Une équipe de production américano-canadienne vient de se constituer pour réaliser le film retraçant la vie du plus grand golfeur inconnu de tous les temps : Moe Norman, « le Rain Man du golf ». Début du tournage prévu pour l’été 2022.
Les fans de Moe Norman n’y croyaient plus : le tournage d’un biopic sur le légendaire champion canadien atteint d’autisme est enfin sur les rails. Après 20 ans de recherches et de demandes d’autorisations diverses avec les ayants-droits, le producteur David Carver est parvenu à constituer son équipe pour achever son projet. En novembre dernier, il s’est adjoint le concours financier de la légende du hockey sur glace, Wayne Gretzky. Avec son épouse et ancienne actrice Janet Jones, ce dernier devient co-producteur du film.
La tâche la plus difficile : trouver LE comédien
Très bon golfeur, le multiple vainqueur de la Stanley Cup a évoqué l’amitié qu’entretenait son père avec Moe. Autre lien avec le milieu, plus connu celui-là : il est le papa de la chanteuse et influenceuse Paulina Gretzky, épouse de Dustin Johnson. Gageons que le projet repose sur des assises financières solides…
Passé cet écueil majeur, le producteur doit désormais trouver un bon réalisateur et surtout un acteur capable d’incarner au mieux la personnalité et le swing atypiques de « l’autre Norman ». Après la formidable prestation de Dustin Hoffman dans Rain Man, film qui fut une véritable révélation pour l’entourage de Moe quant à son comportement singulier, quelle star serait capable de relever un tel défi ?
Il va falloir à l’heureux élu une sacrée dose d’entraînement pour ressembler à cette figure mythique du golf dont on ne sait finalement pas grand chose. Moe est pourtant parvenu à l’un des accomplissements majeurs de tout grand golfeur : inventer un swing. « Seuls deux champions ont véritablement créé leur propre swing : Ben Hogan et Moe Norman. J’aimerais être le troisième« , déclarait un jour Tiger Woods.
Pourquoi ce champion n’a-t-il pas atteint la notoriété qu’il mérite ?
Né en 1929 dans une famille très pauvre de l’Ontario, Murray Irwin Norman était atteint d’autisme, même s’il n’a jamais été diagnostiqué en tant que tel. Solitaire et timide, il n’a pris aucune leçon. A force d’entraînement, réfléchissant de manière empirique, il a développé dès son plus jeune âge un swing très personnel qui, à la fin de sa vie (il meurt en 2004 à 75 ans) suscitait la curiosité de tous.
Surnommé « Pipeline Moe » pour son extrême régularité à envoyer les balles rectilignes, ce buveur de Coca invétéré (en exhibition, il utilisait les bouteilles en guise de tee) n’a presque jamais eu l’occasion de défendre ses chances au plus haut niveau.
Les ennuis commencent quand les instances de son pays l’accusent de professionnalisme déguisé. Pauvre et sans domicile fixe, il revend en effet les prix de consommation courante qu’il gagne en tournois. Pour éviter les doublons, il choisit parfois de terminer à une autre place que la première en fonction du lot correspondant !
Une entrée sur le PGA Tour mal vécue
Moe n’est absolument pas préparé à la vie de professionnel. Titré meilleur amateur du Canada en 1956 et 1957, il participe au Masters mais l’expérience est éprouvante. Facétieux et ne supportant pas le jeu lent, il s’allonge sur les fairways pour attendre, putte alors que son partenaire marque sa balle, drive au tee 1 avant même que le speaker officiel n’ait fini de le présenter…
Mal fagoté, affligé d’une dentition parcellaire, doté d’une voix perchée et au débit rapide, répétant souvent ses phrases, il fait irruption en 1959 dans le microcosme apprêté du PGA Tour. Critiqué, moqué voire même ostracisé, Moe retourne chez lui, ne souhaitant plus y remettre les pieds. Il finit par participer au circuit satellite du Canada où il excelle malgré un putting erratique.
Après des années galères, enfin la reconnaissance
Après sa carrière, il tombe dans l’oubli. S’ensuivent 15 années de vaches encore plus maigres, de piteuses exhibitions en petits tournois seniors, errant de parcours en parcours à bord de sa voiture qui lui sert de chambre et de vestiaire. Quand il en est démuni, il fait du stop et dort dans les bunkers…
Seul sur la sable, les yeux dans le pot, ce clochard céleste finit par trouver en 1995 un bienfaiteur, en la personne de Wally Uihlein, P.-D.G. de Titleist. Fasciné par l’homme, il lui octroie un salaire mensuel de 5 000 $ pour services rendus à son sport et être tout simplement lui, Moe Norman. Et aujourd’hui, le futur héros d’un film que l’on espère à la hauteur de sa légende.