accroc au boulot. Il y a deux ans, j’ai prévenu mes administrateurs que j’allais arrêter. Thibaut Sampoux était déjà là à mes côtés et il est parfaitement calibré pour le poste. Il travaillait au Golf du Médoc avant d’arriver en 2015. Il est très compétent et le conseil d’administration a décidé de le conserver après mon départ. C’est d’ailleurs lui qui gère vraiment le tournoi depuis quelques années.»
Je me suis retrouvé architecte de golf et directeur de golf en même temps
Jérôme Lauredi
Arrivé en 2009 à Pont-Royal, Jérôme Lauredi quitte le golf installé sur la commune de Mallemort après quatorze années en tant que directeur. Une carrière de 29 années de directeur de golf au total, débutée presque par un coup du sort ! «J’ai commencé ma première expérience de directeur de golf en 1994 à Beauvallon, près de Sainte-Maxime. J’avais une société de gestion de practices. Il y a eu un concours d’architectes pour l’extension du Golf de Beauvallon de 9 à 18 trous. Et à mon grand étonnement, mon associé architecte qui n’y connaissait rien en golf et moi, qui n’y connaissais pas grand chose en architecture, nous avons gagné. Il s’est passé près d’un an et demi entre le moment où on a gagné le concours et les premiers subsides. J’ai profité de ce laps de temps pour m’inscrire à la formation de directeur de golf de la FFG. Ça s’est bien passé puisque j’ai été co-major de ma promotion. Les personnes qui géraient le Golf de Beauvallon m’ont proposé de prendre la direction du golf au moment du passage à 18 trous. Je me suis donc retrouvé architecte de golf et directeur de golf en même temps.»
Les années Bluegreen
«Il y a eu des soucis entre la Société Anonyme qui gérait le golf et l’Association Sportive. J’ai joué à merveille mon rôle de fusible. J’ai donc été engagé par Bluegreen pour aller à Avrillé. C’est un petit golf près d’Angers, plutôt en difficulté à l’époque. Et au bout de dix-huit mois on m’a demandé de prendre Saint-Quentin-en-Yvelines, un 45 trous à côté du Golf National. On a doublé le chiffre d’affaire en deux ans. J’avais de très bons résultats et j’avais une totale liberté de la part de Bluegreen. Mais au bout de 5-6 ans, j’ai annoncé mon départ à la direction générale parce que je voulais quitter la région parisienne et retourner dans le sud. Je suis né à Nice et le Golf Bluegreen Sainte-Maxime se libérait… J’y ai passé huit ans. En 2009, le Golf de Pont-Royal cherchait quelqu’un pour remplacer Jean-Marie Casella en partance pour Terre Blanche. J’ai postulé et ils m’ont recruté en septembre.»
Le Domaine de Pont-Royal, dernier port pour ce navigateur des fairways
À peine arrivé, ce directeur toujours avide d’améliorations se met à agir en écologiste de la première heure. «Dès que je suis arrivé à Pont-Royal, on a rapidement changé notre parc en machines hybrides. Elles étaient moins performantes qu’aujourd’hui. Mais je voulais qu’on prenne de l’avance sur la transition en électrique.» L’innovation est permanente et Jérôme Lauredi veut non seulement rester dans le coup, mais également avoir un coup d’avance quand c’est possible. «J’avais commencé à passé au vert à Sainte-Maxime. Nous étions le seul golf de France à arroser avec 100% d’eau issue directement de la station d’épuration. Beaucoup de professionnels étaient sceptiques. Mais en 17 ans, il n’y a jamais eu un seul souci. La station d’épuration a fait du bon boulot et nous aussi. Mes successeurs ont continué pour que tout se passe bien.»
On espère que tout le monde va tenir ses engagements et qu’on aura à notre disposition des produits de substitution pour atteindre ce bel objectif de zéro phyto en 2025
Jérôme Lauredi
«À Pont-Royal, on continue d’innover. On a prélevé des champignons présents sur le site qu’on a implantés sous les greens et les départs en collaboration avec le Muséum national d’Histoire naturelle et une société privée au printemps dernier. Ça permet une meilleure rétention d’eau et de moins arroser. Ces champignons prennent la place des champignons pathogènes et on a moins de produits à mettre. Les résultats sont encourageants, même s’il faut attendre encore un an pour avoir plus de recul. C’est la première fois que c’était utilisé sur des greens. Mais on est confiants puisque ça marche sur les vignes et les fleurs. Il faut de toute façon chercher des solutions , notamment dans l’optique du zéro produits phytosanitaires en 2025. On espère que tout le monde va tenir ses engagements et qu’on aura à notre disposition des produits de substitution pour atteindre ce bel objectif. C’est un problème qui va au-delà des golfs. Toutes les pelouses sportives sont impactées.»
