Nous naissons tous avec des capacités naturelles. Au fil de l’eau, nous en développons certaines au détriment d’autres, et pas toujours pour de bonnes raisons. On finit ainsi par se « perdre de vue », se penser dénués de talents et se détourner de nos objectifs. Nous ne savons plus alors qui nous sommes réellement, quels sont nos besoins et nos ressources, car nous n’avons pas trouvé « notre élément ». Retrouvons la source vive qui coule en nous.
Le 3e trou de l’Albatros doit son nom au Mérantais, le ruisseau qui jouxte ce long et difficile par 5. C’est le moment de se rappeler avec Bruce Lee, qu’il vaut mieux être “fluide comme l’eau” que fort comme un roc pour parcourir la distance du tee au green. Mais l’essentiel est que vous trouviez votre “ élément”, celui dans lequel vous vous sentez “comme un poisson dans l’eau ”.
LE BON ÉLÉMENT DE COMPARAISON
Champion senior et coach d’espoirs, Thomas Levet est un joueur très naturel qui connaît parfaitement les vertus du travail, du benchmarking et de la préparation mentale. En usant d’images très parlantes, celui qui est également commentateur sur Golf + nous apprend comment repousser nos limites, notamment en trouvant le bon modèle à dépasser – car avec un cap et de la détermination tout est possible :
« Quand je m’adresse aux jeunes, je leur apprends avant tout à construire le joueur qu’ils veulent être. Dans le projet de coaching, c’est toujours le joueur qui doit être en haut de la pyramide. C’est lui qui doit choisir quelle entreprise il veut construire, qui il veut devenir. Ensuite vient la question du comment y parvenir. Le rôle du coach est de fournir aux joueurs les armes dont il a besoin pour parvenir à atteindre son rêve, mais c’est à lui de choisir le projet et les ingrédients, à lui de définir l’entreprise qu’il veut être, puis de se comparer à la concurrence. À partir de là, le joueur commence à s’interroger et à chercher lui-même des réponses : c’est le plus important. Par exemple, Charles Larcelet [dont Thomas s’occupe] va remarquer que Rory n’hésite sur aucun de ses coups, quand lui hésite la moitié du temps. Sur ce point, il y a peut-être aussi un travail mental à faire. »
SE REGARDER DANS LA GLACE
Ces éléments de comparaison servent de bases de réflexion et de programme de travail. Ils sont extrêmement précieux, car au plus haut niveau, la différence entre le premier et le deuxième se joue à d’infimes détails, des petits riens qui font perdre, des petits plus qui font gagner beaucoup.
C’est ce que Thomas appelle se regarder dans la glace : « Si je vous dis que je mesure deux mètres et que j’ai des cheveux, ça ne va pas le faire ! Il faut être objectif : qu’est-ce que je peux faire avec ce que j’ai ? Il y a toujours de nombreux moyens pour parvenir à ses fins, et pas toujours sur le terrain. La récupération est un domaine très facile à travailler : ne pas boire, ne pas fumer, mieux dormir. Ce sont des petits trucs simples qui peuvent te permettre de t’améliorer et de rivaliser avec d’autres joueurs, sans utiliser les mêmes armes qu’eux. »
On a l’impression que le n° 1 mondial ne rate aucun coup, or c’est faux !
Thomas Levet
FAUSSE IMPRESSION
Parfois, le problème ne relève pas de la préparation, de la récupération ni de l’organisation, mais d’une difficulté plus psychologique, d’un biais cognitif qui, pour diverses raisons, déforme notre perception de la réalité…
« On a l’impression que le n° 1 mondial ne rate aucun coup, explique Thomas, or c’est faux ! Il rate, lui aussi, beaucoup de coups, qu’on ne montre pas forcément à la télévision ! Il faut vraiment relativiser. La transmission du savoir, c’est dire aux jeunes que tout est possible. Que tu peux très mal jouer tes trois premiers trous et faire birdie sur les quinze suivants ! Je dis toujours aux gamins que si, moi, j’ai réussi, ils le peuvent tout autant. Ils disposent même de plus de moyens pour y parvenir : plus de technologie, plus d’aides dans le monde entier, plus de références. Ils peuvent plonger dans un vivier de possibilités plus large et plus intéressant. »
TRAVAILLER SES POINTS FORTS
Technique, physique, mental, stratégie : tous les facteurs de performance sont importants. « Pour réussir au plus haut niveau, il faut qu’au moins l’un de tes points forts soit très, très, très au-dessus du lot, et que les deux autres soient au moins dans la moyenne», estime Thomas Levet.