Des projets pour l’avenir
Dans la tête de Jérôme Lauredi, les idées fusent encore et toujours… et toujours et encore. Après le 18 trous dessiné par Severiano Ballesteros et le 6 trous de la Durance, avec son 3 trous école, un parcours 9 trous reste à l’étude. Mais ce sera maintenant un projet pour Thibaut Sampoux et son conseil d’administration. «On voulait créer un vrai parcours 9 trous pour avoir un parcours intermédiaire entre le 18 et le 6 trous de la Durance pour les débutants. Ça permettrait aux golfeurs qui ne sont plus débutants d’avoir un parcours à leur niveau, parce que le 18 trous de Pont-Royal est très exigeant. Ça ne s’est pas encore fait, mais ça reste un projet à l’étude.»
Un parcours reconnu au-delà des frontières
Avec un tel parcours 18 trous dessiné par une des plus grandes légendes du golf mondial comme étendard, tout est imaginable dans ce Domaine de 183 hectares où le génial espagnol a marqué tous ceux qui l’ont côtoyé. Seve est venu plusieurs fois à Mallemort, depuis sa première découverte du site en hélicoptère jusqu’à l’inauguration officielle en 1992. Il a notamment fait déplacer des obstacles d’eau et matérialisé quelques greens… à sa manière d’artiste ! «Pour le par 3 du trou numéro 11, il a imaginé un départ. Il a posé ses balles. Et il a tapé des coups pour matérialiser un green sur le vallon en face. J’ai eu la chance de jouer pas mal de parcours qu’il a construit et c’est un des meilleurs qu’il ait fait.»
Jérôme Lauredi laisse un parcours reconnu dans le monde du golf hexagonal et même au-delà, notamment depuis la création du Hopps Open de Provence comptant pour le Challenge Tour en 2018. «Entre la dernière édition du Masters 13 en 2014 et le premier Hopps Open de Provence, en 2018, on n’a pas organisé de grand événement, regrettait-il. C’est super que Sandra et Éric Paumier aient engagé Hopps dans cette belle aventure ces cinq dernières années.»
On a quand même été élu deux fois meilleur golf français aux WGA 2021 et 2022
Jérôme Lauredi
La famille du golf a beaucoup compté pour cet homme généreux qui a pu aussi compter tout au long de sa carrière sur l’appui de sa femme Christine et leurs deux enfants maintenant adultes. «Au golf de Pont-Royal, nous sommes une petite équipe d’une vingtaine de personnes, dont 9 sur le terrain pour 27 trous (18 du Seve, 6 de la Durance et 3 trous écoles) et 5 aux deux club-house. On a quand même été élu deux fois meilleur golf français au World Golf Awards 2021 et 2022. C’est une belle satisfaction ! Quant à ma « vraie » famille, ma femme Christine travaille principalement de la maison et elle sera à la retraite dans quelques années. Elle m’a suivi dans toutes mes aventures en France avec ma fille de maintenant 35 ans et mon fils de 27 ans. Quand on est arrivés à Pont-Royal, au bout de quelques années, je lui ai proposé de repartir parce que j’ai la bougeotte et j’avais quelques sollicitations. Mais elle trouvait qu’on était bien ici et comme j’hésitais, on est resté. C’est très bien comme ça !»
Pro-am familial avec Pierre Pinaud
Merci !
Je vais faire valoir mes droits à la retraite fin octobre, peu après la cinquième édition du Hopps Open de Provence qui sera certainement une nouvelle fois une réussite. Merci à Sandra Paumier qui a repris une partie de l’organisation du tournoi cette année. Merci à Éric Paumier de sponsoriser l’événement. Merci au conseil d’administration de m’avoir soutenu toutes ces années. Merci à Thibaut Sampoux d’avoir dirigé le tournoi depuis quelques saisons. Merci à ma famille aussi d’avoir fait preuve de patience. Je vais maintenant me reposer tranquillement dans un premier temps et certainement pas mal jouer au golf.»
Une dernière cérémonie au Hopps Open de Provence 2023, avec Thibaut Sampoux