Ce point fort doit devenir totalement automatique, vous devez pouvoir vous appuyer dessus de façon totalement fluide, simple, comme une évidence, sans frottement ni parasite. Sous pression ou non, Dustin Johnson balance ses drives en fade à la perfection, en confiance, sans plus se poser de question. Ça se prépare sur les tapis de practice, sur les parcours, en compétition, et entre les deux oreilles. Les meilleurs sont toujours très forts mentalement.
AUTREMENT DIT
Comparaison n’est pas raison, mais on ne peut progresser sans lucidité, sans prise de conscience et sans effort. Quels sont objectivement vos forces, vos faiblesses ?
Le fait d’identifier qui vous êtes vraiment, à l’aide d’un miroir symbolique ou humain, vous aidera à être bienveillant et lucide vis-à-vis de vous.
Mais attention aux miroirs déformants, aux biais cognitifs qui peuvent perturber votre perception de la réalité, comme le redoutable « biais de confirmation » qui vous fait percevoir uniquement ce que vous voulez voir pour satisfaire votre « besoin de cohérence ».
Il est toujours pertinent de prendre un modèle qui vous ressemble au plus près, avec lequel se comparer, se challenger. En entreprise, on pratique cet exercice grâce au benchmarking et avec la classique matrice SWOT (Forces, Faiblesses, Opportunités, Menaces) chère au marketing : « Par rapport à ce concurrent, qu’ai-je en plus ? Qu’est qui me manque ? Puis-je réellement me comparer à lui ? Comment pourrais-je faire mieux ou autrement ? »
Les champions ont cette capacité de s’auto-évaluer pour s’ajuster et agir de façon optimale, sans pour autant être déstabilisés grâce à leur connaissance supérieure de leurs forces et faiblesses. Ils ont cette capacité de se piloter en mettant à l’instant T la grand-voile de leurs points forts.
Cela demande un peu d’attention au quotidien sur ses ressentis, ses pensées, ses émotions, son tableau de bord personnel, sa maîtrise des universels de la préparation mentale : Relaxation, Suggestion, Concentration, Activation, Feed-back qui offrent de nombreux outils opérationnels.
On gagne toujours à s’appuyer sur ses forces, son “élément”, ses préférences naturelles. Renforcez ce qui marche pour vous tant sur le plan technique que mental.
À SUIVRE
Si vous voulez en savoir plus, vous trouverez « L’Albatros, parcours de vie »*, chez votre libraire ou sur les plateformes de commerce en ligne.
Si vous ne parvenez pas à mettre en pratique les conseils que je vous fournis ici, selon votre problématique, dans le cadre d’un accompagnement personnalisé, quel que soit votre niveau (du débutant au pro), j’ai de nombreux exercices spécifiques à vous proposer pour, tel un « ostéo du cerveau », débloquer en douceur ce qui coince mentalement : jcbuchot@albatros-coaching.fr
Précédemment
Votre progression dépend de votre approche stratégique et psychologique sur le parcours, c’est pourquoi nous vous invitons à considérer chaque parcours de golf comme un voyage initiatique. Et ce voyage, nous vous proposons de le faire sur le parcours mythique du Golf national, l’Albatros :
Épisode 1 : EN AVANT – Prendre son élan
Épisode 2 : L’APPONTAGE – Trouver sa mission
* L’Albatros, parcours de vie, aux éditions Amphora par JCh Buchot, coach en stratégie et préparation mentale, avec le soutien de la ffgolf. Plus d’infos sur : albatros-coaching.fr